C'est à un vrai match de coupe auquel le public haut-garonnais et la poignée de supporters nantais disséminés dans les gradins du Palais des sports de la ville rose, ont pu assister. Avec de l'engagement, parfois à la limite de l'excès, de beaux gestes, de la volonté de part et d'autre à ne rien lâcher et surtout du suspense. Jusqu'au bout... Même quand à un peu plus de 2 minutes du terme, les Toulousains avaient deux longueurs à remonter et qu'ils se sont lancés à l'abordage. Cela a failli marcher mais le ballon perdu par Julien Bos a aussitôt été récupéré et le gaucher du "H" a porté le coup fatal en battant Jeff Lettens. Il ne restait que 60 secondes à dilapider et un écart de trois buts. Sur leur banc, les remplaçants et le staff nantais pouvaient commencer à lever les bras. Cela sentait plutôt bon. La réduction du score par Edouard Kempf et l'ultime arrêt de Jeff Lettens ne changeront rien à l'épilogue. Le Fenix avait un temps caressé l'espoir de se retrouver pour la 3ème fois de son histoire (après 1998 et 1999) en finale de la coupe de France. C'est Nantes qui fera le voyage vers la capitale, le 20 avril prochain.
Les joueurs de Grégory Cojean ont forgé leur succès à l'usure et la qualité du banc nantais a fait la différence. On ne peut pas dire que la 1ère période ait été, sur l'aspect technique, un modèle de handball. Et la formation toulousaine peut s'estimer heureuse d'avoir rallié la pause avec un déficit de deux unités (11-13). Que de ballons perdus par manque d'attention, de tirs sur le poteau ou alors des trajectoires déviées par Ivan Pesic, monté progressivement en puissance. En face, Jeff Lettens n'avait pas été en reste. Tout au long de la rencontre, les deux gardiens vont se neutraliser et livrer une prestation des plus honorables (sur l'ensemble, 12 parades dont deux 7m pour le Croate, 13 pour le Belge). Dans ces 1ers instants, le Fenix a surtout manqué de lucidité. Comme sur cette situation en double supériorité numérique (8-10) au cours de laquelle aucun mouvement ne sera correctement mené à son terme. Au contraire, c'est plutôt le "H" et un excellent Théo Monar qui vont en profiter. Souvent, la parfaite relation entre le pivot tricolore et sa base arrière va faire des dégâts dans la défense adverse. Et pourtant, si les hommes de Danijel Andjelkovic vont courir après le score durant toute la 1ère période et même au-delà, un semblant de révolte va intervenir au retour des vestiaires.
Le coach toulousain avait révisé ses plans. Remis de l'ordre dans sa défense en intégrant Baptiste Briet (le jeune frère de Thibaud) mais aussi en lançant sur le parquet le duo Jarry-Giraudeau sur leurs ailes respectives, au relais de Ilic-Kempf, jusque-là en manque de réussite. Côté Fenix, l'état d'esprit n'était plus le même. Il faudra pourtant attendre pour que cette réaction se concrétise. Le temps pour Ayyoub Abdi de se mettre sur ressorts (2 buts coup sur coup pour égaliser... enfin !) mais le "H" quel que peu bousculé, ne va pas flancher. Et si Toulouse va furtivement virer en tête, l'espoir d'y rester sera de courte durée. La profondeur du banc à la disposition de Greg Cojean va faire la différence. Avec les impacts de De La Bretèche, les missiles distillés par Thibaud Briet et la fin de match d'un Julien Bos omnipotent. L'illusion que le Fénix avait entretenue durant ce 1er quart d'heure de la seconde période, va rapidement s'évanouir. Les esprits s'étaient échauffés, la tension était montée, certaines décisions arbitrales incomprises et pas très nettes mais le tenant du trophée va terminer ce match de la même façon qu'il l'avait débuté. Nantes a su garder des ressources et s'est montré plus volontaire que son vis-à-vis. Et la pièce est retombée du bon côté (26-28). « Je vais retenir l’intensité du match, un adversaire qui a tout donné, qui nous a mis en difficultés, une ambiance de folie, garde en mémoire Greg Cojean… De notre côté, on est très content de se qualifier, de retourner à Bercy pour la 2ème année consécutive et on va tout faire pour garder le titre. On savait que Toulouse avait envie de s’offrir une finale, avec l’excitation qui existait autour de cette rencontre, on savait qu’il fallait être solide mentalement pour s’imposer, il n’y a pas toujours eu la qualité du jeu mais avec un tel contexte, c’est parfois difficile. On est resté lucide et je suis vraiment très content. Lorsque Toulouse a connu son temps fort (dans le 1er quart d’heure de la 2e MT), on a serré les dents, les rotations ont été excellentes. La fin de match a été bien négociée. » Le 20 avril prochain, Nantes retrouvera donc le PSG en finale de l'épreuve. Comme en 2015 et 2022 avec un sacré challenge à relever. Car lors de ces deux précédents, le scénario avait été favorable aux Parisiens. Une finale entre les deux meilleurs clubs actuels français. La hiérachie est donc respectée. Ce dont se défend Théo Monar, le pivot du "H". « Dans une finale, il n'y a pas de hiérarchie, c'est 16 mecs contre 16 mecs, on n'a peur de personne et en plus, cette finale esr encore loin. Je me focalise et c'est pareil pour mes coéquipiers sur les matches qui restent sur les mois de mars et avril. En championnat, on a de gros combats qui arrivent. On sait que c'est maintenant que cela va se jouer, les objectifs sont clairs, on a de l'ambition, on est prêt à tout donner, on travaille dur, on ne s'est pas arrêté depuis la mi-juillet et personnellement, si je m'entraîne, c'est pour vivre ces moments-là. On aborde donc cette période sereinement et avec beaucoup de détermination. » Le prochain rendez-vous prendra la forme de retrouvailles puisque pas plus tard que dimanche, Nantes accueillera Toulouse lors de la 21ème journée de Starligue.
Dans le camp toulousain, il y avait beaucoup d'amertume avec le sentiment que l'exploit de laisser à quai l'adversaire du soir était possible. A l'image de l'ailier gauche Téo Jarry auteur d'une entrée en jeu très remarquée. « On peut avoir des regrets, c’est vrai, ce n’était pas un grand Nantes ce soir même si sur la fin, ils sont plus réalistes, on perd encore une fois, beaucoup trop de ballons. On était prêt, tout le monde était vraiment "au taquet" pour jouer. Ça nous arrive souvent de faire une mauvaise entame de 2ème, on était derrière et on n’avait pas le droit de laisser Nantes s’envoler et y croire. On a été poussé par la salle, on a tenu pendant longtemps et ça se joue sur des détails, il ne faut jeter la faute sur personne, on a quand même montré de l’envie, il faut continuer comme on l’a fait jusque-là pour aller chercher un truc sympa. » En championnat, Toulouse occupe toujours la 4ème place avec 5 points d’avance sur St Raphaël et se retrouve donc potentiellement européen.
Palais des Sports André Brouat (Toulouse), 1/2 de CDF, jeudi 21 mars 2024
Fenix Toulouse - HBC Nantes 26-28 (MT: 11-13)
Arbitres: Titouan Picard et Pierre Vauchez
Evolution du score: 1-3 (5) 3-5 (10) 4-6 (15) 6-10 (20) 9-11 (25) 11-13 (MT) 15-17 (35) 19-20 (40) 21-20 (45) 22-23 (50) 24-25 (55) 26-28 (FIN)