Tout le monde a droit à une seconde chance. Surtout en Ligue féminine, ce championnat où fermer la marche ne condamne plus à la descente. A l'image de Mérignac, repêché sur le tard (doux euphémisme) il y a un an, la Stella Saint-Maur a été autorisée, mi-août, à redoubler son élite. Comme dans l'antécédent girondin, c'est moins une faveur institutionnelle que la conséquence d'un contexte économique argileux ailleurs : Celles-sur-Belle hier, le désengagement de l'actionnaire majoritaire de Nantes cet été.
« On répondait au cahier des charges demandé pour la Première division », indique Noura Ben Slama, la manager générale. Le dossier présenté au contrôle de gestion suggère que dans le Val-de-Marne, la quatorzième et dernière place de LBE n'a ni vidé la salle, ni compliqué le tour de table financier. « Malgré la relégation, tout le monde continue à nous suivre, à croire en notre projet », apprécie l'ancienne gardienne. Quelque 70 partenaires institutionnels ou privés, 42 salariés (plus que toute autre codivisionnaire, d'après notre interlocutrice), 1,3 million d'euros de budget : les comptes sont bons, comme on ne dit plus sur France TV. « L'objectif est de pérenniser le club » fondé après-guerre (1946), riche de 520 licenciés ventilés dans 22 équipes féminines et masculines.
Une bascule de la vitrine à l'étage du dessous n'aurait pas mis en péril l'ambition dessinée par le président Luc Sarramegna. « Dans tous les cas, on partait sur dix joueuses pros », assure Ben Slama. Construit bien en amont, indépendamment des aléas sportifs et administratifs, « l'effectif a été créé pour être champion de France tout de suite, si on était en D2, ou jouer le maintien si on est en D1. » Veuillez taper 2, à présent...
La moins bonne attaque du championnat 2023-24 entamera sa session de rattrapage avec un handicap majeur. Mathilde Plotton, quatrième meilleure marqueuse derrière Antonissen, Valentini et Bouktit (6,2 buts de moyenne), est partie à Dijon. Jacqueline Oliveira, qui n'est donc pas éternelle, est retraitée des cages à 44 ans. Dans le sens des arrivées, Mélina Peillon (ailière droit, Besançon), Chloé Pugliese (arrière droit, Toulon), la vice-championne d'Europe de beach-handball Meïssa Maurice (demi-centre, Noisy-le-Grand) se sont ralliées à la bannière étoilée. Une arrière gauche néerlandaise, Nyala Krullaars, qui vient de jouer trois mois en Allemagne (Buxtehude) après trois ans d'arrêt (ligaments croisés), complète un recrutement résolument jeune (toutes ont entre 22 et 25 ans), censé réduire la dépendance à quiconque pour scorer. « On veut être capables d'avoir plus de possibilités en attaque, d'aller plus vite, d'être plus efficaces en montée de balle », soutient Felix
Garcia. A l'issue d'une demi-douzaine de matches amicaux, le dernier gagné samedi à Clermont (D2), « il nous manque encore de la cohésion d'équipe, de la fluidité. Quand on change la moitié de la base arrière, c'est normal. Mais je suis sûr qu'on va la trouver. »
Le tacticien espagnol, entraîneur principal depuis février, ne néglige évidemment pas sa défense, neuvième du classement annexe l'an passé. Et encore moins la formation interne, « l'une des plus belles réussites de la Stella » selon la manager. « Il y a énormément de joueuses de talent en région parisienne. Pour nous, le centre est hyper important. » Au moins quatre des huit pensionnaires de la pépinière « agréée depuis deux saisons » renforceront le collectif au damier bleu et blanc. Dont l'ailière gauche Séphora Genyah (photo de tête) et l'arrière championne du monde U20 Fatou Karamoko.
Afin de laisser la lanterne rouge à d'autres, de remporter plus que quatre matches (le maigre butin 2023-2024), Saint-Maur affirme ne pas se focaliser sur les rendez-vous avec les présumés candidats au maintien : le promu sambrien, Strasbourg-Achenheim, Toulon, Mérignac, etc. « Je ne veux pas cibler ça, ça et ça. Si on ne gagne pas ces matches-là, qu'est-ce qui se passe ? La saison est finie ? Non, une saison, c'est très long, c'est 26 matches », raisonne Garcia, qui priorise tout de même les rencontres à domicile. Ainsi, « on se prépare pour le 11 septembre, chez nous, contre Mérignac. »
Vu sous cet angle, le destin de la Stella pourrait se décider au gymnase de l'avenue Brossolette et nulle part ailleurs. Pas question de sacrifier à une quelconque délocalisation pour drainer plus de public. Monter la jauge, limitée à 1 400 spectateurs dans l'antre historique. « La Ville est notre plus gros partenaire. Elle a énormément investi dans la salle, l'éclairage, le sol. Aujourd'hui, la volonté de la mairie est clairement d'y recevoir ces équipes-là (Metz, Brest, Paris 92 et les autres), comme dans le temps où il y a eu des championnats gagnés chez les garçons », explique Noura Ben Slama.