Depuis le MVM Dome, à Budapest
Dans la liste des choses que tout passionné de sport doit avoir vues/faites au moins une fois dans sa vie, assister au Final Four de la Ligue des Champions se situe assez haut. Derrière des Jeux Olympiques dans son pays, certes, mais assez haut.
Si on peut reprocher le mercantilisme forcené de l'EHF, caractérisé par l'alourdissement du calendrier de ses compétitions, il faut savoir reconnaître à la fédération européenne d'avoir rendu sa vitrine attractive depuis dix ans, et l'abolition des deux derniers tours de C1 femmes en aller-retour. Une formule qui a trouvé l'écrin idoine au dôme de Budapest. Un vaisseau de quelque 20 000 places jouxtant une gare routière et le stade de football de Ferencvaros, aux abords duquel des commerçants ambulants – non officiels – vendent drapeaux hongrois et écharpes bicolores inspirées par les affiches des demi-finales. Remarquons la réactivité de l'industrie textile magyare, qui a inséré à temps le visage de Nadine Szöllözi-Schätzl (joker de Chloé Valentini, arrivé en mars) dans le trombinoscope du Metz HB.
Le gigantisme du lieu, son labyrinthe intérieur pour accéder aux salles de presse, s'effacent assez vite. Accrédité ou non, le visiteur se laisse happer par l'atmosphère de kermesse, convaincre par la qualité de l'accueil, fasciner par le village aménagé sur le parvis. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut poser à côté d'une « Vamos Petra » (nous sommes en Hongrie, rappelons-le) ou d'une Henny Reistad en carton-pâte, à l'échelle 1. Que l'on peut assister à une démonstration de chien-drone, proposée par l'armée de terre locale. Que des enfants s'amusent à reconstituer, façon puzzle, les écussons des équipes. Avec un succès tout relatif pour celui des championnes de France, sens dessus dessous.
Ici, à chaque instant, tout est fait pour s'en prendre plein les yeux. Plein les oreilles, aussi. Comment oublier le bourdonnement de l'essaim vert ? Celui des aficionados de Györ, explosant littéralement à chaque but et scandant le prénom Hatadou une demi-douzaine de fois en seconde partie de finale ? Les interviews publiques d'avant-match des entraîneurs ont aussi eu leur charme. Les performances artistiques dans l'obscurité avant chaque rencontre, l'entrée des joueuses avec un nombre record d'écrans LED n'ont versé ni dans le pompeux, ni dans l'exagération. Sauf peut-être, quand l'équipe d'animation s'est laissée aller à chercher un sosie de Joe Biden dans la foule...
Le torrent d'émotions n'épargne personne. Encore moins les joueuses et leurs encadrements, qu'ils découvrent ou redécouvrent ce contexte hors du commun. Qui n'a même rien à voir avec celui d'un Mondial ou d'un Euro. Ainsi, samedi, en conférence de presse, « j'entendais l'entraîneur d'Odense avouer avoir senti son équipe un peu submergée par l'événement, par ce qui se passait », raconte Allison Pineau. La demi-centre messine convient que « les émotions sont décuplées dans un Final Four. C'est une scène, une salle incroyable. »
« Vivre un Final Four de cette ampleur, c'est magique », tranche Myriam Saïd-Mohamed, venue à Budapest en observatrice éclairée, et qui en a vu tant d'autres pendant et après sa vie de joueuse. « En termes d'ambiance, de professionnalisme, de valorisation du handball féminin, c'est top. On échange, on discute. J'ai parlé anglais dans tous les sens dans les tribunes, avec des gens que je ne connais pas ! J'espère qu'on arrivera à s'inspirer de cela en France, qu'on organisera un jour ce type d'événement. Les résultats des équipes de France le mériteraient », prône la championne du monde 2003.
Faire le comparatif avec le week-end fourre-tout, cloisonné, des finales de Coupe de France à Bercy, deux semaines plus tôt, c'est la parfaite définition de la formulation « deux salles, deux ambiances ». Une pensée, enfin, pour les supporters nantais, qui devront aussi prochainement passer la frontière pour frissonner de la sorte. Le Final Four masculin, c'est dans douze jours à Cologne (Allemagne)...