Si l’Argentine et le Brésil sont depuis plusieurs années les têtes d’affiche du handball sud-américain, le Chili commence progressivement à émerger sur la scène internationale. Même si le niveau de la sélection nationale reste encore très éloigné de celui des équipes nationales argentines et brésiliennes, il faudra très certainement compter sur les chiliens dans les prochaines années. Reportage à Santiago du Chili, là où le hand chilien commence à prendre ses marques …
Comme de nombreux pays d’Amérique du Sud, le football est de loin le sport roi au Chili. Très peu de chiliens sont capables de citer le nom d’un handballeur. Les Karabatic, Balic ou Fritz sont inconnus du grand public. Au pays du pisco et des empanadas, le handball reste un sport confidentiel …
Emil Feuchtmann
« Il y a deux raisons principales qui expliquent ce manque d’engouement pour le hand, analyse Emil Feuchtmann, l’un des meilleurs joueurs du pays. Tout d’abord, l’histoire de ce sport au Chili est toute récente, surtout si on la compare avec l’Europe. La seconde explication est à relier à notre culture sportive et plus généralement à la culture au Chili qui n’a pas la place qu’elle mérite. Lorsque le pays aura réussi à se développer davantage, le hand pourra peut être acquérir une autre dimension … »
Avec plus de 16 millions d’habitants, le Chili ne possède pas le même potentiel démographique que les leaders sud-américains de la discipline, l’Argentine et le Brésil. La fédération chilienne a donc entrepris un grand travail de formation dès le plus jeune âge. Ainsi, elle a mené pendant plusieurs années une lutte acharnée pour que le handball soit inscrit dans les programmes d’éducation physique à l’école et au collège. Depuis 1973, les jeunes chiliens pratiquent le « balonmano » au collège. « Le sport tient une place importante à l’école, poursuit Emil Feuchtmann. Mais malheureusement, lorsque les jeunes chiliens grandissent, le sport devient de moins en moins présent dans les programmes scolaires. On dit souvent que l’université est le cimetière des sportifs … »
Avec des compétitions organisées aux niveaux communal, régional et national, le Chili tente progressivement de structurer son organisation afin de faire émerger les futurs piliers de la sélection nationale. Plusieurs joueurs chiliens ont ainsi tenté leur chance en Europe, à l’image de Marco Onetto, le pivot du FC Barcelone et d’Emil Feuchtmann qui, après avoir évolué à Huesca, porte désormais le maillot d’un autre club de D.2 espagnole, le BM Almoradi.
La famille Feuchtmann est d’ailleurs indissociable de l’émergence du handball chilien depuis quelques saisons. Outre Emil (26 ans), la famille compte également trois autres handballeurs professionnels : Harald (21 ans), Edwin (19 ans) et Inga (24 ans), la seule internationale chilienne à évoluer en dehors de ses frontières. Le handball est une passion qui se transmet de génération en génération dans la famille puisque leurs parents sont tous les deux entraîneurs.
« Après avoir commencé ma carrière au Chili, j’ai tenté ma chance au Brésil, explique Emil. C’est mon ancien entraîneur en sélection, de nationalité argentine, qui m’a permis de découvrir un autre championnat. Aidé par un ancien joueur chilien qui connaissait bien l’Europe, j’ai ensuite mis le cap sur l’Espagne ». Pour la sélection chilienne, l’expérience européenne de quelques joueurs cadres est évidemment un atout précieux pour les prochaines compétitions internationales.
Oneto, pivot du Barca
Si l’équipe féminine a décroché en juin dernier une historique qualification pour le prochain Mondial en Chine, la sélection masculine est quant à elle dans le flou. « La mauvaise gestion de certains dirigeants nous mène aujourd’hui à une situation difficile, reconnaît avec amertume Emil Feuchtmann. L’équipe masculine n’a pas d’entraîneur attitré, elle doit pour l’instant faire avec les moyens du bord. »
Le handball français possède une excellente image auprès des chiliens qui pratiquent ce sport. « Les français sont au somment depuis plusieurs années, constate Emil avec admiration. Avec le retour de Nikola Karabatic, cela donne un attrait supplémentaire à la ligue française ». L’un des meilleurs joueurs chiliens actuels serait-il tenté par une aventure dans l’Hexagone ? « J’aimerai découvrir la LNH, explique Emil. Il y a deux ans, j’ai joué à Huesca avec Danyel Paruta (NDLR : ancien gardien de Pontault, Ivry et Villeurbanne notamment) qui m’a motivé pour jouer de l’autre côté des Pyrénées… » En accueillant un chilien dans son championnat, la LNH franchirait alors une nouvelle étape dans son internationalisation …