Deux jours plus tôt, pour débuter la compétition, les handballeurs des îles Féroé étaient passés à côté de l’exploit, ne s’inclinant que de trois longueurs (32-29) face à l’expérimentée Slovénie. Ce samedi soir, l’adversaire était encore plus redoutable. Depuis 2017 et sa médaille d’argent au championnat du Monde face à la France, la Norvège s’est non seulement invitée à la table des grands d’Europe mais également, les joueurs qu’elle produit, sont convoités par les clubs les plus prestigieux. La confrontation paraissait donc déséquilibrée. Elle ne l’a jamais été. Malgré les Sagosen, Johannessen, Blonz et autre Gullerud qui sont autant d'atouts pour la Norvège, il y a aussi du talent et surtout beaucoup de fraîcheur dans cette équipe atypique où les athlètes et leur staff font corps avec leurs supporters. Plus de 5000 d'entre eux (soit 10% de la population de l’archipel) n'ont pas hésité à se déplacer sur cet Euro et envahir depuis jeudi, quelques brasseries de Berlin mais surtout la Mercedes-Benz Arena. Et pour ce 2ème rendez-vous, ils ont eu raison d’y croire jusqu’au bout. C’est à quatre secondes du dénouement qu’Elias Ellefsen A Skipagotu (21 ans - photo de tête) qui depuis l’été dernier évolue au THW Kiel, a inscrit le 7 mètres de l'égalisation (26-26). Trois minutes plus tôt, la tendance était plutôt en faveur de la Norvège qui grâce aux arrêts de Bergerud (14 au total) avait pris l’ascendant sur son adversaire (23-26).
Les Féroïens ont tenu la distance et le défi physique imposé par leur adversaire dès le coup d’envoi. Jamais ils ne sont affolés quand notamment ils ont traversé un 1er temps faible (7-10 à la 17ème). Ils ont surtout été rassurés par l’entrée dans les cages de Nicholas Satchwell. Né en Angleterre en 1991, le gardien qui évolue dans un club islandais a multiplié les arrêts. En face, Torbjorn Bergerud va retarder l’égalisation à deux reprises. La 3ème tentative sera la bonne. Oli Mittun, l’autre phénomène îlien, du haut de ses… 18 ans va trouver la faille avant que Magnus Rod, ne redonne l’avantage à la Norvège (12-13 à la pause).
Au retour des vestiaires, rien n’était acquis. Mais l’expérience n’allait-elle pas prendre le pas sur la fougue d’une formation qui dispute en Allemagne sa 1ère compétition officielle ? Pas le moins du monde et parfaite neutralisation puisqu’à dix minutes de la fin, les protagonistes de la soirée étaient dos à dos (23-23). Ils auraient pu se répondre du tac-o-tac sans que personne ne les gêne. C’était sans compter sur les arbitres suisses qui sur deux décisions vont manquer de discernement. La Norvège va profiter de la situation et malgré l'exclusion définitive d'Overby, capitaliser une avance de trois buts. Elle menait encore 26-25 lorsqu’à 11 secondes du buzzer, son entraîneur Jonas Wille a posé son ultime temps mort. Sur la possession, Harald Reinkind a perdu le ballon et a commis une faute qui a entraîné le fameux pénalty. On connaît la fin de l’histoire.
Il est fort peu probable que les Iles Féroé accèdent au tour principal. Dans ce groupe D, la Slovénie qui a engrangé deux victoires (face aux Féroïens et à la Pologne) est assurée d’y être. Lundi, elle retrouvera à Berlin, des Norvégiens qui même s’ils n’ont pas perdu, ont pris un coup derrière la nuque. Un nul leur suffit pour continuer leur progression dans cet Euro. Un succès leur garantirait les fameux deux points, quasi indispensables pour aborder sereinement le tour principal. Quant aux Féroé, accrocher la Pologne au tableau de chasse est un objectif tout à fait réalisable.
Mercedes Benz Arena (Berlin), samedi 13 janvier – Groupe D
Iles Féroé – Norvège 26-26 (mi-temps : 12-13)
Spectateurs : 13 571
Arbitres : Arthur Brunner & Morad Salah (Suisse)
Evolution du score : 2-3 (5) 5-6 (10) 7-9 (15) 9-10 (20) 11-12 (25) 12-13 (MT) 14-16 (35) 17-18 (40) 20-20 (45) 23-23 (50) 23-25 (55) 26-26 (FIN)
Iles Féroé : Satchwell (7 ar./21) Jacobsen (4 ar./23) – A Skipagotu (5/12 dt 3/3 à 7m) Rasmussen (5/7) Av Teigum (4/5) Hansen (3/3) Poulsen (3/6) Mittun (3/5) Mortensen (1/3) Mikkjalsson (1/3) Johansen (1/1)
Norvège : Bergerud (14 ar./39) – Blonz (8/9 dt 5/5 à 7m) Johannessen (6/10) Gullerud (3/3) Reinkind (3/5) Rod (3/3) Sagosen (2/6) Bjornsen (1/1)
Déjà l'an passé, au Mondial U21 disputé en Grèce et surtout en Allemagne, les joueurs des îles Féroé s'étaient illustrés (voir
ICI) avec cinq d'entre eux qui ce samedi soir se retrouvaient sur la feuille de Féroé-Norvège. En 2022, ces mêmes pépites s'étaient signalés sur l'Euro U19, ridiculisant au passage une bien piètre équipe de France (voir
ICI).