Avant le 30 juin, le palmarès de Louane Texier ressemblait à un terrain constructible. Vierge, comme un champ de tous les possibles. Délivré à Skopje, le permis de bâtir a généré la pose de la première pierre. Dorée, précieuse : un titre mondial juniors, sans précédent chez les filles. La « petite note sympa sur le CV » a d'abord eu une résonance locale, avec une réception dans son village natal des Deux-Sèvres, Périgné. La reconnaissance nationale, différée, a pris la forme d'une réunion de groupe en marge du match amical France – Hongrie A, le dernier samedi d'octobre à Tremblay. Clin d'œil indirect à l'affiche de la finale estivale... « Quand on a été sacrées, peu de gens savaient qu'on existait. Le handball n'est pas le sport le plus télévisé, surtout dans les catégories jeunes. Avoir été mises en avant devant tout un public, c'est grandiose. C'est un énorme respect pour nous, ce qu'on a fait. »
Un jour peut-être, le nom de l'ailière gauche de 19 ans apparaîtra dans une présélection bleue pour un grand événement seniors. Voire mieux. En l'état, le plan de carrière échafaudé par la Mérignacaise est un peu moins avancé. « Jouer en Coupe d'Europe », c'est l'ambition à moyen terme. « Evoluer dans un club professionnel, en Première division », c'est le présent. La proximité géographique lui aurait commandée de rester à Celles-sur-Belle, « club formateur » quitté en 2022. D'autres impératifs l'ont aiguillée vers un autre. « J'ai eu une proposition de Mérignac. J'ai préféré y partir pour pouvoir suivre mes études. Je suis en DUT génie civil, construction durable. »
Pas encore sous contrat professionnel, contrairement aux frangines Borg (Enola, Lylou) et Assa Sissoko, celle qui veut « travailler dans le bâtiment » le moment venu alterne entraînements, matches et cours à Bordeaux. « Grâce aux horaires aménagés » de ces derniers, « j'ai le temps de tout faire. » Un emploi du temps dense, effréné, calqué sur le tempérament de la demoiselle. Un esprit de bâtisseuse, vif, remuant. Dans sa tendre enfance, déjà, elle gambadait sur les terrains où jouait sa mère, à l'échelon régional. L'habitude prise à l'aube des années 2010 perdure, tenace. Entre monter les ballons au galop et attendre l'autorisation de décollage dans son coin gauche, le choix est... rapide. « J'aime courir, être devant. En attaque placée, j'aurais tendance à beaucoup moins intervenir dans le jeu. »
Malgré une prédisposition sous la toise (1,65 m), Louane Texier n'a pas toujours été référencée au poste 1. « J'ai commencé ma formation sur la base arrière. A mon entrée au pôle d'excellence de Talence, les coaches m'ont dit que pour espérer faire des stages, jouer en équipe de France jeunes, il fallait que je me spécifie sur deux postes. Et c'est l'aile gauche qui a le plus payé. » Toutefois, au gré des besoins et indisponibilités, la Girondine d'adoption a toutefois reculé d'un cran à moult reprises, la saison dernière. « Je joue toujours sur la base arrière quand je descends en N1 », complète-t-elle. Son statut ''centre de formation troisième année'' tolère en effet les doublons, sans quota. En deux mois, on recense ainsi quatre présences en six journées. LBE le mercredi, réserve (coleader de sa poule) le week-end avec Lina Colinot, ça se goupille bien aussi...
Dans l'élite, la sédentarisation a repris son cours. Christophe Chagnard, son coach principal au MHB, a porté le temps de jeu de son ailière à plus ou moins 25 minutes par match. L'a titularisée, fait nouveau, vendredi dernier contre Plan-de-Cuques. Une rencontre perdue (26-31), fait récurrent. A l'image de la saison passée, celle du repêchage, le début d'exercice est laborieux. Aucune victoire en cinq tentatives, une sur six il y a un an. Si Brest (23-41, 2ème journée) et Achenheim (41-29 en Alsace, 3ème journée) étaient inaccessibles, les revers chez le promu Sambre Avesnois (21-20) et à Saint-Maur (25-22, 1ère journée), autre rival pour le maintien, interpellent plus. « On est un collectif très jeune, avec la moyenne d'âge la plus jeune du championnat. On a moins d'expérience que les autres équipes. On arrive quand même à se mobiliser, notamment à Sambre. Un match très frustrant, qu'on menait avant de perdre sur le fil. Des petits détails sont à régler : l'efficacité au shoot, tenir plus longtemps le ballon en attaque, perdre moins de balles. Il faut arriver à gagner en agressivité en défense, ça ne peut qu'aller dans le positif. »
La cote d'alerte de la Garonne n'est pas encore atteinte. Mérignac s'en était sorti par ses propres moyens dernièrement, atteignant la dixième place (sur 14) avec six succès. Dont deux face à Toulon, prochain hôte de la défense la plus perméable de LBE. L'occasion rêvée d'abandonner la lanterne rouge à Saint-Amand-les-Eaux. De s'offrir une semaine de répit avant de boucler l'année civile par la réception de Metz (*). Dans la capitale varoise, « on va mettre tous les moyens en œuvre pour décrocher la victoire », promet Louane Texier. Chantier d'envergure, s'il en est...
(*) Mérignac accueillera Celles le 16 novembre, en Coupe de France. Le MHB y a gagné son seul match officiel à ce jour (25-29 à Bègles, le 7 septembre).
Toulon – Mérignac, 6ème journée de LBE, mercredi 6 novembre (19h30)