Il y a un peu plus de six mois, l’avenir de Frontignan Thau Handball était très incertain. La décision de pénaliser le club d’un retrait de 3 points pour des invraisemblances du budget initial et d’autres griefs avait été prononcée par la Commission Nationale d’Aide et de Contrôle de Gestion de la LNH. La situation était d’une extrême gravité, la liquidation de l’entité héraultaise étant même envisagée. «Nous ne savions pas comment joindre les deux bouts, explique Sylvain Pellegrin, un des co-présidents du FTHB. Il manquait une partie des subventions des collectivités et j’ai pris la décision d’informer tous ceux qui œuvrent pour le club, des salariés aux joueurs et au staff. J’ai même proposé de repartir en N1 pour sauver ce qui pouvait l’être. Il y a eu une prise de conscience collective, on a trouvé des financements, tout le monde a retroussé les manches, il y a eu un élan de solidarité et on a pu rester en Proligue.» Malgré la sanction sportive, l’équipe se maintient dans le top 6, passe les play-offs et termine demi-finaliste. Scénario impensable pour un club qui en à peine deux ans, a accédé à ce niveau. Nouveau démarrage en juillet dernier avec quelques nouvelles têtes dans l’effectif et surtout dans le staff puisque Guillaume Crépain a remplacé l’Espagnol Asier Antonio parti pour Chambéry. «J’ai reçu pas mal de candidatures, confirme le dirigeant frontignanais, mais le profil de Guillaume s’est imposé. En plus, il ne nous avait pas sollicités (rires) ! Ce qui est intéressant avec lui, c’est qu’il ne s’est pas découvert entraîneur quand il a arrêté sa carrière de joueur. Et surtout, il adhère aux mêmes valeurs que les nôtres. » Là où certains prédisaient encore des difficultés de mise en route avec un calendrier de début de championnat assez complexe, l’amalgame a été immédiat. Et les résultats ont suivi, au point d’enchaîner cinq succès en autant de rencontres et prendre seul la tête du classement. «Les débuts sont inespérés et je manquerais sans doute d’humilité si je prétendais détenir la recette. Notre réussite actuelle est liée à l’état d’esprit que véhicule le club. Malgré les paliers franchis vers le professionnalisme, on a gardé notre ambiance familiale et une stabilité au niveau du groupe. Nous ne pouvons pas nous permettre des folies et surtout se tromper sur le recrutement.» Exemple cette année avec l’arrivée de Jules Lignières, le demi-centre venu de Dijon qui s’est parfaitement adapté et les confirmations au niveau de leur performance, de l’ailier gauche Nathy Camara (photo de tête – actuel meilleur buteur de Proligue) et du gardien Maxime Diot. « Nous essayons aussi de récupérer des éléments issus des centres de formation des clubs de haut niveau des alentours. Quand je téléphone à un jeune pour l’attirer vers nous, je me renseigne d’abord sur son parcours, sa motivation et ce qu’il compte faire par la suite. Nous sommes étonnamment très sollicités alors que je suis un vrai épicier, un esclavagiste et qu’on paie très mal nos joueurs (sic). » A l’ombre du géant montpelliérain (25 km séparent les deux agglomérations), le FTHB tente de se faire une place au soleil de Méditerranée. Tout en restant dans son rôle, fier de revendiquer un contingent de 400 licenciés. « On ne jouera jamais dans la même catégorie que le MHB. Dans la région, la manne financière n’est pas extensible et quand les gros clubs, pas seulement de hand, sont passés, il ne reste plus grand-chose. On cherche des partenaires qui sont sur une tout autre dimension. On est à côté du ‘’baobab’’, on essaie d’exister comme on peut. Pas en situation conflictuelle mais en complémentarité. » Tout en gardant à l’esprit, la volonté de bousculer les plus gros. Comme Saran lors de la 1ère journée et pourquoi pas, Dijon, l’adversaire de ce vendredi, qui sont les deux grands favoris du championnat avec une masse salariale respectivement plus de 3 et 2 fois supérieure en coût à celle de Frontignan.
Quatre questions à Guillaume Crépain
L’entrée en matière est également une réussite pour Guillaume Crépain. Il y a deux ans et demi, l’ancien meneur de jeu terminait sa carrière de joueur sous les couleurs d’Istres après être passé par Pau-Billère, Tremblay et surtout Ivry. Deux saisons d’apprentissage au coaching en tant qu’adjoint à Besançon et Saran plus tard, le voilà propulsé sur le devant de la scène dans l’Hérault.
Est-ce que ce début de saison sans accroc t’étonne toi-même ?
Honnêtement, oui. Le calendrier de début de saison ne nous était pas vraiment favorable. L’équipe a subi quelques changements avec le départ de deux leaders, j’arrive sur un 1er poste, il pouvait y avoir un vrai questionnement. Si on faisait 3 sur 5, je pense qu’on aurait signé. Là, on ne peut pas rêver mieux.
Comment as-tu abordé cette 1ère comme entraineur principal ?
Il y a forcément une part de stress mais mon expérience de sportif de haut niveau me sert au quotidien. Comme joueur, je me suis fait par le travail et non par le talent, j’ai toujours été un bosseur et je ne pense pas qu’on puisse atteindre ses objectifs si on travaille à moitié, si on n’a pas un minimum de compétence et un staff qui adhère à ce qu’on fait.
Prendre la suite d’Asier Antonio avec les résultats qu’il a eus, n’était pas aisé…
C’est le sport et je dis souvent que personne n’est indispensable. Je me suis quand même mis une sorte de pression pour faire aussi bien. Il était impensable que je ne m’appuie pas sur les choses qui fonctionnaient l’année dernière comme la montée de balle et la relation avec le pivot et surtout améliorer tout ça pour que les coaches adverses ‘’pètent’’ un plomb pour analyser notre jeu. Et puis l’avantage, c’est d’avoir des joueurs qui sont ensemble depuis 3 ans et qui sont à maturité. La mission qui m’a été confiée lors du recrutement, c’est de prendre des gars qui ‘’en avaient dans la tête’’. Je souhaite à tous les jeunes entraîneurs d’avoir des groupes comme ça.
Qu’attends-tu des deux déplacements à Dijon et Billère ?
Inutile de te dire qu’on est désormais attendu partout ! En Proligue, il peut y avoir des surprises tous les vendredis et je suis dans mon rôle de ‘’chiant de service’’ en tenant mes joueurs tout le temps en alerte. Au point où on en est, il faut faire monter le curseur et si on ramène au moins une victoire de ces deux matches, on sera très satisfait. On peut viser 7 sur 7, en tout cas, on y mettra toute notre énergie.