Les Bleuets entrent dans l'histoire du hand tricolore ! Pour la 1ère fois depuis 1992 et la création de l'épreuve, une équipe de France est sacrée championne d'Europe des moins de 18 ans. En finale, la France a battu la Hongrie 33-30.
Ils avaient été tellement touchés dans leur chair et leur orgueil par la Hongrie, un sombre vendredi de l'Assomption qu'ils avaient à coeur de se racheter. Ils l'avaient déjà fait en accédant dans le carré final mais cela ne suffisait pas ! Ils voulaient une revanche face à ces Magyars qui les avaient humiliés. Et les retrouver en finale de l'Euro polonais était l'occasion rêvée pour y parvenir.
"Depuis que je suis le chef de délégation de l'équipe de France jeunes, c'est la 1ère fois que je vois des joueurs aussi déterminés, aussi solidaires, qui prennent un réel plaisir à vivre ensemble. C'est insensé ! Je suis vraiment très fier d'eux !" Ces quelques mots de Jean-Louis Guichard résument le sentiment de tous ceux qui ont pu côtoyer et surtout supporter pendant plus d'une semaine cette formation tricolore. Mais au-delà de l'excellent état d'esprit que les nouveaux champions d'Europe peuvent dégager, il y a la qualité de chacun. C'est ce talent, cette tenacité et surtout une volonté exacerbée qui leur ont permis de sortir vainqueurs d'une finale parfaitement menée.
Il y a moins de dix jours face à la France, la Hongrie n'avait pas eu à se faire vraiment mal ou à être en sur-régime pour s'imposer largement. Ce dimanche, même si les Magyars vont donner l'impression de maîtriser les débats après seulement sept minutes de jeu (3-5), jamais les Tricolores ne vont perdre pied et seront toujours en mesure de recoller au score. Les Hongrois auront beau changer leur système défensif, passant de l'étagement à une 6-0 plus que rugueuse, à la limite du sanctionnable, les Bleuets trouveront toujours la faille notamment grâce à un Aymeric Minne étincelant à la baguette de chef d'orchestre mais aussi au tir. C'est un autre Toulousain formé à Tournefeuille, Tom Nozeran qui va permettre à son équipe de passer devant (11-10 à la 20ème). Abusant de belle manière du demi-tour/contact, les Hongrois vont reprendre la direction des opérations, la perdre mais profiter d'un flottement adverse pour rentrer aux vestiaires, un peu plus sereins avec deux longueurs d'avance (16-18).
A la reprise, le scénario était le même. Les Français refaisaient leur retard mais souvent par excès de précipitation car les Hongrois n'étaient pas plus adroits, ou butant sur le gardien Pasztor, ils tardaient à concrétiser (26-26 à la 47ème). Dans les tribunes, les 30 fidèles supporters tricolores entonnaient un début de Marseillaise. Ils n'avaient pas amorcé le dernier couplet de l'hymne national que Melvyn Richardson puis Sacha Bouchillou (photo ci-dessus) faisaient sauter le verrou magyar (29-27 à la 51ème). Et comme Julien Meyer était bien chaud devant ses cages, le vent commençait à tourner dans le bon sens. Les joueurs du duo Quintin-Dinart vont asseoir leur maîtrise en attaque en mettant un grain de folie dans cette rencontre. Un grain de folie concrétisé par un kung-fu digne des plus belles écoles. L'action amorcée par Lucas Ferrandier va trouver à sa conclusion... l'inévitable Aymeric Minne (31-28). A trois minutes de la fin, les Hongrois étaient livides. "On savait que si on les maintenait à distance, ils craqueraient, nous glissera Florent Bonneau, un des deux gardiens . C'est ce qui s'est passé à ce moment-là. Je pense que le +8 du match du tour préliminaire les avait trop mis en confiance. Ils ne s'étaient pas bien préparés à nous voir réagir de cette façon. Nous n'avons jamais baissé la tête." La Hongrie va tenter de réagir mais que pouvait-elle faire face à une bande de morts de faim bien décidée à ne rien partager ! La Marseillaise repartait de plus belle. Cette fois, elle était totalement d'actualité, elle couronnait un final en apothéose (33-30).
Les Français ne rentrent donc pas de Pologne les mains vides: un titre collectif avec cette médaille d'or pour l'équipe et deux distinctions individuelles puisque Melvyn Richardson (meilleur arrière droit) et Ludovic Fabregas (meilleur pivot) figurent dans l'équipe star du tournoi.
Finale de l'Euro Jeunes masculin 2014
A Gdynia (Pologne) dimanche 24 août 2014
France - Hongrie 33-30 (MT : 16-18)
Arbitres: Tomislav Cindric & Robert Gonzurek (Croatie)
Hongrie : gardiens Rozsavölgyi, Pasztor - Györi (8), Bartok (5), Ligetvari (5), Füzi (5), Nemes (3), Fekete (1), Juhasz (1), Varju (1), Schmid (1), Deak, Szilagy, Gabor, Mikita, Urban
France : gardiens Meyer, Bonneau - Minne (8), Fabregas (5), Lenne (4), Richardson (3), Nozeran (2), Lagarde (2), Ferrandier (2), Kounkoud (2), Mocquais (2), Garain (1), Mem (1), Bouchillou (1), Billant , Zahm
Réaction de Lucas Ferrandier (capitaine de l'équipe de France): "Je tiens à féliciter l'équipe hongroise qui a pratiqué un grand handball. C'est un beau jour pour mon équipe et pour l'ensemble du handball français. Je pense aussi à nos deux coéquipiers qui ont fait la préparation avec nous et qui ne sont pas venus ici. Concernant ce succès en finale ? euh... je ne sais pas quoi dire, je n'ai pas de mots, ce qui nous arrive est vraiment incroyable."
Quatre questions à Daouda Karaboué, entraîneur des gardiens
C’est ta 1ère récompense en tant qu’entraîneur. Forcément heureux ?
Bien-sûr qu’il y a une grande satisfaction et un large sourire sur le visage. Je suis content de voir ces jeunes radieux mais surtout, ils ont su rester eux-mêmes. Ce sont de vrais champions !
Qu’as-tu appris à leur contact ?
Ça fait un an que je travaille avec eux, j’ai appris à les connaitre, à découvrir le caractère de chacun, leur personnalité, leur talent mais j’ai surtout appris à connaitre une fonction. J’ai toujours été de l’autre côté de la barrière et c’est au contact de ce groupe et de ce staff que je me suis le plus enrichi.
Contre la Hongrie, il y avait un passif…
Ce match a été mené avec la tête et les jambes. Pour la tête, Didier a très bien travaillé pour mettre en place le système défensif pour aborder la Hongrie et les jeunes l’ont parfaitement maîtrisé. Pour les jambes, la prépa a été très importante. On le voit sur les trois derniers matches puisque la décision s’est faite dans les dernières minutes. Aujourd’hui, personne n’a baissé les bras et chacun a joué balle après balle, jusqu’à ce que les Hongrois mettent genoux à terre.
Tes gardiens ont rempli leur mission…
La réussite d’un gardien, c’est 50% du rendement de l’équipe. Julien et Florent ont été très complémentaires. Il faut que tout le monde comprenne qu'une compétition comme un Euro se gagne aussi avec deux gardiens. Chacun a son caractère, sa manière de faire, son talent, ils ont apporté leur contribution, c’est aussi cela la force d’un binôme. Je rappelle que nous sommes dans un sport collectif.
L'Espagne aussi sur le podium
Dans le match pour la 3ème place, l'Espagne a battu le Danemark (27-21). Les Espagnols n'ont pas eu à trop forcer leur talent prenant le large très rapidement (10-3 à la 20ème puis 17-7 à la pause), avant de tomber sur un gardien danois en réussite (17-12 à la 38ème). Houspillés par leur entraîneur Alberto Suarez, les joueurs de la "Rojita" ont repris le contrôle des opérations en maintenant leur avance jusqu'à la fin.
Le classement final de cet Euro Jeunes 2014
1 |
FRANCE |
5 |
Suède |
9 |
Islande |
13 |
Serbie |
2 |
Hongrie |
6 |
Suisse |
10 |
Croatie |
14 |
Rep.Tchèque |
3 |
Espagne |
7 |
Allemagne |
11 |
Belarus |
15 |
Macédoine |
4 |
Danemark |
8 |
Pologne |
12 |
Russie |
16 |
Roumanie |
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