Les Croates et les Espagnols sur la phase préliminaire, les Allemands sur le tour principal, un succès juste avant face à la Hongrie, l’Autriche n’avait pas d’autre ambition que de s’offrir la France et pouvoir inscrire le champion olympique à son tableau de chasse. Les hommes de Guillaume Gille étaient donc prévenus. Pourtant dès l’entame, ils ne vont pas donner l’impression d’être suffisamment concentrés pour repousser les assauts d’un adversaire qui sur le plan de l’image et eu égard à son statut, avait moins à perdre qu’eux. 

En difficulté dès son 1er tir, Nedim Remili n’était pas sur ses standards habituels. Il va tenter, échouer sur un contre autrichien, impacter à nouveau, voir sa trajectoire filer hors cadre ou repoussée par le gardien Costantin Möstl, le même qui deux jours plus tôt avait à lui seul enrayé la mécanique de la Mannschaft. Si dans cette entame, Dika Mem et Ludovic Fabregas vont montrer leur régularité, ils vont devoir longtemps batailler pour enfin égaliser et virer en tête. Sans pour autant prendre une avance conséquente car en face, grâce à leur jeu à 7, les hommes d’Ales Pajovic vont maintenir leur pressing. Mais il y avait un peu plus de justesse et de cohésion dans le camp tricolore. 

Titularisé d’entrée, Samir Bellahcène s’était déjà signalé sans que ses partenaires en profitent vraiment. Au fil des minutes et alors que les deux équipes se rendaient coup pour coup, ses interventions seront mieux exploitées sur la transition. Comme cette relance sur Hugo Descat qui n’aura qu’à pousser la balle dans la cage vide ou cette impeccable fermeture sur le très expérimenté ailier Robert Weber. Enfin, la France bousculait son adversaire qu’elle poussait à la faute et surtout elle montrait un peu plus de maîtrise (15-12 à la 26ème). C’était sans compter sur le sursaut des Autrichiens. C’est au moment où ils semblaient le plus en détresse, où l’écart était le plus large qu’ils vont bénéficier des circonstances. Le bois sur cette trajectoire d’Elohim Prandi, cette perte de balle de Nedim Remili ou ce tir dans un angle impossible de Yanis Lenne détourné par Haustl. Tout était à refaire et même pire puisqu’à 9 secondes de la pause, la marque s’inversait (15-16). 

A la reprise, déterminés à ne pas se laisser embarquer dans un mauvais scénario et permettre à leur adversaire de fortifier sa confiance, les Bleus vont mettre un peu plus de rythme et une intensité décuplée en défense. Avec une bonne répartition défensive et une meilleure fluidité en attaque, tout paraissait bien engagé (22-19 à la 40è). Mais la vigilance d’Haustl sur sa ligne va ramener les Autrichiens sur le devant de la scène. De courte durée puisque sur engagement rapide, Ludo Fabregas et Kentin Mahé vont redonner de l'air. Mais il y aura encore du déchet au tir pour se mettre définitivement à l’abri. Il faudra dans les dix dernières minutes compter sur Samir Bellahcène en état de grâce pour verrouiller une nouvelle victoire (33-28). 

Quinze parades pour le gardien des Bleus qui signe ce lundi soir sa prestation la plus aboutie. Il lui fallait un match référence. Il le tient enfin. Et si grâce à ce succès (le 4ème d’affilée dans cet Euro), la France va disputer sa 8ème demi-finale européenne, l’Héraultais lui, veut voir plus loin. « Je suis là pour gagner, martèle-t-il au micro de beIN. Que ce soit moi qui fasse des arrêts, Rémi ou Charles, peu importe, j’ai envie d’aller au bout, d’avoir une médaille… d’or de préférence. Ce soir, cela m’a souri, je suis évidemment content d’apporter ma petite pierre à l’édifice. J’espère que ça va continuer. L’important commence maintenant, il reste la Hongrie à jouer, on ne va pas laisser filer ce match. Après il y a la demie… Bien-sûr que je suis heureux… Premier carré sur ma 1ère compétition, j’espère que cela en amènera plein d’autres. » Et comme deux heures plus tard, l’Allemagne a réussi à battre la Hongrie (35-28), l’équipe de France est assurée de terminer en tête de son groupe quels que soient les résultats lors de la dernière journée du tour principal programmée mercredi. C’est donc la Suède qui sera son adversaire en demi-finale. Tiens, comme en 2021 et 2023 lors du Mondial en Egypte et en Suède et comme en 2022 lors de l’Euro en Hongrie. Trois confrontations d’affilée et... un seul succès... Il y a un an.