Des Lorraines en maillot jaune
invaincues dans toutes les compétitions ? Ce ne sont pas du tout
celles que vous croyez... A vingt kilomètres au sud de Metz, l'AS
Pagny-sur-Moselle affole autant les statistiques, et inconsciemment
ses adversaires, que la référence nationale. Promues cette saison
en Prénationale, l'équivalent du niveau 6 dans le Grand Est, les
coéquipières de Fanny Louyat (pivot-capitaine) ont pris le chemin
le plus court vers l'accession en N3 territoriale : 19 victoires sur
19 en championnat, 13 points d'avance sur les dauphines. En Coupe de
France, mieux vaut encore plus éviter le club où l'arrière
internationale niçoise Marie-Hélène Sajka a débuté sa carrière
: 100 % de réussite en deux éditions. Soit depuis la relance d'un
collectif féminin seniors, courant 2023.
« Des anciennes joueuses, à
l'initiative de Mathilde Coste (ex-Montigny-les-Metz, N1), voulaient
revenir et reformer une équipe. On a fait monter des U17 pour
compléter l'effectif », explique simplement David Lerbscher.
Un tacticien de 47 ans qui regrette moins que jamais d'avoir renoué
avec la balle collante – il s'est consacré au foot pendant un
quart de siècle, dans un club amateur messin – il y a une dizaine
d'années. Parce qu'une deuxième finale d'affilée à Paris-Bercy se
profile. Le 20 avril 2024, les Meurthe-et-Mosellanes avaient eu leur
instant warholien en éteignant l'Etoile parisienne, à l'échelon
départemental (24-20). Ce samedi, dans le contexte régional, elles
en espèrent un autre aux dépens d'Aunis/La Rochelle/Périgny, fief
de D2 d'antan tout aussi souverain dans sa Ligue (premier de sa poule
de N3, une défaite en 21 journées disputées). Une division
d'avance en défaveur des Pagnotines ? C'était le cas tout au long
de leur parcours,
Premier tour (19 octobre 2024) :
Pagny – Bar-le-Duc 44-15
« Comme on a un effectif solide, des
filles assidues qui travaillent très bien, on avait l'ambition de
revivre une finale. C'est une source de motivation pour les filles
qui l'ont vécu l'an dernier. Pour celles qui nous ont rejoint, on
avait très envie de leur faire vivre qu'on a eu la chance de vivre.
Avec cette petite idée en tête, et le travail fourni, on était en
confiance. Ce premier tour est passé sans encombre. Bar est arrivé
avec peu de rotations, et sa meilleure joueuse s'est blessée assez
rapidement. Le suspense est vite retombé. »
Deuxième tour (16 novembre) : Pagny
– Marly 27-24
« On les avait rencontrées en
préparation. C'était un match intéressant, avec une très belle
opposition. Marly revient fort sur la fin, on ne gagne que de trois
buts. On a commencé à voir les jalons du projet de jeu que je mets
en place depuis deux ans. »
Troisième tour (21 décembre) :
Pagny qualifié sans jouer
Le dernier samedi avant Noël, « une
triangulaire était prévue avec Taissy et Gérardmer, et deux
équipes qui se qualifient. Malheureusement, Gérardmer a déclaré
forfait. La triangulaire a été annulée. »
32ème de finale (12 janvier 2025) :
Taissy – Pagny 16-25
Le rendez-vous avec les Marnaises a été
postposé de trois semaines... « Plus on avance dans la compétition,
plus on découvre nos adversaires. En fonction de nos investigations
ou, des fois, de pas mal de surprises en match... On connaissait peu
Taissy, on avait eu quelques échanges avec des joueuses de Marly qui
l'avaient rencontré en championnat. On partait dans l'idée de
développer notre projet de jeu, de poser nos problèmes à
l'adversaire. On travaille sur pas mal de choses, on a la chance
d'avoir pas mal d'options de jeu. »
Finales de secteur (23 février) :
Dole – Pagny (seizième) 26-34 ; Flavigny – Pagny (huitième)
22-27
Place aux journées à deux tours, aux
mi-temps de 25 minutes, sur terrain neutre. A Obernai, « le premier
match était assez accroché, jusqu'à l'expulsion de la meilleure
joueuse adverse. On fait la différence sur nos rotations. On n'a pas
faibli, j'ai la chance d'avoir des filles assez fortes sur le banc.
Au deuxième match, Flavigny revient à deux buts à cinq minutes de
la fin. Il a fallu batailler jusqu'au bout pour gagner. Ninon Pelé a
été très performante. » L'ancienne arrière du Havre et de Yutz a
inscrit 19 buts (12+7) ce jour-là.
Quart de finale (20 avril) : Voiron
– Pagny 20-23
Direction le Palais des sports de
Besançon, pour la première partie de la finale de zone. « Je n'ai
pas eu d'appréhension particulière, on s'était bien préparés. On
avait pu avoir des vidéos, on savait à quoi s'attendre sur le plan
défensif. On fait un match très maîtrisé, avec beaucoup de
rotations. L'entame de match était difficile, mais on revient vite,
pour faire un premier trou à la mi-temps. On ne s'est pas fait peur
en seconde mi-temps, pour arriver sereinement en demi-finale. »
Demi-finale (20 avril) : Livron –
Pagny 18-21
« Une gardienne performante (Aline
Vouriot, 16 arrêts) nous a posé beaucoup de problèmes. On a réussi
à trouver des solutions, à ne pas paniquer à certains moments. Il
y a eu beaucoup de maturité, et encore une fois une belle maîtrise,
individuelle et collective. Le stress est parti vite, effacé au
profit de l'envie de gagner. » Dans l'antre de l'ESBF comme dans la
salle domestique Roger-Bello, « on a la chance d'avoir beaucoup de
soutien », des supporters « très présents autour de nous. C'est
aussi une force. »
Finale (samedi 17 mai, 15 h, à
Paris-Bercy) : Pagny – Aunis
« Avoir déjà joué une finale, c'est
un gros avantage. On aura beaucoup plus de calme, moins
d'appréhension sur toute l'organisation, la veille de match. Ce vécu
nous amène certaines certitudes, un mode opératoire à dérouler
pour y arriver. On saura mieux gérer la préparation que l'année
dernière. Je demanderai aux filles d'être sereines, parce que le
travail fourni toute la saison est de qualité. On a fait exactement
ce qu'on voulait en terme de préparation physique. La semaine a été
consacrée à la récupération. Les filles vont arriver en forme,
prêtes physiquement, avec un projet de jeu mature et établi. Face à
nous, il y a un bel adversaire, qui présente aussi une très belle
saison. Ca promet un beau challenge. »