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Eli Chavez, pivot des grands jours

LBE

vendredi 18 avril 2025 - © Laurent Hoppe

 6 min 32 de lecture

Le déplacement de Plan-de-Cuques à Achenheim, ce samedi, sera l'un des tout derniers de l'Espagnole. A l'issue de vingt saisons de haut niveau, dont plus de la moitié de ce côté des Pyrénées, l'ex-internationale de 34 ans va prendre sa retraite sportive. Qu'ils soient fondateurs, heureux ou douloureux, l'heure de revisiter quelques dates qui ont compté dans sa longue carrière est venue.

Elisabeth Chavez Hernandez, de son nom complet, culmine à 1,92 m sans prendre quiconque de haut. Voilà treize saisons que la plus grande joueuse de Ligue féminine sous la toise promène son esprit sain, sa science de la défense en poste 3, sur les terrains de France... et de Navarre, ça va de soi. Une figure tellement familière, installée dans le paysage hexagonal, qu'on la penserait éternelle. Comme sa compatriote Marta Mangué. Sauf qu'à 34 printemps, la pivot espagnole du HBPC (près de 200 sélections A) se retirera dans quelques semaines, à la fin du championnat en cours. Avec, probablement, le sentiment du devoir accompli. Trop loin des places européennes, trop loin du stress du maintien, les Provençales d'Angélique Spincer voguent en septième position (8 victoires, 10 défaites). Dans les eaux de leur classement de l'an dernier, le meilleur de leur jeune histoire dans l'élite. Celle du grand livre d'Eli a commencé il y a plus de vingt ans, aux îles Canaries...


2005-2007 : sous statut VAP

Après seulement trois ans de pratique, l'adolescente débutait en Première division quand elle en a eu 15, à La Perdoma. « Un petit club qui venait de monter, pas encore structuré. » Son potentiel, sa précocité ne pouvaient que l'amener sur le continent. « A l'époque, il y avait des regroupements de 40 joueuses pour partir à seize en équipe nationale jeunes. On m'a repérée là, j'ai eu des propositions. Je décide de partir de chez moi, de Tenerife, à Valence. A l'époque, l'équipe (Mar Sagunto) jouait la Ligue des Champions, était championne d'Espagne. On m'a proposé d'aller au centre de formation, mais aussi en équipe première. Je me suis dit que j'avais peut-être une chance de devenir joueuse professionnelle. »


14 décembre 2008 : première finale internationale

Sévèrement battue par la Norvège (21-34), l'Espagne est vice-championne d'Europe en Macédoine du Nord. Tout juste majeure, Eli Chavez est la benjamine du collectif de Jorge Duenas. « C'était mes premières sélections. Je faisais les changements attaque-défense, je jouais en défense. C'était aussi le début d'un changement pour l'équipe d'Espagne. Avant, on ne réussissait jamais à avoir des médailles. Cette année-là, c'était la première. C'était un moment très spécial pour les anciennes (Garmendia, Oncina), qui voulaient partir à la retraite avec une médaille, et les jeunes joueuses. C'était incroyable d'y arriver. On avait fait un très beau championnat. » L'argent reviendra six ans plus tard.


11 août 2012 : le podium olympique

A Londres, huit mois après une médaille de bronze mondiale, les Ibériques soufflent la troisième place à la Corée du Sud (31-29 après deux prolongations). « Avec la médaille de 2008, c'est le moment le plus fort de ma vie professionnelle. J'ai accompli mon rêve d'enfant, de joueuse, le rêve de tout sportif. C'était aussi la reconnaissance de notre travail. A l'époque, on n'était pas trop égales avec les hommes », éliminés par les Experts en quarts. Une sorte de pied-de-nez en métal précieux à la fédé (RFEBM)...


Eté 2012 : arrivée en France dans l'urgence

« Pendant les JO, le président de Sagunto nous appelle. Il nous dit que le club va déposer le bilan. A ce moment-là, on se met toutes à chercher des clubs. J'ai un contact avec Sébastien Gardillou, qui part à Nice (promu en D1). Je me suis dit que c'était un bon compromis. La France est à côté de l'Espagne, ne change pas trop de chez nous... Les six premiers mois ont été compliqués : je ne parlais ni français, ni anglais. Après, ça s'est très bien passé. Je me suis adaptée à votre culture, votre manière de vivre, votre hand plus physique et costaud qu'en Espagne. Treize ans plus tard, je suis encore là (rires) ! » Alors qu'elle envisageait un retour au pays après deux saisons...


27 mars 2016 : victoire en Coupe de la Ligue

La finale remportée contre... Nice avec Fleury-les-Aubrais, rejoint à l'intersaison précédente, est la seule ligne ''française'' de son palmarès. « Un moment important, avec un club que j'ai beaucoup apprécié. Un club avec de grandes ambitions, qui est resté familial. J'y étais très épanouie. On avait une équipe extraordinaire, très complète »... et très espagnole. Avec Cabral, Mangué, Zoqbi de Paula, Fernandez Ibanez et Lopez Herrero, Fred Bougeant en comptait six au total.


2019 : signature à Plan-de-Cuques

Plus qu'une sollicitation, c'est une main tendue qu'offre Grégory Capelle, alors entraîneur d'une formation de D2. « J'avais été blessée aux ligaments croisés du genou à Nantes. J'ai passé un an et quatre mois à récupérer, j'étais dans le pire moment de ma carrière. » Malgré « des propositions d'équipes de D1 », le choix du « compromis » prévaut encore. « Je voulais avoir le temps de bien récupérer, et aider aussi Plan-de-Cuques à monter en Première division. » Mission doublement accomplie, reconnaissance éternelle. « C'est mon club de cœur, qui a été là quand les choses étaient très compliquées pour moi. Je ne peux que le remercier de m'avoir donné l'opportunité de continuer à jouer. Je me disais que je resterais un an ou deux, le temps que mon genou récupère. Quand je suis arrivée, j'ai compris tout de suite que je n'allais pas partir. » Mise en abîme de l'attachement...


24 septembre 2022 : débuts d'entraîneure adjointe

Joueuse en LBE, assistante de Charline Bellenger puis d'Arnaud Hays sur le banc de la réserve. Du moins, quand les calendriers sont compatibles. Le dédoublement de personnalité a cours depuis ce succès inaugural 31-16, en N2, contre Cagnes-sur-Mer. La promotion en N1, où Plan-de-Cuques campe actuellement en milieu de tableau, est arrivée du premier coup. « Ce rôle me plaît fortement. J'apprécie surtout de voir l'évolution des joueuses qui s'entraînent avec moi. Ce n'est pas toujours évident, mais ça se passe bien. Pendant trois ans, ce rôle m'a beaucoup apporté, comme j'ai pu apporter des choses aux jeunes. Mais je ne continuerai pas l'année prochaine. »


11 février 2025 : une coéquipière s'éteint

Difficile, encore, de s'exprimer sur le décès de la gardienne Jemima Kabeya, emportée par une méningite. Le choc, l'épreuve du deuil ont solidifié les liens déjà forts entre Cuquoises. « Cette année a été très compliquée pour tout le monde, surtout mentalement. On est fières de notre équipe, de nos valeurs, de ce que l'on fait tous les jours. On est une équipe soudée, qui se bat pour nous et surtout pour elle. » Depuis la disparition, le HBPC a signé trois victoires (Mérignac, à Paris, Aulnoye) et trois revers (Saint-Maur, à Besançon, Saint-Amand).


8 juin 2025 : der des ders

Sauf imprévu, Eli Chavez sortira de scène par la grande porte. A Brest. Comme elle l'avait planifié, annoncé, dès le début d'exercice. « J'essaie de ne pas y penser, de vivre au jour le jour, match après match. » Quelle vie après l'arc des 6 mètres ? « Ca fait un moment que je réfléchis à une reconversion professionnelle. J'ai des diplômes en Espagne, que je n'arrive pas à faire valider en France. J'ai envie de me reconvertir en France, de rester à Plan-de-Cuques. »


Strasbourg/Achenheim – Plan-de-Cuques (19ème journée de LBE), samedi 19 avril à 20h30

Eli Chavez, pivot des grands jours 

LBE

vendredi 18 avril 2025 - © Laurent Hoppe

 6 min 32 de lecture

Le déplacement de Plan-de-Cuques à Achenheim, ce samedi, sera l'un des tout derniers de l'Espagnole. A l'issue de vingt saisons de haut niveau, dont plus de la moitié de ce côté des Pyrénées, l'ex-internationale de 34 ans va prendre sa retraite sportive. Qu'ils soient fondateurs, heureux ou douloureux, l'heure de revisiter quelques dates qui ont compté dans sa longue carrière est venue.

Elisabeth Chavez Hernandez, de son nom complet, culmine à 1,92 m sans prendre quiconque de haut. Voilà treize saisons que la plus grande joueuse de Ligue féminine sous la toise promène son esprit sain, sa science de la défense en poste 3, sur les terrains de France... et de Navarre, ça va de soi. Une figure tellement familière, installée dans le paysage hexagonal, qu'on la penserait éternelle. Comme sa compatriote Marta Mangué. Sauf qu'à 34 printemps, la pivot espagnole du HBPC (près de 200 sélections A) se retirera dans quelques semaines, à la fin du championnat en cours. Avec, probablement, le sentiment du devoir accompli. Trop loin des places européennes, trop loin du stress du maintien, les Provençales d'Angélique Spincer voguent en septième position (8 victoires, 10 défaites). Dans les eaux de leur classement de l'an dernier, le meilleur de leur jeune histoire dans l'élite. Celle du grand livre d'Eli a commencé il y a plus de vingt ans, aux îles Canaries...


2005-2007 : sous statut VAP

Après seulement trois ans de pratique, l'adolescente débutait en Première division quand elle en a eu 15, à La Perdoma. « Un petit club qui venait de monter, pas encore structuré. » Son potentiel, sa précocité ne pouvaient que l'amener sur le continent. « A l'époque, il y avait des regroupements de 40 joueuses pour partir à seize en équipe nationale jeunes. On m'a repérée là, j'ai eu des propositions. Je décide de partir de chez moi, de Tenerife, à Valence. A l'époque, l'équipe (Mar Sagunto) jouait la Ligue des Champions, était championne d'Espagne. On m'a proposé d'aller au centre de formation, mais aussi en équipe première. Je me suis dit que j'avais peut-être une chance de devenir joueuse professionnelle. »


14 décembre 2008 : première finale internationale

Sévèrement battue par la Norvège (21-34), l'Espagne est vice-championne d'Europe en Macédoine du Nord. Tout juste majeure, Eli Chavez est la benjamine du collectif de Jorge Duenas. « C'était mes premières sélections. Je faisais les changements attaque-défense, je jouais en défense. C'était aussi le début d'un changement pour l'équipe d'Espagne. Avant, on ne réussissait jamais à avoir des médailles. Cette année-là, c'était la première. C'était un moment très spécial pour les anciennes (Garmendia, Oncina), qui voulaient partir à la retraite avec une médaille, et les jeunes joueuses. C'était incroyable d'y arriver. On avait fait un très beau championnat. » L'argent reviendra six ans plus tard.


11 août 2012 : le podium olympique

A Londres, huit mois après une médaille de bronze mondiale, les Ibériques soufflent la troisième place à la Corée du Sud (31-29 après deux prolongations). « Avec la médaille de 2008, c'est le moment le plus fort de ma vie professionnelle. J'ai accompli mon rêve d'enfant, de joueuse, le rêve de tout sportif. C'était aussi la reconnaissance de notre travail. A l'époque, on n'était pas trop égales avec les hommes », éliminés par les Experts en quarts. Une sorte de pied-de-nez en métal précieux à la fédé (RFEBM)...


Eté 2012 : arrivée en France dans l'urgence

« Pendant les JO, le président de Sagunto nous appelle. Il nous dit que le club va déposer le bilan. A ce moment-là, on se met toutes à chercher des clubs. J'ai un contact avec Sébastien Gardillou, qui part à Nice (promu en D1). Je me suis dit que c'était un bon compromis. La France est à côté de l'Espagne, ne change pas trop de chez nous... Les six premiers mois ont été compliqués : je ne parlais ni français, ni anglais. Après, ça s'est très bien passé. Je me suis adaptée à votre culture, votre manière de vivre, votre hand plus physique et costaud qu'en Espagne. Treize ans plus tard, je suis encore là (rires) ! » Alors qu'elle envisageait un retour au pays après deux saisons...


27 mars 2016 : victoire en Coupe de la Ligue

La finale remportée contre... Nice avec Fleury-les-Aubrais, rejoint à l'intersaison précédente, est la seule ligne ''française'' de son palmarès. « Un moment important, avec un club que j'ai beaucoup apprécié. Un club avec de grandes ambitions, qui est resté familial. J'y étais très épanouie. On avait une équipe extraordinaire, très complète »... et très espagnole. Avec Cabral, Mangué, Zoqbi de Paula, Fernandez Ibanez et Lopez Herrero, Fred Bougeant en comptait six au total.


2019 : signature à Plan-de-Cuques

Plus qu'une sollicitation, c'est une main tendue qu'offre Grégory Capelle, alors entraîneur d'une formation de D2. « J'avais été blessée aux ligaments croisés du genou à Nantes. J'ai passé un an et quatre mois à récupérer, j'étais dans le pire moment de ma carrière. » Malgré « des propositions d'équipes de D1 », le choix du « compromis » prévaut encore. « Je voulais avoir le temps de bien récupérer, et aider aussi Plan-de-Cuques à monter en Première division. » Mission doublement accomplie, reconnaissance éternelle. « C'est mon club de cœur, qui a été là quand les choses étaient très compliquées pour moi. Je ne peux que le remercier de m'avoir donné l'opportunité de continuer à jouer. Je me disais que je resterais un an ou deux, le temps que mon genou récupère. Quand je suis arrivée, j'ai compris tout de suite que je n'allais pas partir. » Mise en abîme de l'attachement...


24 septembre 2022 : débuts d'entraîneure adjointe

Joueuse en LBE, assistante de Charline Bellenger puis d'Arnaud Hays sur le banc de la réserve. Du moins, quand les calendriers sont compatibles. Le dédoublement de personnalité a cours depuis ce succès inaugural 31-16, en N2, contre Cagnes-sur-Mer. La promotion en N1, où Plan-de-Cuques campe actuellement en milieu de tableau, est arrivée du premier coup. « Ce rôle me plaît fortement. J'apprécie surtout de voir l'évolution des joueuses qui s'entraînent avec moi. Ce n'est pas toujours évident, mais ça se passe bien. Pendant trois ans, ce rôle m'a beaucoup apporté, comme j'ai pu apporter des choses aux jeunes. Mais je ne continuerai pas l'année prochaine. »


11 février 2025 : une coéquipière s'éteint

Difficile, encore, de s'exprimer sur le décès de la gardienne Jemima Kabeya, emportée par une méningite. Le choc, l'épreuve du deuil ont solidifié les liens déjà forts entre Cuquoises. « Cette année a été très compliquée pour tout le monde, surtout mentalement. On est fières de notre équipe, de nos valeurs, de ce que l'on fait tous les jours. On est une équipe soudée, qui se bat pour nous et surtout pour elle. » Depuis la disparition, le HBPC a signé trois victoires (Mérignac, à Paris, Aulnoye) et trois revers (Saint-Maur, à Besançon, Saint-Amand).


8 juin 2025 : der des ders

Sauf imprévu, Eli Chavez sortira de scène par la grande porte. A Brest. Comme elle l'avait planifié, annoncé, dès le début d'exercice. « J'essaie de ne pas y penser, de vivre au jour le jour, match après match. » Quelle vie après l'arc des 6 mètres ? « Ca fait un moment que je réfléchis à une reconversion professionnelle. J'ai des diplômes en Espagne, que je n'arrive pas à faire valider en France. J'ai envie de me reconvertir en France, de rester à Plan-de-Cuques. »


Strasbourg/Achenheim – Plan-de-Cuques (19ème journée de LBE), samedi 19 avril à 20h30

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Résultats de la dernière journée

Jour.  Equ Rec  Equ Vis  Score  Stats  Date 
#13 Metz Brest 23 22 12/02/2025 20:00
#13 Mérignac Besançon 27 27 12/02/2025 20:00
#13 Toulon Sambre-Avesnois 29 32 12/02/2025 19:30
#13 Paris 92 Chambray 30/04/2025 20:00
#13 Strasbourg Achenheim St Maur 29 24 12/02/2025 20:00
#13 Plan de Cuques St Amand les Eaux 27 28 05/04/2025 20:00
#13 Nice Dijon 29 31 12/02/2025 20:30

Prochaine journée

Journée  Equ Rec  Equ Vis  Date 
#14 Besançon Plan de Cuques 02/04/2025 20:00
#14 Dijon Metz 19/02/2025 20:00
#14 Brest Mérignac 19/02/2025 20:00
#14 Strasbourg Achenheim Paris 92 19/02/2025 19:30
#14 St Maur Nice 19/02/2025 20:30
#14 Chambray Toulon 19/02/2025 20:00
#14 St Amand les Eaux Sambre-Avesnois 19/02/2025 19:30

Classement

Place Journée  Equipe  MJ  Vic  Nul  Déf 
1 Metz 54 18 18 0 0
2 Brest 52 18 17 0 1
3 Dijon 42 18 12 0 6
4 Nice 39 18 10 1 7
5 Chambray 39 17 10 2 5
6 Besançon 39 18 10 1 7
7 Plan de Cuques 34 18 8 0 10
8 Strasbourg Achenheim 34 18 7 2 9
9 Paris 92 31 17 7 0 10
10 Sambre-Avesnois 30 18 6 0 12
11 St Amand les Eaux 28 18 5 0 13
12 St Maur 28 18 4 2 12
13 Mérignac 26 18 3 2 13
14 Toulon 24 18 2 2 14