Lancés comme des obus vers les demi-finales, les Français connaissaient l’importance de cette première rencontre du tour principal de l’Euro. Face à leur adversaire de la finale en Suisse, l’Espagne, une victoire aurait pratiquement pour effet de leur permettre de poser un pied dans les demi-finales de Lillehammer. Mais il était aussi très clair que l’Espagne jouait une carte plus que majeure dans cette rencontre. Morts vivants après leur cinglante défaite initiale face à la Hongrie, les hommes de Carlos Pastor avaient réussi à se relancer en prenant superbement le dessus sur l’Allemagne dans son dernier match de poule préliminaire. Mais une défaite les mettait plus que dans l’embarras, avec 4 points de retard sur la France plus le goal average particulier négatif, il devenait quasi impossible de refaire son retard sur les tricolores. Autant dire que les champions du Monde 2005 n’envisageaient vraiment pas la défaite dans cette rencontre.
Et la chanson du premier tour ne pouvait pas se jouer comme face à la Suède ou l’Islande, les Bleus n’arrivaient pas à prendre un départ convaincant au point de rapidement se retrouver menés de 2 buts. Crispant un peu les organismes et les envies, notamment de Nikola Karabatic peu en réussite sur la première mi-temps. Heureusement que Daniel Narcisse jouait les voltigeurs et trouvait rapidement la parade au jeu rapide de l’Espagne, sans quoi la France aurait pu s’embarquer dans une partie à très haut risque. Mais si le jeu défensif se mettait progressivement en place, si la marque était alimentée par quelques jolis coups joués rapidement, l’Espagne ne lâchait rien et surtout pas sa domination au score dans cette première mi-temps.
La fratrie Entrerrios en faisait voir de toutes les couleurs à la défense bleue, Raul qui passe à Alberto qui passe à Raul et tout cela fini au fond des filets de Thierry Omeyer qui n’a pas devant lui le rempart du premier tour. Comme en plus Chema Rodriguez réalise quelques tours de passe-passe gagnants, les hommes de Claude Onesta ne parviennent quasiment jamais à revenir à hauteur ou si peu de temps que l’impression globale reste une domination ibérique. Il va falloir voir le début du ballet des exclusions temporaires et ce au détriment d’une arrière garde espagnole un peu trop virulente, pour que les Tricolores passent enfin devant dans les 5 dernières minutes. Mais cet avantage va être aussitôt annulé pour finir cette mi-temps sur un score de parité au final pas mal payé pour des Bleus pas assez fluides dans leur jeu pour pouvoir asseoir une quelconque domination.
Mais cette domination tant recherchée, c’est en début de deuxième mi-temps que la France va la construire. Impeccables dans leurs intentions défensives, en réussite en attaque avec un duo Jérôme Fernandez – Nikola Karabatic dans quasiment tous les bons coups, aussitôt relayé par un Daniel Narcisse buteur – passeur comme à ses plus belles heures chambériennes et la France prend d’entrée de deuxième période un avantage que tout le monde voit décisif avec un 25-19 au bout d’un petit quart d’heure de jeu.
Entre son envie de gérer de résultat et la problématique posée par la rentrée d’Iker Romero qui va se mettre à allumer dans toutes les positions et faisant mouche quasiment à tout coup, avec une attaque un peu moins percutante, la France va finir par se faire une grosse peur dans les derniers instants du match. Ratant autant comme autant en attaque au point de ne marquer que 3 buts dans le dernier quart d’heure du match. Ou comment se faire une grosse trouille après un jet de 7 mètres converti par Albert Rocas et une perte de balle assez idiote à 8 secondes de la fin. Une carabistouille sans conséquence heureusement, l’Espagne n’arrivant pas à mettre à profit ces 8 secondes malgré un jeu à 8 contre 6.
La France peut envisager la suite de la compétition de façon sereine, une victoire face à l’Allemagne demain les qualifieraient à coup sur et pourrait permettre de gérer un peu les organismes dans le dernier match face à la Hongrie. Pour l’Espagne, rien n’est perdu, mais les hommes de Carlos Pastor savent qu’ils doivent faire un sans faute en espérant que la France lui file un gros coup de pouce en prenant le meilleur sur le champion du Monde en titre demain.
A Trondheim, Spektrum
Le 22 janvier 2008 à 18h30
France - Espagne : 28 – 27 (Mi-temps : 15-15)
2 500 spectateurs
Arbitres :
MM OLESEN Per et PEDERSEN Lars Ejby (Danemark)
Statistiques du match
Les réactions
Claude Onesta
Ca se termine bien, tant mieux car cela aurait pu se terminer mal, mais bon au final on ne compte que les points et c’est une victoire qui nous fait le plus grand bien. C’est vrai que l’on n’a pas trop bien joué mais il ne faut pas oublier qu’en face c’est quand même l’Espagne. On a enfin réussi à mettre notre jeu en place en deuxième période, même si la fin a été dure, le trou fait dans cette période a quand même donné la clef du match. Demain, c’est l’Allemagne, on va la jouer avec beaucoup de courage et toute l’énergie qui nous reste et nous ferons les comptes demain soir après ce match.
Jérôme Fernandez
On s’est fait peur ! On fait le trou tout de suite en début de deuxième période et après on commence à oublier de jouer et heureusement que cela se termine au mieux sinon on aurait eut beaucoup de regrets. Mais les deux équipes se connaissent tellement par cœur que les matches sont toujours serrés, heureusement pour nous que c’est l’Espagne qui a fait le transfert hier, car ils y ont visiblement laissé des plumes et on fini par vraiment baisser en qualité de jeu. Nous on a pu se reposer et surtout enchaîner dans une salle que l’on connaît bien maintenant, je pense que ça a été une des clefs de notre victoire. On est sur une voie royale vers les demis,on a écarté un de nos plus gros adversaire face et même si on doute parfois dans un match, maintenant ces matches là on les gagne, il y a 2 ou 3 ans, nous les perdions. Demain on devra faire le boulot au mieux pour que l’on puisse faire tourner face à la Hongrie et ainsi préserver les organismes.
Thierry Omeyer
L’Espagne a tout donné en fin de partie ! Nous on avait fait le plus dur en resserrant la défense mais après 4 matches en 6 jours, les organismes commencent à être un peu usés et cela nous provoque un gros temps faible sur la fin de la partie. Comme eux ils font renter Iker Romero pour jouer leur va-tout on se met en difficulté. Heureusement que l’on a su bloquer un peu leur jeu rapide en fin de montée de balle et surtout ne pas reculer sur leurs impacts.