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Thierry Vincent : le Salerne du bonheur

International

mercredi 25 juin 2025 - © Laurent Hoppe

 4 min 3 de lecture

Par curiosité, nappée de défi, l'ancien entraîneur de Toulon ou Celles-sur-Belle s'est aventuré dans le sud de l'Italie toute la saison. Son retour d'expérience ne présente que des aspects positifs. Finaliste de la Coupe, sa jeune troupe a surtout remporté le championnat transalpin sans en être la favorite.

La tentation de Venise, c'est un truc de politiciens ou de milliardaires. La tentation de Salerne, une affaire d'amoureux de balle collante. L'un des plus passionnés, Thierry Vincent, y a cédé mi-2024. L'équipe féminine de cette ville portuaire italienne de quelque 130 000 âmes se cherchait alors un nouvel entraîneur. Le Landais, pour sa part, sortait d'une saison de D2 avec Celles-sur-Belle achevée tant bien que mal sur la troisième marche du podium. « Je ne voulais pas quitter le navire après la rétrogradation de LBE et le départ de six joueuses majeures. »

Son devoir deux-sévrien accompli, l'iconique coach de Toulon/Saint-Cyr (2009-2017) a décidé de franchir son Rubicon : s'expatrier un exercice entier. Un dépaysement inédit, quand bien même le sexagénaire gère de longue date des sélections africaines (Côte d'Ivoire, Congo, Guinée depuis 2021). « J'ai toujours voulu faire une ou plusieurs saisons à l'étranger comme responsable de club. Je voulais me tester. La seconde motivation était de constituer une équipe avec des potentiels, des jeunes en devenir. Les dirigeants, qui voulaient un entraîneur de mon profil, m'ont vendu un projet de développement. »


Un discours de vérité, le plus sensé considérant le personnel bleu et blanc à disposition. La moitié des seize joueuses « avait 20 ans ou moins », précise leur supérieur. « Sept joueuses étaient ou sont devenues internationales italiennes », dont Giulia Fabbo (21 ans). « Partie trop tôt » au centre de formation de Metz, l'arrière gauche y avait tout de même séjourné près de trois ans, avant de regagner sa ville natale via deux escales à Nice et Lomme (D2). Par ailleurs, « en Italie, on n'a droit qu'à trois étrangères ». La demi-centre danoise Cecilie Woller, « qui pourrait jouer dans tous les clubs en France », une gardienne suédoise et la Slovaque Karin Bujnochova, arrière d'Achenheim périodes N1 et D2, remplissent le quota.


Avec tous ces éléments, un reste de staff « 100 % italien » (en photo ci-dessus, avec l'entraîneur debout, deuxième en partant de la gauche), la communication s'est principalement établie en anglais. Aucun souci apparent de compréhension. « On a réussi à construire une vraie équipe. On a gagné le championnat à la surprise générale. » A la toulonnaise, notre interlocuteur ne s'en cache pas... Comme les Varoises de Thierry Vincent il y a quinze ans, le Salerne de Vincent Thierry a abordé la phase finale à quatre de Serie A1 en outsider. Troisième en saison régulière, mais premier pour dynamiter la hiérarchie. « On a gagné la demi-finale en trois matches, en ayant perdu le premier chez les deuxièmes, Pontinia. En finale, on a fait match nul en Sicile (28-28), et on a gagné de quatre buts chez nous (32-28) », le 24 mai. Une douce revanche sur Erice, son cortège de trentenaires bien connues de ce côté-ci des Alpes (l'arrière droit Alexandrina Cabral Barbosa, la gardienne Daniela Pereira), et la finale de Coppa Italia perdue en mars (23-25).


Pour la dixième fois, et la troisième lors des quatre dernières saisons, l'entité de Campanie (région de Naples) s'octroie le Scudetto. Symbolisé, dans tous les sports co, par le célèbre écusson vert-blanc-rouge. « C'est un résultat inespéré. J'ai passé une année merveilleuse. J'ai pris énormément de plaisir avec un groupe fabuleux. Les joueuses ont progressé, compris ce qu'être professionnelles voulaient dire. » Discours dithyrambique pour sous-titre explicite : il est toujours possible d'être coach français et prophète hors de son pays. A l'image de Frédéric Bougeant, qui a enrichi son palmarès international d'une Coupe de Grèce et deux finales (championnat, C3) avec l'AEK Athènes masculin.

« Si je devais avoir un regret, c'est de ne pas être parti plus tôt dans un club à l'étranger. C'est enrichissant à tous points de vue », devise encore Thierry Vincent. Autre enseignement : la fidélité sur un banc n'est pas la panacée. « J'ai fait dix ans à Mérignac, neuf ans et demi à Toulon, quatre ans à Celles-sur-Belle. Maintenant, je m'aperçois qu'il vaut mieux partir quand tout va bien. » Alors, malgré les suppliques de toutes parts, le Mister aquitain a quitté la côte tyrrhénienne. Passe son début d'été au bercail, avant d'endosser prochainement un « rôle transversal de manager-entraîneur » à Angoulême (N1). En parallèle, le projet Coupe d'Afrique des Nations 2026 avec la Guinée suit son cours. Le retour au quotidien hexagonal n'effacera pas les souvenirs, les rencontres transalpines. « Il y a des joueuses que je vais suivre. Comme on dit chez moi, si le petit cochon ne les mange pas, celles qui ont 19-20 ans peuvent faire une belle carrière... »

Thierry Vincent : le Salerne du bonheur 

International

mercredi 25 juin 2025 - © Laurent Hoppe

 4 min 3 de lecture

Par curiosité, nappée de défi, l'ancien entraîneur de Toulon ou Celles-sur-Belle s'est aventuré dans le sud de l'Italie toute la saison. Son retour d'expérience ne présente que des aspects positifs. Finaliste de la Coupe, sa jeune troupe a surtout remporté le championnat transalpin sans en être la favorite.

La tentation de Venise, c'est un truc de politiciens ou de milliardaires. La tentation de Salerne, une affaire d'amoureux de balle collante. L'un des plus passionnés, Thierry Vincent, y a cédé mi-2024. L'équipe féminine de cette ville portuaire italienne de quelque 130 000 âmes se cherchait alors un nouvel entraîneur. Le Landais, pour sa part, sortait d'une saison de D2 avec Celles-sur-Belle achevée tant bien que mal sur la troisième marche du podium. « Je ne voulais pas quitter le navire après la rétrogradation de LBE et le départ de six joueuses majeures. »

Son devoir deux-sévrien accompli, l'iconique coach de Toulon/Saint-Cyr (2009-2017) a décidé de franchir son Rubicon : s'expatrier un exercice entier. Un dépaysement inédit, quand bien même le sexagénaire gère de longue date des sélections africaines (Côte d'Ivoire, Congo, Guinée depuis 2021). « J'ai toujours voulu faire une ou plusieurs saisons à l'étranger comme responsable de club. Je voulais me tester. La seconde motivation était de constituer une équipe avec des potentiels, des jeunes en devenir. Les dirigeants, qui voulaient un entraîneur de mon profil, m'ont vendu un projet de développement. »


Un discours de vérité, le plus sensé considérant le personnel bleu et blanc à disposition. La moitié des seize joueuses « avait 20 ans ou moins », précise leur supérieur. « Sept joueuses étaient ou sont devenues internationales italiennes », dont Giulia Fabbo (21 ans). « Partie trop tôt » au centre de formation de Metz, l'arrière gauche y avait tout de même séjourné près de trois ans, avant de regagner sa ville natale via deux escales à Nice et Lomme (D2). Par ailleurs, « en Italie, on n'a droit qu'à trois étrangères ». La demi-centre danoise Cecilie Woller, « qui pourrait jouer dans tous les clubs en France », une gardienne suédoise et la Slovaque Karin Bujnochova, arrière d'Achenheim périodes N1 et D2, remplissent le quota.


Avec tous ces éléments, un reste de staff « 100 % italien » (en photo ci-dessus, avec l'entraîneur debout, deuxième en partant de la gauche), la communication s'est principalement établie en anglais. Aucun souci apparent de compréhension. « On a réussi à construire une vraie équipe. On a gagné le championnat à la surprise générale. » A la toulonnaise, notre interlocuteur ne s'en cache pas... Comme les Varoises de Thierry Vincent il y a quinze ans, le Salerne de Vincent Thierry a abordé la phase finale à quatre de Serie A1 en outsider. Troisième en saison régulière, mais premier pour dynamiter la hiérarchie. « On a gagné la demi-finale en trois matches, en ayant perdu le premier chez les deuxièmes, Pontinia. En finale, on a fait match nul en Sicile (28-28), et on a gagné de quatre buts chez nous (32-28) », le 24 mai. Une douce revanche sur Erice, son cortège de trentenaires bien connues de ce côté-ci des Alpes (l'arrière droit Alexandrina Cabral Barbosa, la gardienne Daniela Pereira), et la finale de Coppa Italia perdue en mars (23-25).


Pour la dixième fois, et la troisième lors des quatre dernières saisons, l'entité de Campanie (région de Naples) s'octroie le Scudetto. Symbolisé, dans tous les sports co, par le célèbre écusson vert-blanc-rouge. « C'est un résultat inespéré. J'ai passé une année merveilleuse. J'ai pris énormément de plaisir avec un groupe fabuleux. Les joueuses ont progressé, compris ce qu'être professionnelles voulaient dire. » Discours dithyrambique pour sous-titre explicite : il est toujours possible d'être coach français et prophète hors de son pays. A l'image de Frédéric Bougeant, qui a enrichi son palmarès international d'une Coupe de Grèce et deux finales (championnat, C3) avec l'AEK Athènes masculin.

« Si je devais avoir un regret, c'est de ne pas être parti plus tôt dans un club à l'étranger. C'est enrichissant à tous points de vue », devise encore Thierry Vincent. Autre enseignement : la fidélité sur un banc n'est pas la panacée. « J'ai fait dix ans à Mérignac, neuf ans et demi à Toulon, quatre ans à Celles-sur-Belle. Maintenant, je m'aperçois qu'il vaut mieux partir quand tout va bien. » Alors, malgré les suppliques de toutes parts, le Mister aquitain a quitté la côte tyrrhénienne. Passe son début d'été au bercail, avant d'endosser prochainement un « rôle transversal de manager-entraîneur » à Angoulême (N1). En parallèle, le projet Coupe d'Afrique des Nations 2026 avec la Guinée suit son cours. Le retour au quotidien hexagonal n'effacera pas les souvenirs, les rencontres transalpines. « Il y a des joueuses que je vais suivre. Comme on dit chez moi, si le petit cochon ne les mange pas, celles qui ont 19-20 ans peuvent faire une belle carrière... »

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