La formation et le coaching font partie de l'ADN de Stéphane Imbratta. A Ivry, pour débuter avec ensuite, la consécration en 2007 et un titre de champion de France de D1, puis à Tremblay en France où entre prise en charge des talents et gestion de l'équipe professionnelle, il collectionne les acessits. A 52 ans, lui qui n'a connu que l'Ile de France, change de cap, direction la Savoie et le centre de formation de Chambéry. Voilà à peine deux ans que l’Académie imaginée par le directeur général du club Laurent Munier a ouvert ses portes aux 1ers stagiaires et le Montreuillois de naissance ne peut que se sentir à l’aise dans ce véritable écrin. « L’outil de travail est optimal. C’est un lieu de vie avec des secteurs bien identifiés. L’hébergement pour tous nos jeunes (des studios de 25 m²), un espace détente, un autre pour la restauration, un cabinet pour le suivi médical, des kinés à disposition, une salle de muscu, des vestiaires et surtout une aire de jeu (avec 400 places en tribune). Et c’est situé à 300m du Phare là où s’entraînent et évoluent les pros. Que demander de plus ? Et puis, regarde ce qu’il y a autour. Toute cette verdure, ce paysage extraordinaire au pied des montagnes.» Dès qu’un jeune talent intègre la structure, le suivi se met en place. Qu’il soit scolaire, sportif et médical. Aucun paramètre n’est laissé au hasard. Et si un des résidents a l’infortune d’arriver en retard à une séance, il doit avancer une raison bien valable pour éviter la colère du coach ou la contribution à la cagnotte de l’équipe. Dans un tel contexte, le niveau d’exigence est inévitablement plus élevé. « Le but avoué est d’alimenter l’équipe pro notamment dans les moments un peu plus difficiles où il y a des blessés. Les jeunes participent aux entraînements et certains se retrouvent sur les feuilles de match en D1. Les échanges sont permanents avec Asier (Antonio, l’entraîneur de la Une) qui exprime ses besoins complémentaires sur certains postes, on est aussi attentif par rapport à ce que produisent tous nos jeunes, à leur rigueur. » Objectif majeur pour ces jeunes formés dans un pôle espoirs, intégrer dans les meilleures conditions un centre de formation. Une entrée qui se mérite et qui est sanctionnée par des tests très rigoureux. « On reçoit une centaine de candidatures par an pour seulement douze places, cela peut être moins, tout dépend des générations mais aussi des opportunités qu’on va avoir sur la détection. Il y a aussi des impératifs. Le cas concret cette saison, c’est qu’en pro, il n’y a qu’un seul ailier droit, Benjamin Richert. Sur ce poste-là, on voulait avoir deux joueurs au centre. » Ce n’est donc pas anodin si les noms d’Emilien Peyronnet et de Loan Felix-Andrieu sont apparus à 5 et 8 reprises depuis septembre sur une feuille de Starligue. Pour le Chambéry Savoie Mont-Blanc, puiser dans le réservoir et incorporer des talents du cru est une nécessité économique. « Chambéry est une commune à taille humaine qui n’a pas les moyens d’une grosse métropole donc il faut s’appuyer sur ses qualités. On a la chance de travailler avec le Pôle, donc on privilégie dans un 1er temps, les talents de la Ligue AURA mais on ne se refuse rien. » Avec pour tout entraîneur, transformé en chercheur d’or, le devoir de ne pas laisser passer la pépite entre les mailles du tamis. « Si elle est chez nous, tant mieux (sourires), si elle est à l’extérieur, nous ne serons pas les seuls à la convoiter. A nous d’être les plus persuasifs auprès du jeune et de sa famille.» A Chambéry, comme partout, le challenge commence aux portes du centre de formation.
Mathis Burdet, une (Sa)voie toute tracée
Le handball ? Mathis Burdet y est tombé dedans à 6 ans. Et pour se persuader un peu plus de faire le bon choix, il a mené de pair, deux disciplines. « Je jouais au foot le samedi matin et l’après-midi, je me retrouvais sur un parquet. C’était assez éprouvant et j’ai arrêté au bout de deux saisons pour ne me consacrer qu’au hand alors que mes deux sœurs ont suivi ma mère au basket. » Depuis qu’il est en âge de marcher et de courir, le gamin accompagne Lionel, le papa, joueur du CO Chambéry et l’oncle Cédric qu’on retrouvera plus tard, sous les couleurs de Montpellier et en France A. Il y a aussi Mathias le cousin de 7 mois son cadet (aujourd'hui à St Raphaël) qui a attrapé le "virus". C’est à Annecy-le-Vieux dans le fief familial que tout démarre. « Une ambiance ‘’bande de potes’’ avec quand même quelques apparitions en N1 élite, décrit-il. Je n’en suis parti qu’à l’été 2023 lorsque j’ai rejoint le centre de formation de Chambéry. » A moins d’une heure de route. Le changement est majeur. « J’ai découvert un autre monde avec tous les outils à portée de mains et franchement si quelqu’un se plaint sur la qualité des installations, c’est abusé.» L’apprentissage intensif a donc commencé la saison dernière. Avec depuis la rentrée, un cursus universitaire en gestion administrative et commerciale. « Pour assurer ses arrières, on ne sait jamais ce qui peut arriver. En plus, cela m’ouvre vers l’extérieur, je vois d’autres personnes qui n’ont pas de lien avec le hand. » Juste ce qu’il faut car de retour sur l’Académie, à l’ombre du Phare, la petite balle accompagne le quotidien. « J’évolue essentiellement en N1. Notre groupe varie en fonction des besoins de l’équipe Une et comme il y a des blessés chez les pros, nous ne sommes jamais au complet. »
Quelle ne fut pas sa joie et son excitation lorsque le 13 septembre dernier, il a pris part au déplacement à Créteil à l’occasion de la 2ème journée en Starligue. « Je ne m’y attendais vraiment pas et même si je ne suis pas entré en jeu, j’ai vécu cela assez intensément. » Le doute n’est plus permis, la voie et les objectifs sont tracés. « Bien-sûr que je veux renouveler l’expérience. Il me reste deux ans et demi au centre, dans ma tête c’est clair, je veux passer pro. Mais je suis conscient qu’il y a encore du travail. Il faut que je m’épaississe, que je prenne encore plus de repères. » Sur le poste stratégique de demi-centre. De là à penser que l’intéressé a toujours eu la fibre du leader dans un groupe ? « J’ai été positionné là, grâce à ma vision du jeu et ma vitesse. » Mathis Burdet est depuis le début, sur les tablettes des responsables du Parcours de performance fédéral et convoqué régulièrement en sélections Jeunes. « Cela fait trois ans que je porte le maillot tricolore, c’est une chance et une fierté. Je bosse vraiment pour être constant et je peux dire que je fais partie des éléments-cadres de l’équipe. » Avec une courbe sinusoïdale au niveau des résultats. Les moins de 19 ans ont terminé 12èmes de l’Euro estival au Monténégro et surtout, n’ont pas convaincu sur deux matches majeurs (contre le Portugal et la Hongrie) lors du dernier Tiby. « Tu es Français, tu joues à la maison, tous les regards sont braqués sur l’équipe donc tu dois donner le maximum. On a eu de vrais manques face à deux gros adversaires. On doit faire chacun son autocritique et ensuite, avoir une approche collective dans l’analyse. » Pour mieux rebondir en 2025 avec un championnat du monde U19 l’été prochain en Egypte. « On peut légitimement viser entre la 5è et la 9è place. Sans refuser de voir plus haut. Si je suis retenu, ce sera la fin d’un cycle pour moi puisqu’ensuite, je basculerai en moins de 21 avec Guillaume (Joli). » Dans les mois à venir, l’emploi du temps de celui qui a comme modèles Nikola Karabatic, Luc Steins et Petar Nenadic (excusez du peu!) s’annonce chargé.