Comme nous vous l’annoncions ce mardi matin, Sassi Boultif ne poursuivra pas l’aventure cessonnaise. Dès le 1er août prochain, l’arrière gauche sera à Dubaï, à la disposition pour les deux saisons à venir, du club d'El Nasr. Pour convaincre le Cesson Rennes Métropole de lâcher son international algérien avant juin 2014, les dirigeants émiratis ont consenti à racheter l’année de contrat qui restait à honorer. A peine rentré du Golfe Persique, l’ancien Istréen, vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2009 a répondu à nos questions. Sans faux-fuyants.
Il le martèle à qui veut bien l’entendre. A Cesson, Sassi Boultif ne s’est jamais senti à son aise. Pour l’homme de la Méditerranée, qui a débuté par l’Alsace et Sélestat en 2000 pour jouer au handball au plus haut niveau, puis est descendu jusqu’à Villefranche-sur-Saône, a fait un crochet par l’Espagne (Vigo) avant de poser son sac non loin de la grande Bleue à Istres (4 saisons), remonter vers la Bretagne est une erreur géographique qu’il n’a pas mis trop longtemps à relever. Cet échec personnel est assumé à 100%. Désormais, l’arrière international veut véritablement tourner une page. Il a donc choisi Dubaï et un exil à plus de 5000 kilomètres de distance pour terminer une carrière déjà bien remplie.
Sassi, ne me dis pas que tu vas à Dubai pour le projet sportif ?
Le challenge est intéressant, les conditions financières aussi, je le reconnais. C’était le moment ou jamais d’accepter ce que Dubai me propose. Je vais avoir 30 ans, je suis réaliste et je ne veux pas regretter plus tard de n’avoir pas saisi une opportunité au bon moment.
A Dubai, contrairement au Qatar, les étrangers ne sont pas si nombreux…
Non, en fait dans le championnat, seulement un étranger est toléré dans chaque équipe. L’Egyptien Hussein Zaki et le Tunisien Walid Ben Amor sont là-bas dans deux clubs différents. Depuis cinq ans, El Nasr court après un trophée et ils comptent sur moi pour les aider à étoffer leur palmarès.
Comment toutefois expliquer ce mal être à Cesson ?
Tout est entièrement de ma faute. J’ai eu du mal à m’habituer, que ce soit au niveau du climat, de la région mais également par rapport à l’équipe. Les relations humaines étaient bonnes mais il manquait quelque chose. Ma saison a été perturbée par un problème aux yeux, j’ai été arrêté plus de deux mois et j’ai galéré pour revenir. Ensuite, la bêtise a été de participer au Mondial espagnol avec la sélection algérienne. C’était trop tôt pour une reprise. Je pensais qu’à mon retour d’Espagne, le moral irait mieux.
Apparemment, le malaise s’est poursuivi…
Ce qui m’a alerté, c’est qu’en me réveillant le matin, la motivation n’était plus la même qu’avant. Si j’ai du mal à prendre du plaisir, cela ne peut pas fonctionner. Avant la reprise en février, je voulais changer d’air mais Cesson n’a pas voulu.
Que va-t-il rester de ton passage à Cesson ?
Un échec ! L'échec de ma carrière. Pourtant quand j’ai quitté Istres, je savais que Cesson me voulait, le recrutement était bon, il y avait des joueurs de qualité déjà sur place. Mais très vite, je n’ai pas été dans mon élément. La 1ère fois que je suis allé voir les dirigeants pour changer, j’étais prêt à aller n’importe où, même en pro D2. Je ne pouvais pas continuer jouer une année de plus à Cesson, avec le salaire qui m’était versé et ne rien leur apporter. Je ne suis pas un tricheur.
Dubai est sur tes traces depuis quand ?
Depuis la CAN 2012 au Maroc, le directeur des sports collectifs d’El Nasr était sur place. Ils auraient voulu que j’arrive alors même que je n’en avais pas encore terminé avec Istres. Je n’ai plus eu de nouvelles par la suite jusqu’en juillet dernier et le contact a été renoué il y a peu. Mon départ est raisonné, mon épouse me soutient mais je suis conscient que je prends un énorme risque.
Comment cela ?
Partir dans les Emirats est aléatoire. Si tu ne fais pas l’affaire, du jour au lendemain, ils te renvoient dans ton pays sans se soucier de ta situation.
Début 2014, il y a la CAN, en principe en Algérie, envisages-tu d’y participer ?
Cela ne dépend pas de moi. Il y a un tel bazar dans le hand algérien actuellement que je ne sais pas où on va. On ne sait plus qui est maître à bord, qui sera à la tête de la sélection. Il faut aussi qu’il soit intéressé et qu’il fasse appel à moi. Mais, c’est vrai j’ai pour le moment, d’autres priorités. Même si je suis attaché à mon pays et à l’équipe qui le représente.
A l’heure du bilan de tes 13 ans de haut niveau en France, quel est ton meilleur moment !
Sans hésiter, la coupe de la Ligue remportée à Miami avec Istres et la montée en D1 avec Villefranche. Mais en 2009, à Miami, c’est le seul titre que j’ai obtenu en LNH. Tous les joueurs ne peuvent pas se vanter d’être passé en LNH et d’avoir remporté un trophée. Moi, oui.