A 35 ans, la pivot internationale, figure incontournable du handball français ces dernières années, a choisi de raccrocher les baskets. Mais l’ancienne Isséenne ne restera pas bien loin des terrains : dès dimanche, elle sera aux commentaires pour son premier match de LFH.
La voix est toujours aussi posée, le sourire ne la quitte jamais longtemps, et ce n’est pas l’annonce de la fin de sa carrière qui va y changer quelque-chose. Amélie Goudjo, 35 ans et un CV long comme le bras (deux fois vice-championne du monde, une Coupe de la Ligue, une médaille d’or aux Jeux méditerranéens…), ne repartira pas pour une nouvelle saison au plus haut niveau. Sa dernière expérience, en Slovénie, ne s’est pas passée tout à fait comme prévue, au sein d’un club qui a connu des problèmes d’argent et qu’elle a quitté dès le mois de mars. Et si elle a reçu différentes propositions ces derniers mois, notamment une de Besançon (selon nos informations) qui l’a fait hésiter, son choix a été mûrement réfléchi.
Amélie, c’est décidé, vous prenez votre retraite ?
Oui, ça y est, j’ai pris le temps de la réflexion, je pense que c’est le bon moment. J’ai toujours été dans le hand et pour moi, ce qui comptait le plus, c’était de vivre une vraie effervescence collective, avec des vraies valeurs. Sur la fin de carrière, j’ai été un peu déçue parfois. Alors j’ai réfléchi, je me suis demandée si j’avais encore envie, puis j’ai décidé que c’était le bon moment pour arrêter.
La dernière année particulière, au Krim Ljubljana, y est-elle pour quelque-chose ?
Il y a eu les problèmes économiques bien sûr mais, finalement, le collectif n’était pas à la hauteur de mes attentes. Je souhaitais participer à la Champions League mais puisque le collectif n’était pas super compétitif, ça n’a pas été aussi bien que je pensais. Avec l’arrivée d’Allison (Pineau) en décembre, j’étais contente, je me suis dit que ça changerait peut-être quelque-chose… (la demi-centre a quitté le club en mars également, ndlr). Au final, au niveau du hand, c’était pas le top, et au niveau du reste, ça ne m’a pas surexcitée non plus. Je n’ai pas appris grand-chose cette année-là.
Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière ?
J’ai fait presque vingt ans de hand, si je compte le sport étude. J’en garde des souvenirs de fou, notamment ma plus belle année, en 2009, avec un titre en Espagne (la Coupe), et en équipe de France quand on finit vice-championnes du monde et qu’on gagne les Jeux méditerranéens. J’en garde des vrais échanges humains, des vraies performances aussi, même si j’ai souvent eu dans ma carrière ce titre de vice-championne qui me colle à la peau (deux en France avec Issy, deux avec les Bleues), pour seulement quelques médailles d’or… Mais j’ai l’impression d’avoir toujours été moi-même ces années-là, d’avoir prouvé plein de choses. J’ai été une rageuse, une battante, alors que je ne partais pas au départ avec les plus grosses qualités. Je suis quasiment la dernière de ma génération à arrêter, j’ai quand même eu la chance d’avoir une belle carrière.
Vous n’avez pas peur de « l’après » ? Qu'allez-vous faire ?
Je prends le temps de réfléchir maintenant, je me donne du temps. Je commence par réparer un peu les bobos du hand, je me suis fait opérer de la cheville il y’a trois semaines, je m’occupe de ma santé et prends le temps de me projeter.
Et vous devenez consultante pour beIN Sports. Comment cela s’est-il fait ?
J’étais consultante pour les JO 2012 avec beIN, puis quand je n’étais pas sélectionnée on me proposait de participer aux émissions ou aux commentaires sur Canal. Au départ, c’est un exercice que je trouvais hyper dur, j’appréhendais un peu, et j’ai adoré, c’est vraiment génial. Chaque fois j’étais entourée de personnes qui étaient nickel, ça me plaît. Je suis plutôt dans l’analyse technique, je participe, commente, vois du beau jeu…
Vous connaissez la majorité des joueuses. N’est-ce pas difficile parfois ?
Je veux quand même participer à la promotion du hand, donc montrer au téléspectateur quand quelque-chose de difficile est bien réalisé. Après, quand des choses seront un peu moins belles techniquement, je le dirai aussi. Mais le but n’est pas de descendre les joueuses, je vais rester un peu objective. J’ai des amis qui jouent, des connaissances, je pourrai aussi échanger avant et après les matchs avec elles. Et techniquement, comme j’ai joué contre pas mal d’entre elles, ce sera plus facile pour décrypter.
Vous avez le stress pour dimanche ?
Ca fait un moment, j’ai commenté quelques matchs de l’équipe de France mais cela remonte à au moins un an sans commentaire… J’aurai sans doute un petit coup de pression au début mais ça se délaye rapidement (sourire).
Quel est votre pronostic pour ce Fleury-Metz?
J’imagine que Fleury a passé un cap, cela faisait longtemps que Fred Bougeant (l’entraîneur, ndlr) attendait un titre de champion. Je les vois assez bien, les nouvelles têtes vont dynamiser le groupe. Alors je vais me mouiller en pronostiquant Fleury pour dimanche.
Et sur l’ensemble de la saison ?
Je n’ai pas encore vu tout le monde mais Fleury devrait être solide. Après, avec les blessures, la Ligue des champions, on va voir comment elles vont gérer tout ça. La France reste un Championnat relevé, avec la Ligue des champions en plus ce n’est pas facile et c’est pour ça que c’est difficile d’aller loin en Europe. Je l’ai vu en Slovénie : le Championnat est plus facile et pourtant, les effectifs comptent vingt filles, surtout là pour la Coupe d’Europe ! En France, on a parfois du mal à avoir deux 7, donc c’est dur pour nous équipes françaises… Pour en revenir à la LFH, je pense qu’on retrouvera le carré final de l’an dernier, Fleury, Nîmes, Metz et Issy.
La fiche d’Amélie Goudjo
Née le 19 avril 1980 (35 ans) à Nantua
Pivot, internationale française
Clubs : Vaulx-en-Velin (1998-2003), Toulon (2003-05), Fleury (2005-07), Issy (2007-08 puis 2010-14), Bera Bera (ESP, 2008-10), Krim Ljubljana (2014-15).
Palmarès : Coupe de la Ligue 2013, Coupe de la Reine (Esp.) 2009, championne de D2 2000, médaille d’or aux Jeux Méditerranéens 2009, vice-championne du monde 2009 et 2011, vice-championne de France 2012 et 2014, finaliste C2 2013, finaliste C4 2014.