Faire fondre la Glaz en plein mois de juillet. Une mission bien de saison pour une équipe de France venue dans l'arène des messieurs de Cesson-Rennes pas tout à fait en configuration JO. Principe de précaution oblige, pour ne pas écrire raison d'Etat, des pensionnaires de la liste des 14 étaient en tribune (Foppa, O. Kanor, Valentini). Les trois réservistes (Ondono, Zaadi, Darleux) figuraient sur la feuille de match, avec un temps de jeu conséquent pour les deux joueuses de champ. Et une championne du monde hors Jeux, la future Borussin (de Dortmund) Déborah Lassource, a participé à l'ultime séance publique d'essais.
Coincée entre l'anniversaire du sélectionneur (Olivier Krumbholz a soufflé ses 66 bougies ce vendredi) et la fête nationale, l'opposition avec l'Angola a rappelé avec force combien il est utile de disposer de plusieurs défenses dans son carquois. La 0-6 avec laquelle les championnes olympiques sortantes ont démarré était du genre fragile, voire inerte, face aux tireuses de loin africaines, emmenées par Pegado Nenanga, inscrite aux Arrières gauches anonymes (aucun nom au dos de son maillot). « On ne les a pas impactées, on les a laissées dérouler leur jeu », rouspétait Grace Zaadi à la mi-temps, sur le canal 21. D'où le retard de trois buts maxi (4-7 à la 13ème, 5-8 trois minutes plus tard), le sentiment que les compatriotes de l'Amandinoise Stelvia Pascoal étaient aussi enquiquinantes qu'en ouverture du Mondial 2023 (30-29, le 30 novembre), et - surtout - le changement de système que les circonstances imposaient, d'une façon ou d'une autre.
Coucou, revoilà la 1-5 à l'orée du deuxième quart d'heure, avec Méline Nocandy en pointe. Comme par enchantement, les Bleues ont alors ressorti les crocs, fait dérailler les championnes d'Afrique. La future demi-centre brestoise a montré l'exemple, jusqu'à sa collision frontale avec Azenaide Carlos (23ème). Sonnée mais debout, elle a suivi le protocole commotion avant de regarder le reste de la rencontre depuis le banc. Là encore, zéro prise de risque à douze jours du France – Hongrie qui lancera le tournoi olympique dames.
Reste que le KO, le vrai, a bien été asséné par toute l'équipe de France. De Laura Glauser, de mieux en mieux aidée par sa ligne de front, à Lucie Granier, coupant au moment opportun une relation demi-centre-arrière gauche, chacune s'y est mis pour bordurer l'Angola, accélérer à la Pogacar (14-9, 25ème). Jusqu'à celles qui devront théoriquement compter sur une défection, un forfait, pour intégrer la ronde des Jeux. Zaadi a attendu le troisième test pour marquer dans le jeu, Oriane Ondono s'est encore bien débrouillée au pivot. La démobilisation des joueuses dites de complément ne risque pas d'arriver...
« Pendant que leur niveau (celui des Angolaises) a descendu, le nôtre a augmenté », constatait Estelle Nze Minko en interview télévisée d'après-match. L'ensemble dont elle est la capitaine a plus ou moins gardé le sien constant en seconde période. Le sens du placement d'Hatadou Sako (11 parades), celui de la polyvalence d'une Léna Grandveau ayant fini ailière gauche, ont été autant appréciables qu'appréciés. Et s'il y a eu quelques moments de flottement au retour à la défense alignée, dans l'ultime quart d'heure, c'est que l'adversaire a choisi pile ce moment pour évoluer avec sept joueuses de champ. Mais la lenteur des permutations avec la gardienne Paulo a notamment offert deux buts à Bouktit, puis Nze Minko.
Une vilaine grippe contre la Norvège (22-34, le 4 juillet), une rémission défensive le surlendemain (25-19 à Pau), et ce succès 33-20 aux dépens de futures adversaires olympiques. Ce sera le 1er août, pour l'avant-dernier match du premier tour. Présenté ainsi, le bilan de cette séquence de préparation entre Béarn et Bretagne dessine une courbe ascendante. Une rampe de lancement vers une autre quinzaine possiblement dorée. « L'équipe de France est là où elle doit être à deux semaines des Jeux Olympiques », raisonne l'arrière gauche de Györ. D'ici au jour J, « il va encore se passer beaucoup de choses. Une quinzaine d'entraînements, une demi-douzaine de séances de muscu, énormément de vidéo, etc. Mais on est en bonne voie pour arriver en forme aux Jeux, avec le maximum d'armes. » Faisons-leur confiance.
FRANCE – ANGOLA : 33-20
(17-10)
Samedi 13 juillet 2024, à Cesson-Sévigné. 3700 spectateurs environ. Arbitres : MM. Belkhiri et Hamidi (ALG).
FRANCE : Toublanc 7/9 (5/5
penaltys) ; Granier 5/6 ; Nze Minko (capitaine) 4/4 ; Ondono 4/5 ;
Bouktit 3/5 ; Flippes 2/2 ; Grandveau 2/2 ; Zaadi 2/4 ; Horacek 2/5 ;
Nocandy 1/1 ; C. Lassource 1/2 ; D. Lassource 0/1. Gardiennes : Glauser (6/16 arrêts en 30 mn, dont 0/1 penalty) puis Sako (11/21 arrêts en 30 mn, dont 0/1 penalty). Darleux non utilisée. 2
minutes : Nze Minko (11'), Zaadi (28'), Horacek (31'), Bouktit (42'), Ondono (45').
Evolution du score : 2-3 (5') ; 4-5 (10') ; 5-7 (15') ; 9-9 (20') ; 14-9 (25') ; 19-11 (35') ; 21-12 (40') ; 23-14 (45') ; 28-16 (50') ; 30-18 (55').