Ces dernières semaines, Guillaume Joli a dû exceller dans un costume d’architecte-retoucheur afin de préparer le Mondial des moins de 21 ans qui débute le 18 juin en Pologne. Entre ceux qui ont rajouté leur nom à la liste des blessés ou des convalescents et les autres, retenus en club avec des challenges à relever, l’entraîneur tricolore s’est adapté aux aléas de fin de saison. « Je me retrouve à gérer une situation complexe avec une compét’ qui débute moins de dix jours avant la fin des championnats nationaux.» Atypique en effet, mais depuis 2023, la Fédération Internationale a avancé les dates de sa compétition alors qu’avant le Covid, elle ne débutait qu’à la mi-juillet. La prépa aura donc lieu en deux phases (voir plus bas) avec un groupe réduit dès ce lundi à Tignes (Savoie). « Je suis obligé de jongler. En début de saison, tu pars sur un noyau de 10/12 joueurs titulaires et au final, tu te retrouves avec 4/5 éléments qui sont avec les pros et que tu ne peux pas solliciter. Pour cette 1ère semaine, je suis allé en chercher certains que j’avais peu utilisés jusque-là. » Et qui sait ? Certains auront peut-être l’opportunité de séduire le staff tricolore même si Guillaume Joli a l’articulation de son équipe-type en tête. 

Depuis sa prise de fonction il y a huit mois à la tête des U21 (en remplacement de Yohann Delattre), il a pu procéder à une vaste revue d’effectif. « Franchement, le bilan est plutôt positif avec des sorties qui vu le contexte, ont été pleines de bons enseignements. Il y a c’est vrai du boulot notamment dans la finition et encore des temps faibles qu’il faudra essayer de gommer. On a senti que la plupart des gars était en train de mûrir. Avec une volonté de notre part, d'incorporer des nouveaux (comme Noa Narcisse, Thomas Martinon, Noé Rataboul, Dimitri Claude, Adrien Seguin-Rodriguez). » Une constante également, pendant ces 6 derniers mois, affronter des nations leaders dans cette catégorie d’âge. Comme les Espagnols qui depuis 3 ans, ont tout gagné en compétition officielle. « On les bat largement au Portugal mais c’est vrai, ils n’étaient pas au complet. On récidive au Tiby (victoire dans les dernières secondes) avec une base défensive assez solide, on s’incline récemment en Suisse. Même s’ils étaient privés des frères Cikusa, ils avaient d’autres arguments et on s’est présenté là-bas avec 8 changements par rapport à la sélection initiale (Mouhamadou Sidibé par exemple - photo ci-dessous - a fait ses 1ers pas chez les ’’A’’). » Malgré cet aléa, la France s'est imposée face au pays hôte et surtout, d’un but, contre l’Allemagne.

Le compte à rebours est déclenché avec un départ pour la Pologne dans deux semaines et un coup d’envoi du championnat du Monde, deux jours plus tard. Guillaume Joli dressera une liste de 18 joueurs (16 sur le banc). Pour une entrée en matière plutôt progressive, face au Mexique et au Maroc (30è et 18è au ranking il y a 2 ans, à l'issue du Mondial U19 auquel les Tricolores n’étaient pas qualifiés à cause de leur piètre classement à l’Euro 2022). « Comme le temps de prépa est très court, j’espère que tout en respectant l'adversaire, ces deux matches vont nous permettre de monter en charge. Mais il faut garder à l’esprit que l’entrée dans une épreuve n’est jamais simple. » Un 1er jour de repos succèdera à ces deux échéances avant d’attaquer le Danemark, grand favori de la poule. « Les garçons connaissent cette équipe par cœur, à force de l’avoir affrontée. La dernière fois, c’était en début de saison, chez eux (deux défaites -1 et -4). On n’avait pas fait du résultat, l’objectif n°1, c’était une prise de contact avec quelques nouvelles têtes et un staff remanié. A Katowice (ville hôte du groupe E), on sera en quête de la meilleure performance. » Trois succès en autant de matchs au terme du tour préliminaire mettraient les Français dans une posture idéale pour aborder la suite. « On va rester prudent car ceux qui me font le plus peur, ce sont les nôtres ! Avec mes joueurs, quand cela devient évident, c’est là où c’est le plus dangereux. Je me méfie de tout excès d’optimisme. On verra sur le moment. Si on sort 1er de la poule, je ne tiendrai pas le même discours. » Voilà six ans et l’or mondial de la génération 98/99 qu’aucune équipe de France Jeunes n’est montée sur un podium. Pour certains u21, il s’agira sans doute de la dernière occasion de porter la tunique tricolore. Mais également de raviver la flamme.