Pour son retour sur un parquet qu'il a foulé maintes et maintes fois pendant les cinq années qu'il a passées à défendre les couleurs toulousaines, Ayoub Abdi aurait très certainement préféré connaître un meilleur scénario dominical. Tout comme l'ensemble de ses partenaires, le gaucher algérien a été emporté par la vague haut-garonnaise qui a déferlé sous ses yeux. Avant le coup d'envoi, ceux qui étaient au Fénix la saison dernière se sont très certainement rappelés, le cauchemar qu'ils avaient vécu face à ce même adversaire et le non match (24-34) qu'ils avaient livre. Pas question de vivre la même hantise. La meilleure façon d'y arriver ? Prendre le jeu à son compte, mettre de la densité en défense, compter sur la nouvelle recrue Niko Mindegia (notre photo de tête) pour orchestrer les changements de rythme et les points de fixation, miser sur la percussion d'un Erwin Feuchtmann en état de grâce (8 buts et 6 passes décisives) et se reposer dans les moments chauds (ou pas) sur la vigilance de Jef Lettens (10 arrêts et 1 passe décisive). Reproduction de ce qui avait été imaginé voire rêvé, au millimètre près. Et Toulouse a pris très rapidement la tangente. Et même quand le "H" a réussi à recoller (11-11 à la 20è) et que dans l'assistance, tout le monde a pensé que la machine des vice-champions de France étaient enfin sur des rails moins glissants, le scénario a continué de tourner en faveur des partenaires de Jef Lettens qui ont remis le couvert en enchaînant sur un 4-1. "Je pense que c'est un moment-clé du match, conçoit le gardien. Il y a eu une parfaite connexion entre l'attaque et la défense qui ont pris conscience qu'il fallait réagir et ne pas les laisser nous passer devant. On a eu ce temps faible mais c'est le seul de tout le match. On a beaucoup bossé et on s'était dit que le repli serait important car Nantes est une équipe qui marque beaucoup en montée de balle." Toulouse a tout simplement réussi à faire déjouer son adversaire. Quatre longueurs à remonter à la pause, connaissant la profondeur et la qualité du banc nantais, la tâche n'était pas insurmontable. Sauf que l'écart n'a jamais faibli par la suite et a pris des proportions aussi inattendues qu'inquiétantes pour les Nantais. (32-23 à la 50è). Aucun esprit de révolte, aucune marque de franche rébellion.
Le combat mené quatre jours plus tôt à domicile, en Ligue des Champions face aux Polonais de Kielce avait-il laissé des traces plus profondes dans les organismes ? On ne saura pas sur le moment ce qu'en pensent les principaux intéressés puisqu'aucun ne s'est présenté en zone mixte. De l'avis même de Jef Lettens, "c'est peut-être un argument valable de leur part, mais bon... je ne veux pas entrer dans une polémique, mais Kielce était affaibli aussi, Nantes a pu faire des rotations, Minne n'avait pas joué, il est revenu contre nous après avoir bien récupéré. Je crois qu'il ne faut pas en rajouter avec ce qu'on a fait mais il ne faut pas non plus minimiser. Ils n'ont pas su répondre à notre 7 contre 6, dans les phases importantes, on a été là et c'est cela que je retiens surtout de ce match." Toulouse n'a jamais baissé la garde, a toujours su négocier au mieux ses infériorités numériques et même si quelques largesses ont été consenties vers la fin (avec des rotations un peu moins tranchantes), jamais, les hommes de Danijel Andjelkovic n'ont été mis en danger. Et les Nantais qui ont quitté le palais des sports de la ville rose, le regard sombre sans piper mot, encaissent leur 1er rever de la saison (35-29). D'ailleurs le coach toulousain reconnaissait qu'il ne "s'attendait pas à ce que cette rencontre prenne une pareille tournure. On a mis beaucoup de coeur, d'intensité et de contrôle pendant 60 minutes. On est rigoureux en défense et pas mal en réussite à 6 mètres notamment en 1ère mi-temps. Je ne doute pas que Nantes était fatigué. A notre niveau, on a nos soucis, la cadence va s'accélérer (dès le 8 octobre) avec la phase de groupe de la Ligue Européenne, après, aucune équipe ne peut choisir les moments d'affronter tel ou tel adversaire quand ça l'arrange. Il faut s'adapter. C'est sûr, ils étaient fatigués mais ce n'est pas mon problème." Si Toulouse ne va avoir encore qu'à se consacrer au championnat (avec un prochain déplacement... périlleux à Limoges), le "H" persiste avec la cadence d'un match tous les 3-4 jours avec jeudi prochain, une confrontation en Hongrie face à Szeged.
Trois questions à Gabriel Nyembo (pivot défenseur-buteur)
Comment as-tu traversé cette rencontre?
Je n'ai jamais autant pris de plaisir à jouer au handball. Vraiment. Il y a des matches comme ça, où ça se passe bien parce qu'on y met les moyens, pas individuellement mais en équipe. On s'est battu, on s'est reconnu dans ce qu'on a produit, c'est notre ADN. Voir que ça réussit pleinement, avec les dents qui rayent le parquet (rires), c'est vraiment top.
Personnellement, tu ouvres ton compteur contre Nantes...
L'an dernier, trois matches contre eux, trois défaites (deux en Starligue, une en Coupe). Des matches très tendus et à la fin , il y a un gros écart. Là, on a réussi à les contenir et à leur mettre rapidement un coup derrière la tête. Quand on a senti un trou d'air, on a vite mis un tour de vis. On a gardé notre calme durant tout le match.
Pour Toulouse, est-ce une montée en puissance ?
Les débuts ont été laborieux avec un match de coupe (à Valence) qu'on peut perdre, on bat Tremblay, Dunkerque, maintenant Nantes, le prochain c'est Limoges, qui chaque année se renforce et qui est de plus en plus dangereux. Ensuite, il y aura l'Europe. On va se frotter à un autre type de handball. Aujourd'hui, on a joué une équipe du top 2, Limoges c'est plutôt dans notre calibre si on prend le classement de l'an passé, donc il sera impératif de confirmer. Certains se demandent quand Toulouse va s'arrêter... Nous, on ne veut pas que ce soit tout de suite.