La formule a été pensée par l'EHF pour intégrer plus de nations et en quelque sorte, faire plaisir à tout le monde. C'est aussi utile lorsque les mandats sont à renouveler et qu'il faut séduire le plus de fédérations possible. Toujours est-il que cette formule à ne conserver que le 1er de chacun des six groupes ainsi que le meilleur 2ème des trois premières poules et le meilleur 2ème des trois suivantes, est trop restrictive. La Croatie par exemple qui avant la compétition figurait parmi les favoris, a eu l'infortune de ne pas se trouver dans le bon trio malgré une différence de buts largement positive. Bien meilleure que celle de la Hongrie qui elle, se retrouve en demi-finale. Et la France dans tout cela ? Un seul revers face aux Allemands, au terme d'une opposition totalement débridée qui a produit des effets de part et d'autre. Positifs pour les Tricolores qui en livrant une seconde période de haute facture (ils étaient menés de 10 longueurs à la pause) ont pris conscience de leur potentiel, négatifs pour la Mannschaft qui a été déstabilisée par ces petits Français qui piqués dans leur orgueil, l'ont fait douter. L'Allemagne s'est certes qualifiée pour le Tour Principal mais elle a perdu ses deux 1ers matches.
La déception de ne pas intégrer le top 8 passée, les Bleuets avaient à valider au plus vite leur ticket pour le Mondial 2025 programmé l'été prochain en Slovénie. En se classant entre la 9ème et la 12ème place. « Il était important qu’on arrive à rester focus sur ce qu’on avait à faire, qu’on n’aille pas voir plus loin que le prochain match, insiste Patrick Passemard, l'entraîneur adjoint des U19. Plus on avance dans le tournoi, plus les adversaires sont solides. » Et c'est en suivant ce raisonnement que les Français ont atteint leur objectif. En battant la Suisse puis l'Autriche et en arrachant le nul face à la Croatie.
Rétro sur les trois matches
France - Suisse 38-33 (MT : 18-18). Après une entame à leur avantage, les Tricolores ont balbutié leur handball. Aucun arrêt ni de Timothé Riss, ni de Clément Grosjean pendant 34 minutes alors qu’en face, la défense et le gardien ont su se mettre en valeur. Le score a joué au yoyo une bonne partie de la seconde période, avant que l’incontournable Yoni Peyrabout et l’arrière droit Tristan Gourguechon trouvent des solutions (35-29 à la 51è). Avantage qui sera maintenu dans le money-time avec des parades de Riss et un excellent Simon Rebel.
Autriche – France 30-33 (MT : 13-18). Incorrigibles Français qui maîtrisent la rencontre pendant plus d’une mi-temps et jouent avec le feu dans le second acte. Timothé Riss a donné le ton. Quatre arrêts pour le portier alsacien dans les cinq 1ères minutes et un sans faute des buteurs pour valider une avance conséquente (8-16 à la 20è). Et puis il y a eu un gros temps faible peu avant la pause. En huit minutes, mutisme complet des attaquants et l’avance s’est mise à fondre (13-16). Deux penalties de Peyrabout (7 buts à 100%) et un 9ème arrêt de Riss ont permis à l’équipe de regagner le vestiaire avec un peu plus d’assurance. Les deux joueurs seront d’ailleurs les artisans de ce début de seconde période et même au-delà puisque l’ailier gauche de Bruges va briller grâce à ses qualités de finisseur. Dix-sept buts sans échec, la performance est appréciable et on comprend pour quelles raisons, le HBC Nantes l'a attiré dans son centre de formation.
Croatie - France 30-30 (MT: 9-15). Oui, face au 2ème plus gros morceau de la semaine derrière les Allemands, les Français menaient de six longueurs à la pause ! Si Timothé Riss (13 arrêts à près de 60% de réussite) avait été déterminant lors de ces trente 1ères minutes, Yoni Peyrabout et Gustave Deloye s'étaient montrés plus discrets qu'à l'accoutumée. « Les Croates nous ont bien étudiés à la vidéo, explique Patrick Passemard. lls ont cadenassé le jeu extérieur par rapport aux performances de nos ailiers donc on a eu du mal à trouver le grand espace. On a su compenser et limiter les temps faibles. » Et même si Riss avait passé le relais à Sirius Rambault, si Effadi Agbaglo avait quitté ses partenaires pour une 3ème exclusion, la France va maintenir une avance conséquente (17-22 à la 40è). Quelques pertes de balles, un tir ou deux ratés vont suffire à ce que le doute s'installe. Et les joueurs au maillot à damiers vont se relancer (20-22 à la 43è) et même basculer en tête (28-27 à la 53è). « Ils ont su nous mettre sous pression sur de l'engagement et du jeu rapides. Il ne faut pas oublier quelle équipe nous avions en face. On a réussi à éteindre les Croates assez longtemps et ce qui est dommage, c'est qu'on n'a pas réussi à garder cette avance.» Par manque sans doute de lucidité dans le dernier geste et de maturité dans la gestion des émotions. « On ne pas réduire l'explication à ça car si nous n'avions pas été stables émotionnellement, dans un tel contexte, on aurait très bien pu lâcher l'affaire.» Le partage des points (30-30) est le meilleur des compromis. Il garantit à Tristan Gourguechon (meilleur buteur avec 9 réalisations - photo ci-dessus) et ses partenaires de terminer en tête du groupe et désormais, de lutter au mieux pour la 9ème place. Dès ce vendredi, ils se mesureront au Portugal. Et pour terminer l'Euro, soit la Slovénie, soit pour la 2ème fois la Suisse.
L'apprentissage se poursuit
Voilà bientôt trois ans et leur prise en charge en U17 par Guillaume Joli que les meilleurs de la génération 2006-2007 se sont fondus dans le moule de la filière fédérale. Entre l'Euro et le futur Mondial, l'été prochain, une saison complète se sera écoulée. Avec une nouvelle expérience, au sein d'un centre de formation, du temps de jeu avec la réserve d'une équipe pro et pour certains, quelques "piges" avec l'élite. « Franchement, les gamins sont de vrais bosseurs, martèle Patrick Passemard. A travers notamment la vidéo où on essaie de travailler par groupe sur différentes thématiques. Notre action vise aussi à les engager dans leur ambition de devenir des joueurs de haut niveau et des handballeurs pro.»
Des demi-finales plutôt inattendues
L'Espagne qui rate l'ultime carré pour un ménage à trois dans un mouchoir de poche et l'Islande et la Suède qui passent pour un et deux buts de plus, l'Allemagne dont le seul succès face à la Serbie au 2ème tour n'aura servi à pas grand chose et qui ne visera au mieux que le 5ème fauteuil, le Danemark victorieux face à la Hongrie qui elle-même, préserve ses chances de podium... les demi-finales de cet Euro ne sont pas tout à fait conformes au pronostic initial. Elles opposeront ce vendredi, le Danemark à l'Islande et la Suède à la Hongrie.