« On ne va pas à Budapest pour faire deuxième, troisième ou quatrième », martelait Chloé Valentini en zone mixte, l'autre samedi à Paris, au sortir de la victoire messine en finale de Coupe de France. Contre sa volonté, l'ailière gauche doit réviser ses ambitions à la baisse. Ses larmes d'amertume sur le parquet du Dôme de Budapest n'y changeront rien. Pas plus qu'en 2019, pour sa découverte du Final Four, et qu'il y a deux ans, le Metz Handball ne jouera la grande finale de la Ligue des Champions.
Il ne fallait évidemment pas croire ceux qui prétendaient qu'avec Bietigheim en face, les reines de France avaient eu de la chance au tirage au sort. Avec son couronnement en Ligue EHF voici deux saisons, dans un format identique à quatre, et la valeur élevée de ses individualités, le SG BBM avait largement de quoi compenser son inexpérience de l'événement. Une présumée lacune jamais vue durant la première période, équilibrée au possible. Fidèle à sa défense en ligne, mais constamment pressurisé par des ex de notre championnat (Gassama, Mala, Xenia Smits bien sûr), Metz a compté, au mieux, deux longueurs d'avance (4-2, 11ème puis 7-5, 15ème), Et n'en avait qu'une seule en fin de mi-temps (15-14). Le quatrième but de Louise Burgaard, pointe acérée du trident danois, entretenait l'espoir d'une qualification.
Dans les cages, Moreschi a fait du Sako...
Dernièrement, dans les matches qui comptent, la formation d'Emmanuel Mayonnade pliait son adversaire, et par extension son match, en seconde mi-temps. Alina Grijseels et les latérales (Valentini, Granier) ont voulu perpétuer la coutume (20-18, 38ème). Sauf que la mécanique collective s'est grippée, délitée, au plus mauvais moment. Celui de conclure, de s'écrire un destin argenté ou doré. Les duels tireuse-gardienne ont alors nettement tourné à l'avantage du rempart de Bietigheim, Gabriela Moreschi. Y compris en contre-attaque, l'habituel point fort lorrain. Créditée de seize parades, la gardienne brésilienne passée par Fleury-les-Aubrais (2019-21) a été deux fois plus décisive ce samedi qu'Hatadou Sako (7). En subissant en prime les tirs de loin de vieilles connaissances, Kelly Dulfer (championne du monde 2019 avec Mayonnade) et Xenia Smits (Messine entre 2015 et 2020), avec la Polonaise Karolina Kudlacz en briseuse de rêve auxiliaire, les Jaune et Bleu ont été contraintes d'abdiquer (20-22, 42ème puis 22-27, 48ème).
Ce 29-36 final entérine la quatrième défaite de Metz en 2023-2024, toutes compétitions confondues. La troisième en Ligue des Champions, assurément la plus douloureuse. Comme il y a cinq ans devant Rostov (25-27), comme en 2022 face à Kristiansand (27-33), l'avant-dernière marche était encore trop haute pour l'équipe féminine la plus titrée de l'Hexagone. A défaut de vivre une deuxième finale continentale, onze ans après celle (perdue) de Coupe EHF ancienne formule, et d'imiter Brest (finaliste de C1 2021), il restera un lot de consolation à cueillir. Une troisième place, en ouverture de la session dominicale (15 h). Entre Metz et Esbjerg, c'est d'abord la promesse d'une belle : Françaises (36-31, le 4 février) et Danoises (29-27, le 23 septembre) en sont restées à une victoire à domicile partout en phase de groupes. C'était aussi, il y a deux ans, l'affiche du match pour la troisième place... remporté par le MHB (32-26). Si l'histoire contemporaine du Final Four doit être un éternel recommencement, Sako, Jørgensen et les autres Dragonnes en instance de départ savent comment soigner leur sortie...