Ne comptez pas sur Niko Mindegia pour taire ses origines basques. Mais l'enfant de Doneztebe (dans la langue de la province) ou Santesteban (en castillan) né il y a 36 ans au pied des Pyrénées, se sent à l'aise partout où il s'installe. Cela tombe bien puisque le handball l'a fait voyager. De Pampelune où il a débuté, en passant par la Hongrie, le Danemark, la Pologne jusqu'à Toulouse, depuis cet été, où il a signé pour deux saisons. C'est sa 2ème expérience dans le championnat français après être passé par Chambéry (entre 2017 et 2019). Le meneur de jeu a tout de suite trouvé ses marques dans la ville rose. Les résultats aidant, il surfe sur la vague du bonheur. Cinq matches de Starligue, cinq succès pour le Fenix qui ce mardi, entame une nouvelle aventure en Ligue Européenne. L'occasion pour celui qui n'a peut-être pas eu la carrière qu'il méritait avec la sélection espagnole, de faire partager sa passion à encore évoluer au plus haut niveau.
Peut-on parler d’un début de saison parfait ?
On essaie de ne pas trop y penser… vraiment... on est toujours focus sur le match qui arrive, on travaille là-dessus et c’est très bien. Ce soir (vendredi) c’était Créteil, il faut être vigilant, en LNH, on peut perdre contre n’importe qui. On doit tous rester concentrés car il arrivera bien un moment où ça fonctionnera moins bien.
Il y a surtout cette large victoire sur Nantes et celle à l’arrache, à Limoges…
Mais là, c’est plus le mental que les jambes qui joue un rôle majeur. Et puis, face à un ‘’gros’’... psychologiquement, c’est plus facile car tu n’as pas besoin de te motiver. Contre Nantes, tu as moins de pression car ils sont plus forts que toi.
A ton niveau, l’acclimatation est parfaite. A quoi l’attribues-tu ?
Je maîtrise la langue et ça, c’est important, surtout pour un demi-centre. Après, ici, c’est génial. J’en ai parlé avec ‘’Dani’’ (Andjelkovic)… Quand je suis arrivé, je lui ai dit: j’ai 36 ans, je n’ai pas de temps à perdre. Je me suis donné à fond dès le 1er entraînement, je ne voulais pas attendre décembre pour considérer que j’avais trouvé mes repères. Je suis quelqu’un qui communique beaucoup… d’ailleurs tu le vois, sans la relation avec les autres, je ne suis rien.
36 ans… ta vivacité t’étonne-t-elle ?
(large sourire) Bah… oui ! Dans ma tête, je suis un gamin. C’est pour ça que je suis venu ici parce que je savais que j’allais profiter du hand. A Plock (son précédent club en Pologne), c’était différent, plus établi. Ici, on ne te répète pas tous les jours qu’il y a un objectif à atteindre.
Aurais-tu connu une autre carrière, peut-être plus titrée si tu n’avais pas subi autant de graves blessures ? Notamment en sélection nationale…
C’est possible. Je me suis fait deux fois, les croisés, la 1ère quand j’étais vraiment à mon apogée, j’avais 26 ans, j’étais dans les couloirs de l’équipe nationale… il faut reconnaître aussi, qu’il y avait des demi-centres de grande qualité. Je ne vais plus y penser car cela pourrait me rendre triste (rires).
A Toulouse, le poste est bien fourni. Avec Maxime Gilbert qui termine sa convalescence et Casper Käll, le petit Suédois de 23 ans… c’est stimulant pour toi, non ?
J’adore quand il y a des jeunes qui veulent s’affirmer. Naturellement, je suis dans le partage et leur énergie me porte. Casper, c’est un très bon joueur mais aussi un très bon mec. Le contact a été parfait avec Max aussi. Dès le début. Suédois, Français, Serbes, je m’adapte. Pas de problème, je suis un citoyen du Monde.
La concurrence n’est-elle pas un obstacle ?
Certainement pas, elle est même nécessaire.
Ce mardi, début de la Ligue Européenne qui n’a pas le même parfum que celle des Champions…
C’est vrai que c’est moins prestigieux mais chaque année, le niveau augmente. Quand tu vois maintenant les clubs qui y participent. C’est différent. Avec aussi, un final four comme pour l’autre. J’ai disputé les deux, maintenant, la Champions League, c’est à part. C’est plus refermé. Jouer la Ligue Europe avec Toulouse, ça me plait bien.
Changement de cadence aussi avec un match de plus en début de semaine…
La seule crainte, c’est l’accumulation de fatigue. Après, tu n’as pas le temps de réfléchir au match précédent, surtout si tu n’as pas bien joué. Ça peut aider mentalement. Mais il faut aborder tout ça avec sérénité. On a un très bon groupe, les coaches savent doser les efforts, on va engager le combat et après, on verra.
Le Basque que tu es, se plait-il en Occitanie ?
Mais c’est un peu l’Espagne ici, non ? "Tolosa", comme vous dites en occitan, c’est du Basque ! (Rires)
Trois clubs français pour contester la suprématie allemande
Ce mardi donc, changement de cadence pour Limoges, Montpellier et Toulouse avec au programme les matches de la phase de groupe de la Ligue Européenne. Moins rutilante que la Ligue des Champions, cette compétition n’est pas dénuée d’intérêts tant les derniers vainqueurs font référence dans le handball européen. De la coupe EHF, son appellation jusqu’en 2021 au lauréat de la saison dernière, les Allemands de Flensburg, jamais un club français n’a inscrit son nom au palmarès. L’épreuve est d’ailleurs dominée par les équipes évoluant en Bundesliga (27 trophées remportés).
Pour Limoges, c’est une découverte. Les joueurs d’Alberto Entrerrios se sont classés 5èmes du dernier championnat et pour la 1ère fois de leur histoire, ont obtenu le droit de mettre le nez hors des frontières. De façon prématurée puisqu’ils sont passés par un tour de qualification qu’ils ont intelligemment négocié face aux Slovènes de Trebnje. Ils se retrouvent dans un groupe plutôt homogène avec les Portugais de Benfica Lisbonne (vainqueurs de l’épreuve en 2022), les Suisses de Schaffhausen (avec dans leur rang, l’ancien gardien chambérien Julien Meyer) et les Slovaques de Presov où évolue également un Français, l’ailier gauche transfuge de Tremblay et Ivry, Adama Sako.
Pour Montpellier, depuis 2020, c’est le règne de l’alternance. Un coup, la Ligue des Champions, l’année suivante, la Ligue Européenne avec en mai 2023, une participation au Final Four et une 4ème place. Les Héraultais ont largement les moyens d’aller encore assez loin cette saison. Il leur faudra tout d’abord venir à bout des Danois de Bjerringbro-Silkeborg (partenaires de l’arrière Rasmus Lauge et de l’ancien pivot raphaëlois Alexandre Lynggaard), des Espagnols de Granollers (du "quadra" ancien du PSG et de Nantes, Antonio Garcia) et des Polonais de Zabrze.
Pour Toulouse, c’est un retour sur la scène européenne, deux ans après. Le parcours des hommes de Danijel Andjelkovic s’était arrêté en 8èmes de finale face à Benfica, le futur lauréat de l’épreuve. Le Fénix qui effectue un début de saison sans accroc (5 succès en 5 matches) a hérité d’un groupe assez relevé avec Hafnarfjordur, le champion d’Islande et sa vedette Aron Palmarsson (incertain en raison d’une blessure), les Suédois de Sävehof et le prodige féroïen Oli Mittun et les Allemands de Gummersbach avec dans leurs rangs, un certain Kentin Mahé.
La formule de cette Ligue Européenne est relativement simple. Une phase de groupe, huit poules de 4 équipes chacune et les deux 1ers sont qualifiés pour la suite. Un tour principal avec 4 groupes de 4. Le 1er de chaque groupe dispute directement les quarts, le 2ème et le 3ème passent par un play-off. Les demies et finales se déroulent sur le dernier week-end de mai 2025 au même endroit.
18h45 - Fenix Toulouse - FH Hafnarfjordur (Islande)
20h45 - Montpellier HB - Bjerringbro-Silkeborg (Danemark)
20h45 - Limoges HB - Tatran Presov (Slovaquie)