Prendre son mal en patience et surtout ne pas considérer que les aléas sont une fatalité. Depuis l'an dernier, Yanis Lenne n’a pas été épargné par les blessures en début de saison. A chaque fois, sa préparation a été perturbée. « Il y a un an, en Bosnie, j’ai peut-être poussé trop loin la muscu. J’aurais pu éviter ce qui m’est arrivé. J’ai rajouté du poids, c’était un peu trop. » Désinsertion de l’adducteur gauche et déchirure abdominale, cette péripétie le tiendra éloigné des terrains pendant quatre mois. Ce qui ne l’empêchera pas de participer à l’Euro avec les Bleus et de remporter le titre. Cet été, les Jeux à Paris devaient être une consécration. A titre individuel mais aussi collectif. Lors du 3ème match contre l’Egypte, le 31 juillet… « je suis en contre-attaque, je ne me pose pas de question mais en fin de course, je marche sur un pied et ma cheville part. C’est une entorse, plutôt due à la malchance qu'à une négligence dans ma préparation. Derrière, j’en ai pris pour deux mois. C’est hyper long. » Obligation pour le Colmarien de naissance de suivre la suite de la compétition devant sa télé et notamment le fameux quart de finale fatal contre l’Allemagne. « C’est vrai, à ce moment-là, je suis décomposé mais certainement pas autant qu’eux. Pour les mecs qui ont joué ce match, cela a été 100 fois plus horrible. Je ne suis pas surplace donc c’est différent. Et dans ma tête, je suis déjà passé à autre chose. » Le pouvoir de résilience et la volonté de consentir tous les efforts nécessaires pour retrouver un niveau optimal et redevenir opérationnel. Le gaucher a donc effectué sa rentrée, le week-end dernier à Nantes. Ce n’était peut-être pas le lieu idéal pour se jauger d’autant qu’après avoir tenu le choc pendant plus de 50 minutes, Montpellier a lâché prise et concédé son 1er revers de la saison. « C’est assez frustrant car on avait le sentiment d’avoir très bien préparé le match. On a trop commis d’erreurs notamment sur la fin pour espérer gagner. C’était une rencontre importante et la perdre nous a mis un sacré coup derrière la tête. A part nos gardiens (18 arrêts à eux deux), dans l’ensemble, nous n’avons pas joué à notre niveau. »
A Montpellier, Yanis Lenne a véritablement trouvé ses marques. 6ème saison au sein du club héraultais et un statut de taulier reconnu. Comme peuvent l’être Diego Simonet, Valentin Porte ou Rémi Desbonnet. Dans une structure qui court après un trophée (celui des Champions) depuis 2019 et un titre (en Ligue des Champions) depuis 2018 et qui à l’intersaison, a tourné une sacrée page de son histoire puisque Patrice Canayer a mis fin à trente années de collaboration et laissé la place à Erick Mathé. « Deux hommes, deux approches, confirme le joueur. Avec Patrice, nous étions très focus sur nous-mêmes. Il y avait une prise en compte de l’adversaire mais elle intervenait au dernier moment. Changement avec Erick. Ce mercredi par exemple, c’était le 1er entraînement après Nantes et on a déjà travaillé spécifiquement sur Aix (le prochain adversaire). Là, on est dans la préparation constante du prochain match. » Les rapports se sont-ils assouplis quand on sait que Patrice Canayer avait fixé une ligne de démarcation entre lui et ses joueurs ? « Il y a toujours cette distance qui pour moi est logique et nécessaire car chacun doit rester dans son rôle mais je dirais que c’est devenu plus… participatif. Il y a plus d’échanges que la saison passée avec le staff technique, notre avis est un peu plus pris en compte »
En juillet, excepté les coaches (puisque David Degouy a également quitté le MHB pour rejoindre le voisin nîmois), les mouvements ciblant les joueurs, ont été peu nombreux. Un départ notable, celui du Bosnien Marko Panic pour les Polonais de Plock, et son remplacement par Djordje Cikusa, une des pépites espagnoles, prêté par le Barça. « Un sacré joueur, martèle Yanis. Il est jeune (18 ans) et c’est un gros bosseur. Il est complet et se montre à l’aise dans la plupart des situations. Et puis quand les mecs sortent de Barcelone, ils ont une bonne compréhension du handball. » Et l’intéressé parle en connaisseur, lui qui est passé par le Palau Blaugrana et a porté deux ans, le maillot catalan (entre 2017 et 2019). Ce qui est pour l’heure, sa seule expérience hors des frontières. « C’était génial, j’ai surtout adoré sur le plan tactique. Quand je suis arrivé là-bas, je venais de Sélestat, mon club formateur et c’est comme si je faisais une remise à zéro. Tu es tout de suite plongé dans ce qui se fait de mieux, les objectifs ne sont plus les mêmes et tout s’accélère. Tu mesures aussi la distance qu’il te reste à parcourir pour atteindre le top niveau. » La saison dernière, le MHB lui a proposé de prolonger son bail jusqu’en 2027. Il aura 31 ans et encore de l’ambition. « Je ne serai pas si vieux que ça ! (rires). On ne sait jamais ce que l’avenir peut réserver et les opportunités, même à l’étranger qui peuvent encore se présenter. Je ne ferme aucune porte mais je n’aurais rien contre le fait de poursuivre à Montpellier et pourquoi pas, d’y terminer ma carrière. » Et pour celui qui n'est pas obsédé par l'avenir extra sportif, les échéances sont là pour témoigner de la réalité du moment. Le championnat français avec ce samedi soir, un rendez-vous face à Aix, « le match-piège par excellence mais face à nos supporters et après la contreperformance à Nantes, on aura à cœur de renouer avec le succès » et dès mardi prochain, la Ligue Européenne.
En quelques mois, le MHB est donc passé de la Ligue des Champions à une épreuve moins prestigieuse mais qui conserve son intérêt. « C’est sûr que pour tout handballeur, la référence, c’est la Champions League. Mais on ne va pas bouder notre plaisir. On est dans un groupe intéressant (avec les Danois de Bjerringbro-Silkeborg, les Espagnols de Granollers et les Polonais de Gornik Zabrze) et il est hors de question de négliger notre participation. Les deux 1ers sortent de la phase de poules et le niveau s’intensifie à partir du tour suivant et des quarts avec de sacrés clients (notamment avec les clubs allemands comme Kiel, Flensburg et Gummersbach). Notre objectif reste le même. Aller jusqu’au bout. On va devoir gérer les cadences et l’enchaînement des matches mais à Montpellier, on sait faire. » Toulouse et Limoges défendront également leurs chances dans cette même Ligue Européenne.