Rien ne va plus entre les dirigeants du handball tunisien et Sylvain Nouet, suspendu par l'IHF après la finale de la CAN. Le technicien français veut garder la main sur la sélection nationale et souhaite que son adjoint Anouar Ayed assure l'intérim pendant son absence. Une option qui n'est pas envisagée par Mourad Mestiri, le président de la FTHB.
par Yves MICHEL
Cette semaine, le patron de la sélection tunisienne Sylvain Nouet (notre photo de tête) et plusieurs de ses joueurs ont été sévèrement sanctionnés par la Fédération Internationale de handball après des incidents et notamment des insultes proférées à l’égard des arbitres de la finale de la Coupe d’Afrique en Egypte en janvier dernier.
L’ancien adjoint de Claude Onesta a écopé de six mois de suspension et d’une amende de 15 000 euros. Cette "indisponibilité" à un poste évidemment stratégique le prive de fait, du tournoi de qualification olympique que la Tunisie doit disputer du 7 au 10 avril à Gdansk avec la Pologne, la Macédoine et le Chili. L'enjeu est conséquent: les deux premiers de ce TQO décrocheront chacun un billet pour Rio.
La Fédération tunisienne s’est tout de suite saisie du dossier et pensait avoir trouvé une solution alternative en faisant appel à Hafedh Zouabi, l’entraîneur du Club Africain pour remplacer Sylvain Nouet. Seulement voilà, ce choix n’est pas du goût du Français qui souhaite mettre en avant son adjoint, l’ancien ailier de Toulouse Anouar Ayed.
Si un accord n’est pas trouvé d’ici lundi, le bureau fédéral de la FTHB pourrait mettre fin à sa collaboration avec le tandem Nouet-Ayed.
Conscient de la gravité de la situation, Mourad Mestiri, (notre photo) le président du handball tunisien a accepté de répondre à nos questions.
Sylvain Nouet est-il toujours l'entraîneur de la sélection tunisienne ?
La situation n'est pas simple et pour le moment, aucune décision officielle n'a été prise. Je dois réunir le bureau fédéral, lundi prochain. Avec les sanctions qui sont tombées suite à la CAN, nous sommes véritablement dans l'embarras. Car après consultation de l'IHF, Sylvain Nouet ne peut même pas diriger les entraînements de l'équipe nationale.
Mais vous étiez prêts à assumer cette situation, non ?
Oui même si c'est très délicat. On était prêt à patienter et à conserver Sylvain Nouet. Pour le TQO, j'avais d'ailleurs trouvé une solution provisoire et fait appel à Hafedh Zouabi, un entraîneur tunisien.
Apparemment, ce choix ne fait pas l'unanimité...
En fait, c'est Anouar Ayed qui n'a pas accepté la décision et a demandé à Sylvain Nouet d'intercéder en sa faveur afin qu'il soit nommé entraîneur principal. C'est à partir de là que tout s'est gâté.
Et donc ?
Nous pourrions mettre fin à notre collaboration avec le tandem Nouet-Ayed. C'est une hypothèse qui peut être envisagée. Ce sera au bureau fédéral de trancher. Par ailleurs, je n'ai pas apprécié l'attitude de Sylvain Nouet.
Comment cela ?
Il a pris les choses de très haut alors que nous voulions trouver une solution qui arrangeait tout le monde, en acceptant par exemple, qu'il soit au chômage pendant six mois. Sincèrement, il n'est pas en position de force pour imposer quoi que ce soit.
L'urgence, c'est la préparation du TQO ?
Tout à fait car je pense que nous avons une chance d'aller à Rio.
Mais avec qui aux commandes et pour combien de temps ?
L'entraîneur clubiste Hafedh Zouabi aura une mission temporaire de trois semaines. Il n'est pas question d'en faire le prochain entraîneur national de la sélection masculine. Je suis fidèle à une école et je n'en changerai pas. Le modèle français a toujours ma préférence.
Vous pourriez donc faire appel à un autre entraîneur français après le TQO?
C'est exactement cela.
Vous avez des noms en tête ?
J'ai deux personnes qui peuvent tout naturellement remplir cette mission. Stéphane Imbratta et Alain Portes*. Mais nous n'en sommes pas encore à ce stade.
Les Internationaux tunisiens réagissent
Ce samedi, quelques joueurs internationaux parmi lesquels le Nantais Gharbi, les anciens Tremblaysiens Chouiref et Boughanmi ont rendu publique une lettre adressée au président de la FTHB et aux membres du bureau fédéral. Ils affirment leur solidarité avec Sylvain Nouet et son staff et demandent à continuer l'aventure sous leur autorité afin "d'aller de l'avant". Dans leur courrier, ils évoquent même la possibilité de démissionner en bloc et de ne plus répondre aux sollicitations de l'équipe nationale s'ils n'étaient pas entendus.
* Stéphane Imbratta (ancien coach d'Ivry et de Tremblay avant d'avoir dirigé le Club Africain entre décembre 2014 et novembre 2015) et Alain Portes (ancien entraîneur de la sélection tunisienne de 2009 à 2013 et de l'équipe de France féminine de juin 2013 à janvier 2016) peuvent aisément se libérer.