Pauline Robert a beaucoup de boulot cette semaine. Mercredi soir, il lui faudra neutraliser du mieux possible Pauletta Foppa et Oriane Ondono, ses éminentes consoeurs brestoises, dans la dernière journée de championnat de l'année civile. Celle avec le plus d'étreintes avant et après match, tant les ex-Bisontines sont légion au BBH : Clarisse Mairot, Juliette Faure, Audrey Dembélé, et bien entendu le binôme technique Raphaëlle Tervel / Sandrine Delerce. 72 heures plus tard, la pivot ententiste sera invitée à une fête des voisines inédite. Pour la première fois en compétition officielle, en l'espèce la Coupe de France, les pros de l'ESBF ''recevront'' Palente (D2)... avec qui elles partagent le Palais des sports Ghani-Yalouz.
L'agenda hebdomadaire n'est que la partie émergée, publique, de l'emploi du temps de la capitaine rouge. « Depuis deux ans, je travaille en logistique, un jour par semaine, dans une plateforme qui livre » la marchandise vendue dans des supermarchés à une lettre. « Avoir quelque chose à côté du hand, ça m'est très important. Je me dis que j'apprends mon futur métier. Ca me sort aussi la tête du hand. C'est important de relativiser, de pouvoir voir ce qui se fait à côté, de transposer ce qu'on a appris au handball dans le monde de l'entreprise », et vice-versa. « C'est très enrichissant. »
Après avoir suivi une licence de psychologie, une autre en ressources humaines « où j'ai été en alternance », Pauline Robert s'est engagée dans une troisième voie, extension de ses études dans le secteur achats. « Je n'ai pas envie de me dire, à la fin de ma carrière, que je n'ai eu que le handball comme expérience professionnelle. Dans le hand, on est mis dans un cocon, et ce n'est pas du tout la réalité du monde de l'emploi. J'avais envie d'avoir une expérience concrète autre », soutient-elle.
Tout l'inverse de ses aspirations sportives. Bisontine depuis 2013, la numéro 23 a renouvelé son contrat jusqu'en 2026. « Tout se passe bien pour le moment. Même si on ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait, ce serait beau de faire son parcours professionnel au même endroit. Pas beaucoup de joueuses ont l'opportunité de pouvoir le faire. Je suis à une heure de ma famille, de mes amis, de là où j'ai grandi. Ce n'est pas négligeable. Je me sens d'autant plus chanceuse. »
Non, sa langue n'a pas fourché. Oui, la casanière présumée n'est pas Doubienne 100 % pur jus. « Je suis originaire de Provenchère, en Haute-Saône », le département du dessus, « à une cinquantaine de minutes de Besançon ». « J'ai découvert le hand à l'UNSS, quand j'avais 12 ans. Je jouais avec une fille dont la mère était entraîneure. J'ai rejoint son club, Val de Saône, où j'ai fait deux, trois ans. » Une rencontre presque aussi décisive que celle, ultérieure, avec Raphaëlle Tervel. « Elle m'a tout appris. Des choses que je fais encore maintenant viennent d'elle. » Entre pivots, la transmission des savoirs fut naturelle, fluide. L'élève modèle n'a cessé de les appliquer sous les ordres de Sébastien Mizoule, « mon ancien entraîneur au centre de formation », et de Jérôme Delarue depuis cette saison.
Les coaches se succèdent, Pauline Robert reste. Telle Alizée Frécon-Demouge, championne toutes catégories de l'assiduité (*), celle qui aura 28 ans le mois prochain a vécu toutes les péripéties bisontines de la dernière décennie. De la descente en D2, l'année de son entrée au centre de formation (2014), aux soirées de Ligue européenne (2017-2023). Sans oublier une finale de Coupe de France à Bercy, en juin 2022. Une histoire commune, principalement façonnée au Palais des sports, résidence secondaire officielle. « Ici, on est dans un club sain, familial. Il y a une vraie âme, une vraie histoire. On sent les gens, les partenaires, attachés au club. »
Une entité franc-comtoise attachée, pour sa part, au milieu de tableau de LBE. A une heure de la pause Euro, le huitième de l'exercice précédent avance dans le peloton compact des candidats à l'Europe. Si le bilan chiffré est équilibré (3 victoires, 3 défaites, 6ème place), avant d'accueillir le vice-champion, l'analyse laisse échapper certaines nuances. « On a bien vécu les deux premiers matches contre Plan-de-Cuques et Paris (succès 25-30 et 28-25). Les défaites face à Dijon (32-36, 3ème journée), où on n'a pas existé en première mi-temps, et Chambray (27-25, 4ème journée) ont un goût amer. Les plus gros matches (-16 à Metz il y a une semaine, Brest demain) vont passer. On pourra attaquer de plus belle après la trêve, contre des équipes quasiment toutes en dessous de nous pour le moment (Saint-Amand et Achenheim à l'extérieur, Saint-Maur à domicile). Là, on n'aura pas le droit à l'erreur. »
Celui de rêver en bleu, près de dix ans après le collectif juniors, redevient permis. Derrière Foppa, Bouktit et Ondono, Sébastien Gardillou a inséré Pauline Robert dans la hiérarchie des pivots en équipe de France. Et dans une présélection de 35 joueuses avant écrémage, dévoilée fin octobre. « C'est une belle reconnaissance de son travail, ça donne envie d'en faire plus, sourit la logisticienne. Pour le moment, il y a des pivots très forts en équipe de France, il n'y a rien de concret. On ne sait jamais ce qui peut arriver, il faut que je me tienne prête au cas où. »
(*) la demi-centre de 30 ans porte le maillot de l'ESBF depuis le... baby hand.
Besançon – Brest (7ème journée de LBE), mercredi 13 novembre à 20 h