Joueuses et joueurs ont depuis quelques mois révisé leur géographie et savent désormais situer Bahreïn sur une carte. Un archipel isolé dans le Golfe Persique à plus de 4500 km et 11h d’avion de la France métropolitaine. C’est ce voyage qu’effectueront les filles du lycée Jules Haag de Besançon et les garçons de Raymond Naves à Toulouse. Ils participent aux ‘’Gymnasiades 2024’’, sorte de Jeux Olympiques scolaires, organisés tous les deux ans (la dernière édition s’est déroulée en France en Normandie) et qui cette fois, réunissent près de 5000 participants de 70 pays, répartis dans 26 disciplines. Pour en arriver là, les deux équipes issues de la section sportive handball de leur établissement ont remporté cette année, le championnat de France UNSS. « Depuis 14 ans, nous sommes présents aux finalités du championnat de France et nous l’avons gagné à six reprises, s’enorgueillit Stéphane Delerce, le responsable bisontin. Une fois qu’on a rempli notre mission sur le plan sportif et qu’on s’est offert le droit de participer aux Gymnasiades, il a fallu se pencher sur la faisabilité du projet. » Le problème à surmonter était de taille. Comme aucune aide ne tombait du ciel, les participants eux-mêmes ont dû trouver les sommes nécessaires pour financer l’inscription, le voyage et l’hébergement. A Besançon comme à Toulouse, les entraîneurs mais surtout les parents des jeunes athlètes se sont transformés en collecteurs de fonds. « On a frappé à plusieurs portes et selon les interlocuteurs, on a été plus ou moins bien entendus, explique Stéphane Delerce. Le lycée a mis la main à la poche, la région également mais c’est surtout le mécénat privé et une cagnotte en ligne qui nous ont permis de rassembler un budget de 30 000 euros environ. On peut vraiment se poser des questions. On nous demande de nous débrouiller par nous-mêmes et en parallèle, un article de presse (paru dans le quotidien sportif ‘’L’Equipe’’ ce mardi 15 octobre) parle de malversations et de la gestion plutôt opaque de ceux qui sont à la tête des structures scolaires. Les passionnés que nous sommes, ont du mal à comprendre ce décalage. Mais ce qui compte avant tout, c’est que nos jeunes vivent pleinement leur aventure.» Si les informations provenant du Golfe Persique sont distillées au compte-gouttes concernant notamment le déroulé de la compétition et les adversaires que les deux formations tricolores auront à affronter, l’objectif est commun. « C’est une expérience qu’on veut vivre à fond même si on a du mal à s’imaginer ce que ça peut représenter, appuie Roméo Joannel, un des ailiers du Lycée Raymond Naves (photo de tête). On a tout fait pour y être… donc, autant en profiter. On sait qu’on va jouer contre des sélections nationales, on représente non seulement notre lycée mais aussi notre pays, et c’est important.» Issu d’une famille de handballeurs, le joueur U18 du Fenix Toulouse est comme tous ses partenaires et les joueuses bisontines, pressé de s’envoler vers une expérience qui à coup sûr, marquera son parcours sportif.
La délégation féminine de la section sportive du lycée Jules Haag (Besançon)
GRD: Margo De Pauw, Léa Faivre - ALD: Lou-Anne Cong, Justine Methot - PVT: Maelys Eudaric, Erin Parent - ARG: Chloé Frossard, Cassandra Girard, Félicie Tribout - DC: Florie Noël, Faustine Pochard, Agathe Neuville - ARD: Lou Vernassier - ALG: Emma Barberet / Coaches: Stéphane Delerce, Ylais-Yane Thoulouze
La délégation masculine de la section sportive du lycée Raymond Naves (Toulouse)
GRD: Enzo Ditta, Robin Massip - ALD: Robin Lacanal - PVT: Lucas Laurens, Timeo Ybanez - ARG: Arthur Button, Evan Dida, Antoine Laberenne, Abel Sapinart - DC: Léni Allegret, Janhoy Bille, Timmy Pietrasinski - ARD: Matheo Anduze - ALG: Romeo Joannel -Coaches: Frédéric Pérez, Kévin Raspail
Robin Massip passera son bac... après !
Au sein du groupe, Robin Massip est plutôt discret mais quand c'est nécessaire, le gardien de buts se découvre une âme de leader. C’est ce type de tempérament que le coach Frédéric Pérez affectionne tout particulièrement. « Il n’a pas choisi la facilité par rapport à son emploi du temps scolaire car il a incorporé une filière bac pro mais j’ai insisté pour qu’il intègre la section sportive. » A l’époque, Robin Massip se serait sans doute, vu à l’échelon supérieur, au Pôle Espoirs. «Je l’ai présenté à deux reprises mais je n’ai pas été pris, glisse-t-il sans malice. Je ne regrette pas d’avoir croisé la route de Fred qui m’a fait bosser. C’est ce travail qui aujourd’hui me permet d’être là où je suis. » En terminale pro commerce côté études, en Nationale 2 côté terrain. Celui qui s’est mis au hand dans le sillage de Gaelle la maman, du côté de Bruguières (en banlieue toulousaine), a retrouvé les cages du club voisin de L’Union en moins de 18 et cette saison, les séniors en N2. « A mon âge, c’est une chance d’évoluer à ce niveau. J’ai été mis en confiance d’entrée et il y a une excellente ambiance au sein de l’équipe. Aux 3 entraînements hebdomadaires, je rajoute la vidéo. Je suis très attentif à ce que font les tireurs adverses et j’essaie de bosser sur leur technique. » Ce que confirme son mentor avec le sens critique qu’on lui connait. « Robin est loin d’avoir atteint ses limites, martèle (l’ancien portier des Bronzés olympiques de 92) Fred Pérez. S’il possède une excellente lecture, une bonne explosivité et de la vitesse, il faut qu’il stabilise son niveau de jeu, qu’il prenne un peu plus confiance et il deviendra encore plus décisif. De mon côté, je ne le lâche pas d’une semelle, je le motive et je ne lui passe rien. » Au Bahreïn dans quelques jours, Robin Massip va vivre un rêve tout éveillé. Prendre part à une compétition planétaire au sein de cette formation championne de France UNSS. « Ce sera nos Jeux Olympiques à nous. On pense à ceux qui étaient avec nous en avril, qui ont eu leur bac et qui ont quitté le lycée (50% de l’équipe ont été renouvelés). Ce Mondial, c’est un super cadeau. En section, on n’a pas la possibilité d’intégrer les équipes de France jeunes et là, il y aura des matches internationaux, l’hymne et le sentiment de défendre les couleurs du pays. C’est pour cela qu’on n’y va pas pour faire de la figuration. C’est vraiment un truc de fou qu’on s’apprête à vivre. » Passe ton bac d’abord... pourrait lui souffler une petite voix bienveillante. Sauf que là, l’examen attendra, en fin d'année scolaire.
Une trentaine de milliers d'euros à récolter en si peu de temps avec la trêve estivale, n'était pas une mince affaire. Les deux équipes y sont parvenues et elles pourront sans stress, participer à l'épreuve planétaire. Les donateurs ont été divers et variés. Les établissements, les conseils régionaux ont répondu présents. Mais la plus grosse contribution est venue du privé et des particuliers. Chacun a fait un geste en fonction de ses moyens. A Toulouse par exemple, celui de Valentin Porte, l'actuel capitaine de Montpellier et ancien élève de Raymond Naves et de son papa, a particulièrement touché ceux qui en bénéficient. Le gaucher n'a passé qu'une année dans ce lycée (2008-2009) mais en a gardé un très bon souvenir.