Pas de répit pour Didier Dinart. A peine les Jeux terminés et une installation à Paris conduite tambour battant, le joueur le plus capé des Bleus s’est tout de suite plongé dans le quotidien de son nouveau club. Au PSG handball où il n’a signé qu’une saison, il a pris une place importante dans le dispositif de l’entraîneur Philippe Gardent. Comme en équipe de France, il est le patron de la défense avec en prime, le brassard de capitaine. Entretien avec celui qui vient de passer neuf saisons dans le championnat espagnol.
De retour des Jeux, tu n’as pas eu trop le temps de te retourner….
C’est sûr… puisque après la dernière soirée à Londres, j’ai enchaîné par le passage sur les Champs Elysées avec l’accueil des supporters et tout l’engouement qu’il y a eu autour. Ensuite, j’ai fait un saut à Ciudad Real pour voir ma famille mais comme Paris disputait dans la foulée, la Schlecker Cup, je ne suis resté que deux jours en Espagne.
En fait, tu as quitté les Jeux pour te plonger immédiatement dans le quotidien du club…
Oui, en Allemagne, on a disputé trois rencontres en deux jours avec une équipe en rodage et dont la plupart des joueurs n’avait jamais évolué ensemble. Il y avait de la fatigue chez tout le monde, ce qui est normal, les internationaux français par exemple, sont sur le pont depuis le 18 juin dernier.
Qui s’est occupé de ton déménagement et de ton installation sur Paris ?
C’est Lucia, ma femme qui a eu carte blanche pour tout l’aspect matériel. Moi, dès le moment où on me trouve un lit et une pièce pour vivre, ça me convient. Et puis généralement quand c’est le mari qui choisit quelque chose, ça ne colle jamais. Et pour le coup, elle ne s’est pas trompée et je suis très satisfait de mon installation.
On a l’impression qu’il te fallait un nouveau challenge ?
Evidemment ! A partir du moment où le club (Atletico Madrid) ne pouvait plus respecter ses engagements envers moi, il a fallu que je trouve d’autres solutions. J’ai eu une proposition de Hambourg et puis il y a eu Paris. Je pense qu’en fin de carrière il vaut mieux trouver un nouveau challenge et qui plus est, chez toi. J’avais vraiment à cœur de revenir en France sur un super projet qui est monté de toutes pièces avec d’énormes moyens.
Surtout dans une conjoncture économique qui n’est pas brillante…
Oui, mais il ne faut pas penser qu’au côté financier. Dans la balance, il y a le projet sportif. Depuis des années, tout le monde se plaint que le championnat de France n’est pas assez relevé. La tournure que cela prend est très intéressante. Nantes s’est bien renforcé, Montpellier, Dunkerque, St Raphaël et Chambéry aussi, bref, la compétition sera de très haut niveau avec un championnat plus dense.
Qu’est-ce que tu as retrouvé en France qui te manquait en Espagne ?
Un truc tout simple, la reconnaissance. Le fait de profiter d’un titre au retour, ça, je n’avais jamais connu car dès la compétition terminée, je rentrais dans mes abysses espagnols. J’étais un étranger médaillé en Espagne donc forcément, au bout de deux jours, les gens avaient oublié. Tandis que là, près de trois semaines plus tard, je suis encore sur la vague des Jeux, les supporters m’abordent dans la rue, il y a encore des retombées.
A Paris, tu as le même rôle qu’en équipe de France : organiser la défense.
Avec « Boule », on travaille dans ce sens-là, on essaie de trouver les meilleurs hommes aux meilleurs endroits. Le coach profite de mon expérience et de mes qualités.
Intégrer dix nouveaux joueurs d’un coup, ce n’est pas simple...
La phase de rodage n’a presque pas eu lieu puisqu’on a été confronté d’entrée à un premier tournoi. Je dois dire que ce qui se fait est satisfaisant. Mais pour tourner à plein régime, il nous faut encore deux-trois mois de travail. Il faut que la mayonnaise prenne entre tout le monde.
Il y a quand même huit nationalités différentes sur le parquet...
On parle beaucoup espagnol parce que pas mal de joueurs ont évolué en Liga mais ça parle aussi anglais, français, on peut réviser toutes les langues. (sourires) Je me remets même au français ! A la maison, comme je parle toujours espagnol, tous les mots ne viennent pas naturellement. Je parle doucement pour que mon français soit compréhensible.
Tu n’as signé qu’une saison à Paris et tu ne sais pas encore si tu poursuis en équipe de France….
Je suis plus en fin de carrière qu’en début ! C’est vrai que je me pose la question de savoir si je ferai le Mondial 2013 mais de toute façon, ça s’arrêtera après 2013. L’heure est à la transition, il faut former de nouveaux joueurs et les Bleus auront du travail puisqu’il va falloir retrouver un défenseur et remplacer quelques anciens qui vont mettre un terme à l’aventure.
Pour le Mondial 2013, tu es encore en phase de réflexion ou la décision est-elle prise ?
C’est encore trop tôt pour me prononcer, la décision n’est pas encore prise. Ce sera en accord avec Claude Onesta et son staff, je ne veux pas non plus, être un zombi qui part entre deux compétitions.
La saison de trop, ça te hante ?
Oui, bien-sûr ! Je n’ai pas envie de faire le match ou la compétition de trop.
En Serbie, l’idée t’a traversé l’esprit ?
Un sportif de haut niveau doit être réactif, il doit savoir faire son autocritique et rester humble. Après l’Euro, il ne fallait pas jeter la pierre sur qui que ce soit. A moments donnés, l’entraîneur a été critiqué mais il ne faut pas oublier que nous, les joueurs, sommes les principaux acteurs donc il était urgent de balayer devant notre porte. C’est pour cela que j’ai pris ma part de responsabilités.
Londres a fait office de réhabilitation ?
C’est la question qu’on peut se poser. Pour quelle raison je n’ai pas pu maîtriser mon sujet en Serbie alors que j’ai pu le faire à Londres ? Je pense que c’était le même Dinart et on va même dire qu’il était encore plus vieux aux Jeux psychologiquement et physiquement. Et je m’en suis sorti. Donc je confirme ce que je disais précédemment, tout était de ma faute.
Le 13 septembre prochain sera une date importante pour Didier Dinart. C'est en effet ce jour-là que parait
"Secrets d'un champion" aux éditions Hugo&Cie. Au fil de cet ouvrage, le joueur retrace tous les moments qui ont jalonné sa carrière, de l'ombre et les galères à la lumière et la consécration.