Contrairement aux Cats (basket, championnes d'Europe 2023) ou aux Panthères (hockey sur gazon, argent continental l'été dernier), et même à la sélection hommes chère à Yérime Sylla (les Loups rouges), l'équipe nationale féminine belge de hand ne s'est pas donnée un nom de scène animal. Veuillez, s'il vous plaît, l'appeler les Black Arrows. Les Flèches noires, dans le sud francophone du royaume, dont la meneuse de jeu vise de plus en plus juste.
Internationale A depuis une bonne décennie, Nele Antonissen tutoie les meilleures buteuses de la compétition française. Entre deux championnes du monde messines (Valentini et Bouktit), l'Anversoise de 27 ans, troisième d'une hiérarchie dominée par Mathilde Plotton (Saint-Maur), a planté nonante-cinq roses en quatorze rencontres. C'est déjà plus que les 85 et 81 unités de ses deux premières saisons sous la vareuse du Mérignac HB. D'un exercice à l'autre, sa moyenne d'efficacité a doublé : de 3,4 à 6,8. Sans saut d'index.
« Je pense réaliser l'une de mes meilleures saisons à Mérignac, affirme la MVP du mois de janvier. En m'entraînant dur, en travaillant sur moi-même, j'ai progressé. Il y a des matches qui se passent mieux que d'autres, je dois donc continuer à travailler pour être plus régulière. » La quête de perfection anime en permanence la Flamande amatrice de sorties nature, arrivée d'Octeville (D2) à l'été 2021. «J'essaie toujours de faire de mon mieux, ce qui m'a déjà beaucoup aidé. Mais il ne faut pas non plus vouloir trop bien faire, car cela me fera moins bien jouer. Après un match, j'essaie aussi de regarder en détail ce que j'aurais pu faire de mieux pour aider l'équipe. »
Audrey Deroin partie et retirée du haut niveau, la dépositaire du jeu girondin est désormais aussi celle de l'attaque. Les prérogatives élargies font gonfler les stats, on l'a vu. Elles mettent par ailleurs en relief une faculté à déchirer tout rideau défensif, permise par son gabarit (1,70 m). Prendre un demi-intervalle peut suffire à celle qui était partie dans des formations néerlandaises (Geleen, Dalfsen) avant sa majorité. « J'essaie aussi de faire des passes décisives à mes coéquipières, souligne-t-elle. C'est aussi mon travail en tant que demi-centre. »
Avec l'entourage sus-nommé, la nouvelle maîtresse des horloges mérignacaises a participé à l'oeuvre de résilience consécutive à un cru 2022-2023 « très difficile sur le plan mental, lorsque nous avons appris qu'il y aurait des déductions de points ». Pour rappel, Mérignac s'en était vu retirer cinq, avait fini 13ème et dernier de LBE, et attendu tout l'été un repêchage arrivé... juste après la reprise. « Le groupe a compris à quel point il voulait jouer en D1. Maintenant, nous voulons tout donner pour y rester. »
La troupe de Christophe Chagnard fait plutôt bon usage de sa seconde chance. Elle a engrangé quatre victoires, soit une de moins que sur toute la saison passée. Tous ses succès ont été acquis contre des sociétaires de la colonne de droite du général : Saint-Maur, Nice, Toulon, Besançon. Ce mercredi, elle est passée près d'une perf à Plan-de-Cuques (7ème), malgré le bon 7/10 de l'ex-étudiante en "sciences du sport et de l'exercice", la filière STAPS belge. « C'est très frustrant. Dans ce genre de match », perdu 28-27 en Provence, « tout se joue sur des détails ».
Si le MHB néo-aquitain recule au douzième rang à l'issue de l'acte XV, il est virtuellement neuvième du fait de sa rencontre en retard, et possède six points de plus que Saint-Maur, lanterne rouge et relégable. « Nous ne sommes pas encore maintenues, prévient la numéro 18. Nous avons vu la saison dernière à quel point les choses peuvent changer rapidement. La saison est encore longue. Nous avons encore des matches importants à gagner. » Comme la réception de Saint-Amand-les-Eaux le 24 février, qui succédera à celles de Metz (mercredi prochain) et de Brest (match d'alignement de la deuxième journée, le 21). « Nous devrions également chercher des points contre des équipes devant nous au classement. »
Mérignac pourra-t-il conserver au-delà de cette saison son diamant anversois de bon conseil, forcément devenu objet de convoitises ? Ayant prolongé d'un an seulement au printemps 2023, Nele Antonissen préfère éluder le sujet mercato. Moins confidentielles sont ses intentions avec les Arrows : sortir de l'anonymat, jouer autre chose que des matches amicaux, l'ordinaire de la sélection d'outre-Quiévrain depuis quasi vingt ans. « C'est un peu frustrant. Ces dernières années, tout l'argent allait aux hommes », qui avaient certes accédé au tour principal de leur premier Mondial, il y a treize mois. « Ce n'est pas vraiment correct. Mais j'ai l'impression que ça change un peu cette saison, que la fédération veut aider les filles. On cherche encore des sponsors pour aller aux qualifications. » Telle est la prochaine cible à atteindre...