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Nikola Portner ne veut pas rester neutre !

Euro

lundi 8 janvier 2024 - © Yves Michel

 6 min 53 de lecture

Qui de mieux placé que l’ancien gardien de Montpellier et Chambéry pour apporter son expertise à l’aune du coup d’envoi de l’Euro ce mercredi en Allemagne ? A 30 ans, Nikola Portner est une référence dans le handball international. Au point que la parole du Suisse est toujours intéressante sur tous les sujets qui alimentent l’actu du handball.

Avec l’Allemagne, la France et la Macédoine du nord, le groupe A ne pouvait pas mieux convenir à Nikola Portner. Le gardien suisse évolue depuis la saison dernière à Magdebourg en Bundesliga, il aurait pu porter le maillot tricolore parce que né à Lyon en 1993, il a aussi joué en Starligue, à Montpellier et Chambéry et ses racines de par notamment son père Zlatko sont ancrées dans les Balkans. Quatre ans après celui en Suède, le portier de la ‘’Nati’’ va disputer son 2ème Euro. La Suisse affrontera la Mannschaft (ce mercredi), les Bleus (dimanche) et la Macédoine du nord (mardi prochain). 

Où en est la ‘’Nati’’ ? 
Même si l’opposition à l’Euro est bien plus forte, on est satisfait d’avoir remporté tous nos matches de prépa. On a fait des écarts, ça ne peut que booster la confiance. Les rotations ont pu se faire, chacun s’est senti utile.

Pendant cette prépa, on a pu apprécier les qualités d'un jeune meneur, Manuel Zehnder…
C’est avant tout un joueur qui a besoin de se sentir dans son élément. Il faut être assez bienveillant autour de lui. L’année passée, lorsqu’il évoluait à Erlangen en Bundesliga, son coach ne lui a fait aucun cadeau. A la moindre erreur, il le sortait du terrain. Il a eu du mal à assimiler. Cette saison à Eisenach, il est tout seul à son poste, il fait ce qu’il veut, ça se passe très bien et ses stats sont hallucinantes (actuellement meilleur buteur de Bundesliga avec 148 réalisations). 

Peut-on résumer le groupe A par : il y a la Macédoine et la Suisse face à deux géants ? 
Je suis d’accord ! La France et l’Allemagne sont deux nations du handball. La Macédoine l’est aussi mais ses résultats sont moins bons. De par mes origines des Balkans, je connais bien la mentalité des Macédoniens. Ils ont des attentes de ’malades’’. Ils vont jouer la poule mais ils savent que s’ils ne vont pas plus loin, cela sera vécu comme un drame. Les médias et leurs supporters peuvent être impitoyables. 

La Suisse est confrontée d’entrée à l’Allemagne dans un stade de foot aménagé avec 53 000 spectateurs…
Honnêtement, j’essaie de ne pas trop réfléchir au contexte car ce n’est ni plus ni moins qu’un coup de marketing. Bon, je peux respecter l’idée, cela attire encore un peu plus l’œil des médias, même ceux extérieurs au hand mais cela ne va pas plus loin que cet éclairage particulier. 

Comme Andy Schmid, as-tu des critiques à formuler ? 
Bien-sûr et je vais dans son sens. Sur le plan sportif, joueurs allemands en tête, tout le monde aurait été plus content d’évoluer à Berlin dans une salle ‘’de 15 à 20 000’’ et qui est plus adaptée au hand. A Düsseldorf, on ne sait pas trop comment va réagir le public. C’est sûr, on va sentir sa présence mais j’ai peur que tout soit noyé dans le contexte. 

C’est ta 2ème saison en Allemagne, c’est le pays rêvé pour organiser une compétition…
Tu ne peux pas trouver mieux ailleurs dans le monde. Le sport est intégré dans le quotidien de tous. J’ai par exemple des voisins qui consacrent leur dimanche au sport. Ils le regardent à la télé, ils vont dans les salles et il y a une vraie communion. Quand une compét’ est organisée ici, tu sais que tous les stades vont être bien remplis. Et peu importe qui joue. 

Quelques mots sur la ‘’Mannschaft’’ ? 
Ce qui est sûr, c’est que partout où elle va passer, elle sera attendue et aura la pression. Pour ne penser qu’à nous, j’aimerai qu’on ait cet esprit de gamins qui dévorent ce qui leur est proposé. Comme ce qui s’était passé en 2021 en Egypte où on est arrivé à la dernière minute. Il faudra prendre du plaisir. A partir de là, quand tu es bien dans ta tête, les résultats suivent. 

De là battre les Allemands, il y a quand même un fossé…
Il faut qu’on soit libres dans nos têtes et que surtout, on profite de ces moments si spéciaux qu’on va vivre. Pour un pays aussi petit que le nôtre et ses 22 000 licenciés, c’est l’évènement à ne pas rater. Au niveau mental, les Allemands sont un peu plus dans de dur, ils savent qu’on peut les titiller comme nous l’avions fait face à la France il y a trois ans. 

La France… que tu aurais pu intégrer… (Nikola est né à Lyon)
C’est mon 2ème pays. Par rapport au hand, c’est même un niveau au-dessus de l’Allemagne. 

Tu penses qu’intrinsèquement, les Français sont meilleurs que les Allemands ? 
Ah, oui… Pour moi, il n’y a aucun doute sur la question. Je pense même que la France n’aura pas à faire un match extraordinaire pour battre les Allemands. Même s’il reste encore beaucoup de joueurs de 2021, la dynamique chez les Français a changé. Le coach venait de prendre l’équipe, ils se cherchaient un peu et nous qui étions dans un rêve, en avons profité (au Mondial égyptien, la Suisse avait gêné les Bleus et s'était inclinée 24-25). La beauté du sport, c’est de pouvoir faire douter les meilleurs. Cela ne les a pas empêchés d’être champions olympiques six mois plus tard. 

Parmi les Bleus, il y a Samir Bellahcène qui a réussi à percer en Bundesliga. 
Sans mentir, il y a une certaine émotion à évoquer son parcours. Lorsqu’on a joué l’un contre l’autre fin septembre (Magdebourg-Kiel), je me suis dit que ce qu’il vit est vraiment incroyable. Et dire que quelques années plus tôt, on s’était croisé à Montpellier, on était encore des gamins (sourires), dans la même chambre pendant la prépa et là on se retrouve face à face dans un des matches les plus prisés de la saison ! Je suis vraiment fier de lui parce que je sais qu’il en a ‘’chié’’ pour en arriver là. Je dis souvent qu’on n’a que ce qu’on mérite et pour Samir, je dis que c’est normal. Il est totalement à sa place. 

Au moins pour le match face à l’Allemagne, Samir doit-il être dans les 16 ? 
Connaître parfaitement tes adversaires parce que tu les pratiques toutes les semaines, ça peut être un avantage. Plus psychologique. Guillaume Gille va devoir analyser tout cela car les Allemands vont s’attendre à voir Samir. Je me rappelle de la demie mondiale en 2017 où Dinart avait fait débuter Gérard plutôt qu’Omeyer. Cela avait carrément perturbé les Slovènes qui pensaient retrouver ‘’Titi’’. Il n’y a pas de règles mais cela peut jouer en faveur des Bleus. 

La question à part : Nikola Karabatic est suisse et la ‘’Nati’’ joue les 1ers rôles. Faut-il le sélectionner malgré son âge ? 
Oui, sans aucune hésitation ! Pour ma part, j’ai côtoyé des joueurs qui sportivement, n’étaient plus au top de leurs performances mais tout simplement, leur énergie dans un vestiaire et dans la vie du groupe va faire que tu te sens porté. Quand tu sais tout ce qu’a vécu Niko, même s’il doit rester sur le banc, sa présence est importante. On peut se poser la même question pour le Danemark et Mikkel Hansen. J’ai vécu ça aussi à Montpellier avec Michael Guigou. Ça parait bizarre peut-être vu de l’extérieur mais ce ressenti est réel. 



Les Français sont arrivés dimanche à Düsseldorf et ils ont pu s'imprégner de l'ambiance qui entoure la compétition. Ils ont notamment pris leurs repères ce lundi, dans la Merkur Spiel-Arena, cette aire de jeu aménagée dans le stade de football de l'équipe locale aux capacités démesurées (53 000 spectateurs voire même plus, sont attendus). L'espace va acueillir ce mercredi, les deux matches inauguraux de cet Euro 2024 (France-Macédoine du nord à 18h et Allemagne-Suisse à 20h45). Comme prévu, les Bleus ont été rejoints par Benoit Kounkoud, appelé en renfort pour palier l'éventuelle absence en début de tournoi de Yanis Lenne. 

Nikola Portner ne veut pas rester neutre ! 

Euro

lundi 8 janvier 2024 - © Yves Michel

 6 min 53 de lecture

Qui de mieux placé que l’ancien gardien de Montpellier et Chambéry pour apporter son expertise à l’aune du coup d’envoi de l’Euro ce mercredi en Allemagne ? A 30 ans, Nikola Portner est une référence dans le handball international. Au point que la parole du Suisse est toujours intéressante sur tous les sujets qui alimentent l’actu du handball.

Avec l’Allemagne, la France et la Macédoine du nord, le groupe A ne pouvait pas mieux convenir à Nikola Portner. Le gardien suisse évolue depuis la saison dernière à Magdebourg en Bundesliga, il aurait pu porter le maillot tricolore parce que né à Lyon en 1993, il a aussi joué en Starligue, à Montpellier et Chambéry et ses racines de par notamment son père Zlatko sont ancrées dans les Balkans. Quatre ans après celui en Suède, le portier de la ‘’Nati’’ va disputer son 2ème Euro. La Suisse affrontera la Mannschaft (ce mercredi), les Bleus (dimanche) et la Macédoine du nord (mardi prochain). 

Où en est la ‘’Nati’’ ? 
Même si l’opposition à l’Euro est bien plus forte, on est satisfait d’avoir remporté tous nos matches de prépa. On a fait des écarts, ça ne peut que booster la confiance. Les rotations ont pu se faire, chacun s’est senti utile.

Pendant cette prépa, on a pu apprécier les qualités d'un jeune meneur, Manuel Zehnder…
C’est avant tout un joueur qui a besoin de se sentir dans son élément. Il faut être assez bienveillant autour de lui. L’année passée, lorsqu’il évoluait à Erlangen en Bundesliga, son coach ne lui a fait aucun cadeau. A la moindre erreur, il le sortait du terrain. Il a eu du mal à assimiler. Cette saison à Eisenach, il est tout seul à son poste, il fait ce qu’il veut, ça se passe très bien et ses stats sont hallucinantes (actuellement meilleur buteur de Bundesliga avec 148 réalisations). 

Peut-on résumer le groupe A par : il y a la Macédoine et la Suisse face à deux géants ? 
Je suis d’accord ! La France et l’Allemagne sont deux nations du handball. La Macédoine l’est aussi mais ses résultats sont moins bons. De par mes origines des Balkans, je connais bien la mentalité des Macédoniens. Ils ont des attentes de ’malades’’. Ils vont jouer la poule mais ils savent que s’ils ne vont pas plus loin, cela sera vécu comme un drame. Les médias et leurs supporters peuvent être impitoyables. 

La Suisse est confrontée d’entrée à l’Allemagne dans un stade de foot aménagé avec 53 000 spectateurs…
Honnêtement, j’essaie de ne pas trop réfléchir au contexte car ce n’est ni plus ni moins qu’un coup de marketing. Bon, je peux respecter l’idée, cela attire encore un peu plus l’œil des médias, même ceux extérieurs au hand mais cela ne va pas plus loin que cet éclairage particulier. 

Comme Andy Schmid, as-tu des critiques à formuler ? 
Bien-sûr et je vais dans son sens. Sur le plan sportif, joueurs allemands en tête, tout le monde aurait été plus content d’évoluer à Berlin dans une salle ‘’de 15 à 20 000’’ et qui est plus adaptée au hand. A Düsseldorf, on ne sait pas trop comment va réagir le public. C’est sûr, on va sentir sa présence mais j’ai peur que tout soit noyé dans le contexte. 

C’est ta 2ème saison en Allemagne, c’est le pays rêvé pour organiser une compétition…
Tu ne peux pas trouver mieux ailleurs dans le monde. Le sport est intégré dans le quotidien de tous. J’ai par exemple des voisins qui consacrent leur dimanche au sport. Ils le regardent à la télé, ils vont dans les salles et il y a une vraie communion. Quand une compét’ est organisée ici, tu sais que tous les stades vont être bien remplis. Et peu importe qui joue. 

Quelques mots sur la ‘’Mannschaft’’ ? 
Ce qui est sûr, c’est que partout où elle va passer, elle sera attendue et aura la pression. Pour ne penser qu’à nous, j’aimerai qu’on ait cet esprit de gamins qui dévorent ce qui leur est proposé. Comme ce qui s’était passé en 2021 en Egypte où on est arrivé à la dernière minute. Il faudra prendre du plaisir. A partir de là, quand tu es bien dans ta tête, les résultats suivent. 

De là battre les Allemands, il y a quand même un fossé…
Il faut qu’on soit libres dans nos têtes et que surtout, on profite de ces moments si spéciaux qu’on va vivre. Pour un pays aussi petit que le nôtre et ses 22 000 licenciés, c’est l’évènement à ne pas rater. Au niveau mental, les Allemands sont un peu plus dans de dur, ils savent qu’on peut les titiller comme nous l’avions fait face à la France il y a trois ans. 

La France… que tu aurais pu intégrer… (Nikola est né à Lyon)
C’est mon 2ème pays. Par rapport au hand, c’est même un niveau au-dessus de l’Allemagne. 

Tu penses qu’intrinsèquement, les Français sont meilleurs que les Allemands ? 
Ah, oui… Pour moi, il n’y a aucun doute sur la question. Je pense même que la France n’aura pas à faire un match extraordinaire pour battre les Allemands. Même s’il reste encore beaucoup de joueurs de 2021, la dynamique chez les Français a changé. Le coach venait de prendre l’équipe, ils se cherchaient un peu et nous qui étions dans un rêve, en avons profité (au Mondial égyptien, la Suisse avait gêné les Bleus et s'était inclinée 24-25). La beauté du sport, c’est de pouvoir faire douter les meilleurs. Cela ne les a pas empêchés d’être champions olympiques six mois plus tard. 

Parmi les Bleus, il y a Samir Bellahcène qui a réussi à percer en Bundesliga. 
Sans mentir, il y a une certaine émotion à évoquer son parcours. Lorsqu’on a joué l’un contre l’autre fin septembre (Magdebourg-Kiel), je me suis dit que ce qu’il vit est vraiment incroyable. Et dire que quelques années plus tôt, on s’était croisé à Montpellier, on était encore des gamins (sourires), dans la même chambre pendant la prépa et là on se retrouve face à face dans un des matches les plus prisés de la saison ! Je suis vraiment fier de lui parce que je sais qu’il en a ‘’chié’’ pour en arriver là. Je dis souvent qu’on n’a que ce qu’on mérite et pour Samir, je dis que c’est normal. Il est totalement à sa place. 

Au moins pour le match face à l’Allemagne, Samir doit-il être dans les 16 ? 
Connaître parfaitement tes adversaires parce que tu les pratiques toutes les semaines, ça peut être un avantage. Plus psychologique. Guillaume Gille va devoir analyser tout cela car les Allemands vont s’attendre à voir Samir. Je me rappelle de la demie mondiale en 2017 où Dinart avait fait débuter Gérard plutôt qu’Omeyer. Cela avait carrément perturbé les Slovènes qui pensaient retrouver ‘’Titi’’. Il n’y a pas de règles mais cela peut jouer en faveur des Bleus. 

La question à part : Nikola Karabatic est suisse et la ‘’Nati’’ joue les 1ers rôles. Faut-il le sélectionner malgré son âge ? 
Oui, sans aucune hésitation ! Pour ma part, j’ai côtoyé des joueurs qui sportivement, n’étaient plus au top de leurs performances mais tout simplement, leur énergie dans un vestiaire et dans la vie du groupe va faire que tu te sens porté. Quand tu sais tout ce qu’a vécu Niko, même s’il doit rester sur le banc, sa présence est importante. On peut se poser la même question pour le Danemark et Mikkel Hansen. J’ai vécu ça aussi à Montpellier avec Michael Guigou. Ça parait bizarre peut-être vu de l’extérieur mais ce ressenti est réel. 



Les Français sont arrivés dimanche à Düsseldorf et ils ont pu s'imprégner de l'ambiance qui entoure la compétition. Ils ont notamment pris leurs repères ce lundi, dans la Merkur Spiel-Arena, cette aire de jeu aménagée dans le stade de football de l'équipe locale aux capacités démesurées (53 000 spectateurs voire même plus, sont attendus). L'espace va acueillir ce mercredi, les deux matches inauguraux de cet Euro 2024 (France-Macédoine du nord à 18h et Allemagne-Suisse à 20h45). Comme prévu, les Bleus ont été rejoints par Benoit Kounkoud, appelé en renfort pour palier l'éventuelle absence en début de tournoi de Yanis Lenne. 

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