Qui aurait crû en début de saison que Bourg-de-Péage pointerait fin avril au 3ème rang de la D2 Féminine ? A la lutte avec Noisy-le-Grand pour une place finale sur le podium derrière les intouchables Brest et Chambray, l'équipe Drômoise a franchi un palier cette saison sous les ordres de son nouveau mentor Camille Comte et elle affiche de belles promesses en vue de la saison prochaine.
Que de chemin parcouru depuis un maintien acquis la saison passée à l'arrachée à la toute dernière journée, que de batailles livrées depuis deux défaites inaugurales subies début septembre, voici donc Bourg-de-Péage, une équipe revenue en D2 en 2014 et prêt aujourd’hui à se mêler au trio de tête. Après un retour compliqué dans l’antichambre de l’élite, le club Drômois mise l’été dernier sur Camille Comte. Bien lui en a pris car l’ancien entraîneur Bisontin, champion de France de D2 avec l’ESBf l’an passé, réalise avec ses joueuses une première année plus que convaincante. Il utilise volontiers la métaphore botanique pour expliquer ce succès, lui qui comme le cultivateur plante en hiver pour récolter à la fin du printemps. Depuis fin octobre en effet, les bons résultats s’enchaînent et la confiance grandit chez les Péageoises : seulement deux défaites à déplorer sur les douze dernières rencontres… et un dernier succès marquant à Celles s/Belle samedi dernier. De quoi lancer l'exercice 2016/17 sur de bonnes bases. En attendant de tutoyer les sommets de la D2 et d'atteindre un jour le rêve de jouer en LFH, Camille Comte revient avec nous sur le joli parcours des jaunes et bleues de la Drôme cette saison.
Camille, que retiens-tu de la récente victoire acquise aux forceps à Celles ?
Celles nous a malmené sur le plan défensif… On avait beaucoup d’avance et les Celloises ont pris des risques défensifs qui ont fini par être payants sur la fin du match. Mais on avait une gardienne en réussite, Hélène Falcon nous a fait des arrêts déterminants à la fin… et on a contenu leur retour avec beaucoup de force mentale.
Ça permet de rester sur une dynamique avec seulement deux défaites sur les douze derniers matchs… Une dynamique à la Brestoise ?
C’est avant tout une dynamique à la Péageoise (rires). On ne fait que deux défaites contre les deux cadors… ça doit vouloir dire qu’on mérite notre 3ème place, un peu à la surprise générale. Ça n’était pas l’objectif fixé en début de saison… mais depuis notre défaite à Brest au match aller, on enchaîne les bons résultats. D’ailleurs, ce match-là avait été un fondateur… un type de prestation qu’on avait envie de réaliser cette saison. On avait fait le point après ce match et même à la trêve lorsqu’on s’était aperçu que l’on avait atteint l’objectif de maintien. Avec mes joueuses, on a échangé pour se fixer un nouveau cap… et je crois que les filles sont parties prenantes du projet… encore plus qu’au début de saison. Ca garantit le niveau d’investissement et le travail, cette dynamique… elle vient de là.

On imagine quand même que tu t’attendais à plus qu’un maintien ?
Non, je me voyais dans le ventre mou. Là où je me suis trompé, c’est dans la rapidité de progression de mon groupe. J’avais peut-être sous-estimé la capacité… non pas de progression mais d’y arriver aussi vite. Mon équipe gère beaucoup mieux les matchs qu’au début, la preuve encore avec ce déplacement difficile à Celles… qu’on arrive tout de même à gagner d’un but. Je pense aussi aux victoires à Noisy ou à Mérignac qui ont été acquises avec de la maîtrise.
Une confiance sans cesse accrue au sein de ton groupe ?
Ca confirme en tout cas qu’on a la capacité d’assumer aujourd’hui un haut de tableau… on a construit cette force collective, en passant des paliers semaine après semaine. Quand je constate notamment que l’équipe n’avait gagné qu’une fois à l’extérieur la saison passée, je me dis qu’on a vraiment progressé sur les abords du match… comment se déplacer, comment se comporter à l’extérieur. Beaucoup de paramètres qui font qu’on arrive à entretenir cette dynamique… des choses sont ancrées dans le fonctionnement de l’équipe.
Et les recrues sont à l’unisson… à l’image de Cindy Champion, Romane Frécon ou encore Hélène Falcon ?
Mes recrues sont de jeunes joueuses… qui ont goûté à la D1 sans pour autant en avaler un grand morceau. Il y en avait encore sous le pied. Il ne s’agissait pas forcément de les relancer mais de leur donner une opportunité de s’exprimer pleinement en jouant à fond en D2. Elles ont toutes réussi ce pari-là grâce à un temps de jeu plus conséquent. Des filles comme Hélène, Romane ou Cindy sont des joueuses confirmées de D2 maintenant.

Préserver la 3ème place… malgré un Noisy menaçant, c’est faisable ?
C’est évidemment faisable… parce que tout se jouera à la dernière journée. Ça risque d’être une finale de podium chez nous. Ce serait en tout cas l’aboutissement de tout ce qu’on a fait auparavant. Et ça permet de garder l’équipe en éveil dans le sens où les objectifs sportifs ne représentent pas un intérêt déterminant en cette fin de saison.
Prochain match face à Pole Sud 38… c’est une victoire attendue à domicile ?
Ça peut être parfois dangereux de jouer des équipes mal classées en fin de saison. Mais cette saison sans descente à priori, on peut espérer que certaines équipes soient moins motivées que d’habitude. Ce ne sera pas une promenade de santé parce que ce sont des équipes valeureuses… Pole Sud, c’est un derby forcément intéressant à jouer face à notre public.
Camille Comte : "je suis plus un jardinier... qu'un antiquaire"
Justement, motiver les joueuses actuellement… ça n’est pas trop compliqué ?
C’est de notre ressort, nous entraîneurs. Vu que les choses sont claires tant au niveau du VAP que du maintien, on ne peut pas jouer sur des ressorts traditionnels comme l’accession ou la relégation. Donc il faut en trouver d’autres… mais on réussit à le faire pour garder notre dynamique.

Vous regrettez le fait de ne pas avoir pris le statut VAP en début de saison ?
Je crois d’abord qu’il y a des étapes à franchir avant d’accéder en première division. Cette année, nous n’étions pas en mesure de répondre structurellement au cahier des charges. Aucun regret par rapport à ça… vu qu’on est en train de construire ce palier pour la saison prochaine. Notre saison sportive sera de toute façon très réussie… en plus, en coulisses, on a fait beaucoup avancer la structure. Je n’oublie pas que l’équipe s’est sauvée lors de la dernière journée la saison dernière… et qui montait de N1. Prendre le temps de construire, c’est la suite logique des choses.
D’autant qu’il y a du potentiel à Bourg-de-Péage… en terme de public, de budget et d’infrastructures ?
Oui, je suis arrivé dans le club cette année… Il n’y a pas tant de clubs que ça dans le handball féminin qui ont cette capacité d’évolution. On le sent au travers du soutien des collectivités qui sont vraiment derrière nous pour faire rayonner Bourg-de-Péage et sa région. Il y a un engouement populaire, politique et une équipe dirigeante composée de chefs d’entreprise. Bref, je suis tombé dans un club où je prends beaucoup de plaisir à travailler au quotidien.

Ça veut dire que tu t’inscris à long terme en terre Drômoise ?
Quand j’étais arrivé au club, j’avais dit que j’étais plus un entraîneur jardinier qu’un entraîneur antiquaire. J’ai plutôt envie de semer et de faire avancer les choses… plutôt que de restaurer les meubles. On a des modèles et des choses à créer dans le hand féminin… il faut inventer des choses, je m’inscris forcément dans la durée de part ma nature d’entraîneur.
La LFH ne te manque pas trop, alors ?
Certes, c’est plus sympa de coacher en LFH qu’en D2… C’est sûr que ça a plus de saveur. Mais je ne suis pas forcément attiré par les paillettes du très haut niveau… Plutôt prendre du plaisir à faire avancer les choses, la structure et aussi les joueuses.