Les joueurs de l’équipe de France avaient un examen de passage censé soit les rassurer, soit les plonger en plein marasme plutôt inquiétant pour la suite de la compétition. A l’issue de leur prestation face à l’Egypte qui se solde par un partage des points (26-26), la réponse à l’équation laisse sur sa faim. Avec le statut qu’elle a depuis des lustres et notamment son titre européen, cette équipe peut-elle se contenter de ce qu’elle produit actuellement ? Bien-sûr que non mais on se dit qu’après les deux gifles consécutives infligées par le Danemark et la Norvège, il faut se contenter du minimum… Pour le moment. Sans que cela dure indéfiniment.
L’Egypte a eu largement le temps depuis les Jeux de Tokyo de décortiquer les rouages tricolores et l’expertise a été renforcée lorsqu’en mars 2023 juste après le Mondial, Juan Carlos Pastor a perpétué la tradition des entraîneurs espagnols à la tête de l’équipe. Et comptez sur lui pour préparer un plan d’attaque. Surtout sur des Français en plein doute.
Les consignes ont été respectées à la lettre. Une activité en défense, des solutions de loin avec le néo Parisien Yahia Omar, Ahmed Hesham et Ali Zein, un pivot Ahmed Adel très mobile et un gardien Mohamed Aly dont la morphologie cubique et ses 135 kg ne sont certainement pas un handicap.
Thierry Omeyer et le PSG peuvent se frotter les mains d’avoir recruté Yahia Omar. Le gaucher qui portait, il y a encore quelques semaines les mêmes couleurs que Nedim Remili à Veszprém n’a pas mis très longtemps à lui voler la vedette. Ses perforations, ses tirs de loin, en appui ou en extension vont mettre à mal la défense française. Et comme Mohamed Aly avait plus de répondant que Vincent Gérard et les Bleus accumulant les maladresses, les champions d’Afrique ont pris de l’avance peu avant la pause (11-15). 68% d’efficacité au tir pour l’Egypte, 50 pour son adversaire.
Si le gardien égyptien va continuer à surfer sur sa réussite au retour des vestiaires, avec encore et toujours Yahia Omar en évidence, c’est depuis leur défense que les Bleus vont se révolter. Rémi Desbonnet avait pris place dans la cage et il va être tout de suite en phase avec cet esprit de rébellion. Mobilité, âpreté dans les fermetures, relances et contre-attaques, les Français vont entamer leur remontée. Si Yanis Lenne va quitter ses partenaires après un choc avec Ali Zein, la dynamique va persister. Six buts inscrits et un seul encaissé… suffisant pour revenir à hauteur des Egyptiens (19-19 à la 42è). Mais les Bleus vont mal gérer leur dernier quart d’heure, s’enferrant à trouver des solutions à l’intérieur plutôt que de tenter de loin. Et même si Dylan Nahi sur une jambe va mettre le feu, les Pharaons ne vont rien lâcher. Un dernier ballon récupéré à 8 secondes du terme va permettre à Ludovic Fabregas après un bon travail de fixation d'Elohim Prandi, de maintenir la France en vie (26-26). « Sur son dernier geste, Elo a fait preuve de lucidité et moi, j’ai réussi à la mettre au fond, décrit le sauveur. Je ne sais pas si on peut parler de soulagement, mais ce résultat nous redonne le sourire. On avait le sentiment d’être dans une spirale et malgré tout, on arrive à sortir la tête de l’eau. C’est important et j’espère que ce sera un point fondateur pour la suite. » Acceptons-en l'augure. Deux succès face à l'Argentine (vendredi) et la Hongrie (dimanche) doivent sceller la rédemption.
Groupe B – Tour Préliminaire – Mercredi 31 juillet 2024
Paris Sud Arena
France – Egypte 26 – 26 (MT : 11-15)
Arbitres : Mirza Kurtagic & Mattias Wetterwik (Suède)
Evolution du score : 3-2 (5) 5-5 (10) 7-8 (15) 9-10 (20) 11-13 (25) 11-15 (MT) 13-17 (35) 17-18 (40) 20-21 (45) 21-23 (50) 23-25 (55) 26-26 (FIN)
La réaction de Valentin Porte : « Ce soir, on a vu une équipe morte de faim, qui n’a rien lâché, qui n’a pas baissé les bras comme cela avait été le cas sur les deux premiers matches et c’est avec ce type de comportement qu’on peut aller chercher quelque chose. On n’a pas le remède miracle pour tout réparer d’un coup, chaque chose en son temps, on va continuer à travailler, pour retrouver la confiance car sans cette confiance, c’est plus dur, les ballons sont plus lourds, ce soir, ce point fait du bien, il y a quelques sourires. La physionomie du match me permet de dire que j’ai retrouvé une équipe de France avec le mordant que je lui connais. Etre mené tout le match et arracher le nul, comme ça à la fin, ça montre qu’on se remet tranquillement en ordre de marche mais qu’il reste du boulot. Mais on est encore dans le jeu.»
On attend des nouvelles du staff concernant notamment le bulletin médical. Yanis Lenne a été porté hors du terrain par Elohim Prandi et Melvyn Richardson. Le gaucher de Montpellier a percuté l'arrière égyptien Ali Zein autour de la 40ème, il se tenait la cheville gauche. Autre inquiétude, même s'il a voulu rester sur le parquet, pour Dylan Nahi. Grimaçant après chaque impulsion, l'ailier a tout de même inscrit trois buts à 100% avec une douleur (semble-t-il) à l'adducteur gauche. Karl Konan serait également touché. La question se pose désormais. Comme Olivier Krumbholz, son homologue chez les filles, Guillaume Gille va-t-il actionner le levier "remplacement" ? Il a sous la main deux joueurs de champ, le pivot Nicolas Tournat et surtout le demi centre Aymeric Minne que la vox populi réclame à cor et à cri. Il peut également demander à Kentin Mahé de revenir dans l'environnement des Bleus comme ce fut le cas avant d'entrer au village olympique. A moins que l'urgence soit d'appeler un ailier gaucher. Dans la liste élargie, Benoit Kounkoud est le seul sur ce poste à être habitué aux "A".