Le carton rouge dont a écopé Prunelle Kingue après que le gong ait retenti, est purement anecdotique. La Bisontine positionnée à 10 m, avait pour mission (quasi impossible) de se jouer du mur danois en espérant que la trajectoire et le ballon finissent au fond des filets de Nielsen. Le tir a été puissant, juste assez pour qu’une des joueuses qui faisaient barrage, s’écroule en le prenant en pleine poire. Sans grande conséquence pour son intégrité car elle n’a pas été la dernière à sauter de joie et à fêter avec ses partenaires, la qualification en finale du Mondial. Le Danemark était parvenu à ses fins, préserver cette petite longueur acquise dès la 48ème minute lorsque le score avait basculé en sa faveur. La voilà la revanche tant attendue ! Un an après le Monténégro et cette médaille d’or que les Scandinaves n’avaient même pas pu espérer, les Françaises d’Olivier De Lafuente étant alors, hors d’atteinte.
Et pourtant ! Même si ressasser l’amertume ne servira à rien, les Tricolores doivent se convaincre qu’il y avait la place de passer. Pour preuve, leur domination en 1ère période. Grâce surtout à une défense qui a fait le boulot. Quelle activité par exemple, d’une Lalie Lambet, véritable piston à coulisse, inlassable harceleuse dont le désalignement en dissuasion a perturbé les attaquantes adverses ! Et si les Danoises ont atteint la pause avec (seulement) quatre longueurs à remonter, elles le doivent surtout à leur gardienne Freija Nielsen qui a su parfaitement rivaliser avec Léane Gonzalez (5 parades chacune). L’efficacité au tir, de part et d’autre, était loin d’avoir frôlé les sommets. Les Françaises s’étaient montrées plus opportunistes et moins dispendieuses que leur adversaire.
Lorsqu’elles sont revenues sur le parquet, les partenaires de Zeina Injai (photo de tête) se sont accrochées à leur capital pendant encore une dizaine de minutes. Avant que les Danoises se rebiffent. Notamment par leur arrière Anne Plougstrup. Avec un 2/6, sa prestation dans le 1er acte, n’avait pas été à la hauteur de ce qu’elle produit habituellement. La jeune joueuse de Silkeborg a retrouvé les vertus de son bras droit au plus mauvais moment pour les Françaises et bénéficié des espaces laissées par une défense moins vigilante. Un 3ème but consécutif (son 4ème en 12 minutes) pour ramener le Danemark à une unité (14-15). Les Tricolores vont multiplier les mauvais choix, manquer de lucidité et de puissance, et le doute sur cette capacité à peser, va s’installer. Certaines vont même s’écarter de la solution collective et prendre individuellement des initiatives que les Nordiques ne vont avoir aucun mal à canaliser. Petit à petit, les Danoises avaient pris l’ascendant. Sans pour autant se mettre définitivement à l’abri. Les échecs répétés au tir, les difficultés en attaque placée laissaient supposer que pour les Françaises, tout se jouerait sur des détails, dans le final. Un but à remonter à quatre minutes du terme pour au moins, s’offrir une prolongation. Quatre minutes, à la fois si longues et si courtes qui ne vont rien apporter. Trop de tergiversations sur la dernière possession et cet ultime cadeau empoisonné pour Prunelle Kingue.
Si la compétition prenait fin ce vendredi en Chine, on aurait sans doute dit que les protégées d’Olivier De Lafuente, usées physiquement, avaient livré le match de trop. Mais comme elles ont réussi à se hisser dans le dernier carré, il leur reste l’opportunité de rafler le bronze et monter sur le podium. Une 3ème médaille en un tout petit peu plus d’un an, le bilan ne serait finalement pas si mal.
Et elles joueront cette 3ème place (ce dimanche à 9h30) face à la Hongrie qui s'est inclinée dans l'autre demi-finale contre l'Espagne (16-19). Les Ibéres portées par leur gardienne Gassama (13 parades) ont survolé la 1ère période (7-12) et si un semblant d'équilibre a été rétabli dans le second acte, elles ont su maintenir une confortable avance. La Hongrie est un adversaire tout à fait à la portée des Tricolores. Dernière confrontation en date, à l'Euro il y a un an, au tour préliminaire avec un retournement de situation inattendu puisque les Magyares menaient à la pause (12-17) et elles ont été battues par Mélissa Chantelly et ses copines (33-28). On demande la même issue, avec simplement un but de plus et ce sera parfait !
Demi-finale – Handball International Hall, Chuzhou (Chine) – vendredi 23 août
Danemark - France 21 - 20 (MT : 7-11)
Arbitres : Agustin Conberse & Santiago Martin Correa (Aregntine)
Evolution du score : 1-1 (5) 2-4 (10) 2-7 (15) 4-8 (20) 5-10 (25) 7-11 (MT) 9-12 (35) 13-15 (40) 16-16 (45) 19-18 (50) 21-19 (55) 21-20 (FIN)
France : Gonzalez (9 ar./20), Joyet-Bondu (2 ar./11) – Kingue (3/9) Injay (4/9) Ferdilus (3/3) Abdou (3/6) Chantelly (2/6) Koestner (1/3 dt 1/1 à 7m) Gros (1/1) Clerc (1/3) Bureu-Cruz (1/1) Senant (1/1) Lambet, Arotcarena-Rosas, Naal, Andon