Le rideau est tombé sur le championnat d'Europe féminin juniors,
l'heure des bilans a sonné. Dans le camp français, la constance de la
demi-centre de Besançon Alizée Frécon, meilleure buteuse des Bleuettes au Danemark,
constitue un grand motif de satisfaction.
L'excédent de bagages
est minime. Les -19 ans françaises sont rentrées au pays, ce lundi
après-midi, nanties d'une septième place conforme au contrat initial. Ni
plus, ni moins. « Le staff nous a dit qu'on était à notre place, confie
Alizée Frécon. On aurait aimé finir plus haut qu'il y a deux ans,
lorsqu'on avait été cinquièmes de l'Euro jeunes. On a fait deux gros
matches contre la Russie et la Norvège, mais on a manqué de constance
derrière. Après la Norvège (26-28, au tour principal), on a été absentes
contre les Pays-Bas (défaite 30-27 en préclassement). Individuellement
et collectivement, on a avancé. Mais tant qu'on n'arrivera pas à être
constantes, qu'on manquera de concentration, on ne pourra pas espérer
mieux. » Avec un soupçon d'application en plus, moins de pertes de
balle (105 sur l'ensemble de la compétition, deux de moins que les recordwomen hollandaises), les
Bleuettes auraient peut-être placé l'une des leurs dans l'équipe-type de
l'Euro. tout du moins, se seraient fait moins discrètes dans
les bilans chiffrés. Seule Catherine Gabriel arrive en tête d'un
classement annexe, celui des penaltys arrêtes : la gardienne de Besançon
a remporté 6 face-à-face (sur 15) en 7 matches.
Dans la hiérarchie des
marqueuses, il faut descendre jusqu'à la vingt-sixième position pour
trouver, enfin, l'abréviation « FRA ». Loin des 50 réalisations de la
Portugaise Monica Soares, Alizée Frécon en compte à peine plus de la
moitié (27). Toutefois, si l'on prend pour critère le rapport
buts/tentatives, le talent bisontin détient le cinquième meilleur ratio
du Top 40 proposé par l'EHF. 68 %, 27 sur 40, bien au-dessus de la
moyenne générale de la formation d'Eric Baradat (54 %). Voir
la sœur cadette de Romane, ailière gauche au Havre, à un tel degré de
performance n'a rien d'étonnant. Ces deux derniers étés, chez les
jeunes, elle avait déjà commis quelques coups d'éclat (9/14 dans un
France – Pays-Bas de l'Euro 2011). Au Danemark, alors que Kalidiatou
Niakaté est apparue intermittente sur la base arrière, que Mélissa
Agathe a été surtout utilisée comme joueuse d'appoint, la meneuse de jeu
de 19 ans s'est emparée, avec entrain, des commandes de l'attaque
française. Remisant, dans l'intérêt supérieur de la nation, ses
compétences à l'aile gauche. « Le coach m'avait dit que je devais
tourner aux deux postes, raconte-t-elle. Finalement, j'ai plus évolué en
demi-centre. » Un rôle proche de celui tenu « presque toute la saison »
à l'ESBF, mais que la numéro 7 tricolore n'imagine pas endosser en
permanence. « Vu mon gabarit (1,63 m pour 55 kg), je ne resterai pas
tout le temps à ce poste. Sur des défenses du type Norvège, des 0-6 très
resserrées », la liberté d'expression lui paraît restreinte.

Quoi
qu'il en soit, l'explosivité, le goût du risque, la faculté à perforer
une défense affichés à Sonderborg puis à Kolding s'inscrivent dans la
continuité du travail fourni à Besançon. Au Pôle espoirs dont elle est
issue, comme dans son club formateur. « Je ne suis pas étonné, observe
le nouvel entraîneur de l'ESBF, Camille Comte. Elle était déjà
performante la saison dernière, où elle a eu pas mal de temps de jeu. Ca
lui a servi. C'est une fille explosive, qui ne se pose pas de
questions, qui a une culture handballistique assez avancée. » Alizée
Frécon surfera-t-elle sur cette vague estivale, reviendra-t-elle en LFH
(Metz – Besançon en ouverture, le 8 septembre) dotée de responsabilités
accrues ? Le technicien doubien n'a rien contre. Ce vent de fraîcheur
venu de l'Est n'est pas près de retomber. Son souffle sera aussi
nécessaire au printemps prochain, afin de qualifier les Bleuettes pour
le Mondial croate.