Les grands devant, les petits derrière ? Prise à l'orée du troisième trimestre, la photo de classe de la Division 2 malmène le cliché. Une bande de promues s'est incrustée au premier plan, au milieu des aspirantes à la montée certifiées VAP. A bonne distance du leader Sambre Avesnois (48 points), Pessac nage avec les dauphines. Devance Clermont-Ferrand et Celles-sur-Belle (tous trois 41 pts) au bénéfice des confrontations directes, avec un match de plus à disputer qu'Auvergnates et Deux-Sévriennes.
« Quand on est promu, on n'essaie pas de viser trop haut. Mais on voulait faire quelque chose de bien, se maintenir le plus rapidement possible pour pouvoir viser plus haut », resitue Tiphaine Olivar. Grâce aux neuf matches sans défaite alignés de fin septembre à début février, à quelques coups de force aux dépens de Noisy-le-Grand (34-25, 4ème journée), Celles (35-26, 9ème journée) ou du Havre (32-23, samedi dernier), le champion de N1 2023 bénéficie toujours de son microclimat océanique. Pendant ce temps, Le Pouzin, lanterne rouge à qui les Girondines rendent visite ce samedi, surnage comme il peut afin d'éviter la relégation immédiate.
« Peu de personnes avaient misé sur nous dans ce championnat », reprend la pivot. Pour déjouer les pronostics, faire rimer grosse cote avec jackpot, sa formation a trouvé la martingale. « En fin de match, on arrive généralement à creuser l'écart. Lors de notre dernier match à domicile (celui contre le HAC), on est à -2 à la mi-temps (15-17), et on décroche (sic) en deuxième mi-temps. On a des rotations partout, on peut tenir un match facilement. Physiquement, on est souvent bien. »
Elle préfère la boîte familiale à la LBE
Solide expérience des hautes sphères, ancrage girondin puissant, dose de jeunesse dorée sont les autres ingrédients du succès girondin. Si elle n'a plus l'âge d'Enola Borg et d'Alix Tignon, internationales U20, Olivar coche les autres cases. Depuis qu'elle s'est détournée du foot pour « faire comme (son) grand frère », en moins de 11 ans, la pivot qui en a maintenant 32 n'a connu que deux clubs : le SPUC et Mérignac, avec qui elle a connu huit saisons de D2 et une seule de LBE. L'exercice 2019-2020, stoppé net par la crise sanitaire. « J'en garde de bons souvenirs, même si on n'a pas eu des résultats très glorieux. Se déplacer à Metz, Brest, Nantes, dans des grands clubs, ça fait toujours rêver. On se dit qu'on a un peu réalisé son rêve... »
Quand le jeu a repris, l'une des trois Pessacoises de l'effectif 2023-2024 formées au club, avec les arrières Sarah Tode et Justine Lahitte, avait « bouclé la boucle », deux étages plus bas. Moins l'effet du premier confinement que d'un choix de vie à assumer. Un dilemme plus cornélien qu'entre évoluer dans le champ ou dans les cages, du temps du CREPS de Talence. « Mérignac et moi n'allions pas vers les mêmes projets. Eux visaient à se professionnaliser ; je travaillais et ne pouvais m'investir plus. Et un beau projet se montait à Pessac, avec l'enjeu de monter en D2. A ce moment de ma carrière, c'était intéressant d'y aller. »
En renonçant à cette élite où elle ne compte « que » 18 apparitions, la native de Bordeaux n'a eu à sacrifier aucune de ses carrières. « Mon père a monté une société de revêtements de sol il y a quarante ans. On peut faire du revêtement sportif, mais ce n'est pas notre spécialité. J'y suis rentrée quand je suis revenue à Pessac. Je fais du secrétariat, des études de plan, etc. Dans une société familiale, on a en général une belle petite casquette », sourit-elle. Pas de couvre-chef sur le terrain, mais un costume de pivot tout-terrain, quoi qu'attirée par l'aspect offensif de sa fonction. Plus proche d'une Sarah Bouktit que d'une Béatrice Edwige, pour prendre des références bleues. « J'aime beaucoup monter la balle, même si des fois, Marc (Hoareau, son entraîneur) me freine un peu, avoue la numéro 13. En attaque, on peut un peu plus s'exprimer avec le ballon. Il y a de jolies choses à faire. »
Tiphaine Olivar aurait-elle pu en réaliser ailleurs que dans sa métropole, son département ? « Je n'en ai jamais eu l'occasion, je ne me suis pas renseignée plus que ça. J'aime beaucoup la Gironde, j'y ai ma famille et mes amis », lance la porte-parole des anciennes Mérignacaises de Pessac. Une cellule qui comprend aussi Marine Desgrolard, Laurine Daquin et Hélène Falcon. Toutes, et les autres Mauves, se voient aller au bout de leur logique iconoclaste. Rester sur le podium jusqu'à la photo finish du 25 mai (date de la dernière journée). « On a encore des progrès à faire, on est aussi passées à côté de quelques matches, à Lomme (défaite 26-20) et Bouillargues (31-31), mais on est plutôt bien. Il reste quelques matches, on va essayer de garder le rythme. »
Le Pouzin – Pessac (19ème journée), samedi 23 mars (20h30)