Deux jours plus tôt, l’Islande avait échoué face à l’Allemagne mais malgré la déception, elle n’avait pas eu la sensation d’avoir livré une mauvaise prestation. D’où une certaine confiance par rapport à cet adversaire français qu’elle avait humilié, deux ans auparavant lors de l’Euro en Hongrie. Et les Bleus ont longtemps gardé cette défaite de huit buts en travers de la gorge. (Ce jour-là), « on a ramassé et en plus ils ont fait les malins, se souvient Luka Karabatic. Autant dire qu’il était hors de question de renouveler le faux-pas.
En faisant débuter Samir Bellahcène plutôt que Rémi Desbonnet dans la cage en laissant Charles Bolzinger dans les tribunes et en rappelant Benoit Kounkoud suppléant un Valentin Porte victime d’une contusion osseuse à un genou, la France était parée pour relever le défi. Et après une courte période nécessaire à l’ajustement, le jeu tricolore a pu se mettre en place. Avec dans un rôle d’équilibriste, Ludovic Fabregas qui va par trois fois, utiliser les espaces laissés vacants par la défense nordique. Chacun va participer à l’effort collectif et Samir Bellahcène, montrer son autorité. Même s’il y avait quelques échecs au tir et par moments, un défaut de concentration, la dynamique était du bon côté avec un 4-0 passé aux Islandais. Les hommes de Guillaume Gille vont parfois tomber dans la facilité, montrer un peu trop d’impatience, galvauder la finition mais ce jeu sur grand espace qui est la marque de fabrique de la maison bleue va enfin prendre corps. Et les partenaires du Nantais Viktor Hallgrimsson vont se retrouver en difficulté pour juguler l’écart (+5 à la 21è). Avec une aisance presque nonchalante, Dika Mem va continuer à se régaler et envoyer des missiles. Pourtant, la tendance va changer. L’Islande va moins subir et surtout se montrer un peu plus rigoureuse. Les impacts du pivot Vidarsson vont causer des dégâts et en quelques minutes, l’écart va fondre. Kentin Mahé entré en fin de mi-temps va redonner un peu d’air (17-14).
Même en jouant bien, les Tricolores restaient malgré tout, sous la menace d’une réaction. Elle ne va pas venir tout de suite. Ludovic Fabregas et surtout Melvyn Richardson exploitant tous les ballons qu’ils pouvaient récupérer. Les Islandais étaient en difficulté aux deux extrémités du terrain. (22-16 à la 36ème). Ce sont pourtant les Français qui vont leur faciliter la tâche. En rendant des ballons et en étant moins vigilants. Viggo Kristjansson, le gaucher de Leipzig va se faire plus pressant. Haukur Thrastarsson qui depuis le début de l’Euro avait bénéficié d’un temps de jeu très réduit, va saisir sa chance. Et d’un coup, le banc nordique va se réveiller, tout comme les supporters dans la Lanxess Arena. Pour autant, comme les Bleus trouvaient des solutions, l’écart restait conséquent. Il sera même aggravé par celui qu’on n’attendait pas dans ce rôle. Impeccable depuis une semaine et demie dans son rôle de défenseur, Karl Konan va s’offrir un petit plaisir. La tour de contrôle montpelliéraineva hériter d'un ballon perdu à hauteur de sa ligne et après une course bien dosée d’une trentaine de mètres allait marquer dans la cage vide, son 1er but du tournoi. Si l’ailier Rikhardsson va entretenir l’espoir, l’Islande ne parviendra jamais à ébranler les Français. Pire même, elle va carrément démissionner dans les cinq minutes. Au final, la facture est peut-être élevée mais les Bleus aiment le travail bien fait (39-32).
« On a su se récompenser, valide
Luka Karabatic. On a été efficaces même si je pense qu’on peut l’être encore plus. La compétition continue, aujourd’hui, ce n’est qu’une victoire. On va mettre du cœur à terminer le travail. C’est vrai, les demi-finales sont dans un coin de la tête, on s’en rapproche mais il faut rester concentré et améliorer les petites erreurs que l’on commet encore. » Justesse et sérénité, voilà les deux traits qui caractérisent l’équipe de France après les cinq matches qu’elle vient d’avaler en à peine dix jours. L’objectif est identifié mais pas besoin d’insister. Les deux derniers rendez-vous lundi face à l’Autriche et mercredi face à la Hongrie ne seront pas galvaudés, ils serviront à mieux préparer un avenir que l’on peut espérer radieux.
Lanxess Arena (Cologne), samedi 20 janvier 2024, Groupe I Tour Principal
France - Islande 39 – 32 (MT : 17-14)
Spectateurs : 19 250
Arbitres : Mads Hansen & Jesper Madsen (Danemark)
Evolution du score : 3-2 (5) 6-4 (10) 8-6 (15) 11-7 (20) 14-11 (25) 17-14 (MT) 21-16 (35) 25-21 (40) 28-25 (45) 32-28 (50) 35-30 (55) 39-32 (FIN)
Les réactions dans le camp bleu...
Samir Bellahcene : « Je suis super content d’avoir pu aider l’équipe au maximum, mais aussi qu’on continue à prendre des points. Le match a été un peu bizarre, on l’a maitrisé mais sans jamais vraiment le tuer non plus, ils se sont bien accrochés. Débuter cette rencontre, c’est une nouvelle étape pour moi, une de plus, car je n’avais jamais été titulaire en équipe de France. Mais cela ne veut rien dire pour la suite. J’espère avoir pu rendre au staff sa confiance. Je n’y accorde pas plus d’attention que ça. Jouer avec une telle défense, c’est beaucoup plus simple et quand même un sacré truc. Pour ce qui est de la qualification, franchement, je suis nul en maths. Et à la limite, peu importe, on sait que dans deux jours on a un gros match contre l’Autriche, il faut surtout qu’on pense à rester sur la même dynamique. »
Guillaume Gille : «Ce soir, notre défense a montré le chemin, avec beaucoup de mobilité et d’agressivité. Cela a posé les bases du succès, d’autant plus que nos gardiens de but ont livré une très grosse partie, surtout en première période. J’avais fait le choix de débuter avec Samir car il avait montré de belles choses sur ses dernières sorties. Ça a été un baptême pour lui, mais il a répondu présent. Le job a été fait par notre duo de gardiens, surtout en première période. Malgré les rotations, on a eu beaucoup de stabilité. L’idée est de pouvoir compter sur l’homogénéité de ce groupe pour traverser le marathon de cet Euro. Jouer tous les deux jours, cela laisse des traces sur les organismes, et l’idée reste d’arriver le plus frais possible dans l’emballage final.»
Melvyn Richardson : « Ce soir était un match un peu spécial, en tous cas un peu plus que les précédents, mais je suis content qu’on ait répondu présent. On a su freiner leurs qualités, que ce soit leur défense haute ou leurs un contre un, et le match a été positif dans son ensemble. Après, le but est de gagner tous les matchs, pas de calculer. On ne regarde pas plus loin que le prochain et si on arrive à se qualifier ce soir ou lundi soir, tant mieux. On sait que c’est très compliqué de jouer tous les deux jours, et le but est d’entretenir la dynamique positive dans laquelle on se trouve en ce moment. On continue de monter en puissance, tout le monde mord dans le truc quand il en a l’occasion, ce soir c’était moi et ça fait plaisir. J’ai l’impression que tout le monde a de la confiance, et c’est super positif pour la suite.»