Ces six dernières années, l'Espagne est une habituée du podium européen. Deux titres consécutifs en 2018 et 2020, l'argent en 2022, plus une médaille de bronze aux derniers Jeux et aux deux championnats du Monde 2021 et 2023, les joueurs de Jordi Ribera étaient jusque-là un modèle d'efficacité et de régularité. Au point de s'exporter un peu partout en Europe. Sur les 18 présents en Allemagne, deux seulement évoluent au pays contre six par exemple, dans le championnat français. Et avant même que ne débute l'épreuve, la "Roja" figurait parmi les favoris. Ce vendredi soir, les bookmakers ont révisé quel que peu leur raisonnement. Surtout après la raclée que les Ibères ont subi face à la Croatie ! C'est simple, les porteurs du maillot à damiers ont mené de la 1ère à la dernière minute.
Pour sa grande 1ère à la tête de la sélection, Goran Perkovac a réussi un coup de maître. Déjouer les plans établis par son homologue espagnol. Les Croates se sont montrés appliqués, disciplinés, solidaires et plein d'envie. D'entrée, ils ont pris le large profitant notamment d'une supériorité numérique après l'exclusion du Chambérien Inaki Pecina. Malgré quatre buts à remonter, l'Espagne se devait de réagir. Elle va le faire timidement sans pour autant revenir à la hauteur. Pire même, elle va perdre son patron en défense, le longiligne Miguel Sanchez-Migallon victime d'un coup à la main gauche (avec suspicion d'une fracture du pouce). Elle n'avait vraiment pas besoin de cette déconvenue pour donner la réplique aux joueurs des Balkans. Enchaînant les pertes de balle, les mauvaises appréciations sur les déclenchements de tir, une ligne défensive totalement friable devant deux gardiens (Perez de Vargas et Hernandez) inexistants, le malaise va prendre des proportions inouies. Peu avant la pause, les Espagnols vont donner l'impression de mettre un peu plus d'activité, Imanol Garciandia inscrivant trois buts consécutifs mais rien n'y fera et le passif de quatre unités sera conservé (14-18).
On attendait évidemment un sursaut. Une bête orgueilleuse n'est jamais aussi dangereuse que lorsqu'elle est blessée. Dans les cages croates, le Chambérien Filip Ivic qui avait réalisé quelques parades opportunes en 1ère période avait laissé sa place à son binôme Matej Mandic. Le portier du RK Zagreb ne va pas avoir le temps de prendre sa respiration, sollicité dès la 1ère attaque ibère. 1er arrêt et amorce d'une vague rouge et blanche qui va submerger l'Espagne et balayer tout sur son passage. Jordi Ribera qui s'était obstiné (à tort) à abuser du jeu à 7 contre 6, avait utilisé deux de ses temps morts après seulement 13 minutes, il va poser le 3ème à la 38ème ! Pour tenter de stopper l'hémorragie. Pensez donc, la Croatie venait de passer un 5-0 sans que personne ne trouve à redire (14-22). Les frères Dujshebaev pièces maîtresses du dispositif étaient à la dérive (aucun but), les portiers n'étaient pas mieux inspirés et le "vieux" Canellas avançait en marchant. Seuls Aleix Gomez (infaillible à 7m) et Casado par intermittence avaient surnagé. Ce répit autour de leur coach, les Espagnols ne vont même pas en profiter. Les Croates vont repartir avec encore un peu plus de force et de détermination. Avec Ivan Martinovic, Mario Sostaric et le Montpelliérain Veron Nacinovic à la manoeuvre en attaque, l'intensité de la défense et la vigilance de Mandic, il n'en fallait pas plus pour saler l'addition. Neuf longueurs d'écart, puis 11 puis 10... le naufrage était total pour la "Roja". Ian Tarrafeta avait tenté de colmater les fissures mais le demi-centre aixois avait été lancé bien trop tard sur une mer démontée. Il était temps que l'avanie se termine. Les Croates crédités de 93% d'efficacité au tir (contre 64 pour les Espagnols) ont réalisé une prestation de grande qualité et envoient un signal vers ceux qui les avaient oubliés pour l'emballage final. L'Espagne risque de traîner longtemps ce boulet. Il lui faut désormais réaliser un sans-faute si elle veut entrevoir les demi-finales. En sera-t-elle capable avec ce qu'elle a montré ce vendredi soir ? Le scepticisme commence à envahir les esprits.
A Mannheim, SAP Arena, vendredi 12 janvier, groupe B
ESPAGNE - CROATIE 29-39 (mi-temps: 14-18)
Spectateurs: 13 293
Arbitres: Vaclav Horacek & Jiri Novotny (Rép. Tchèque)
Evolution du score: 1-3 (5) 4-7 (10) 6-11 (15) 8-12 (20) 10-14 (25) 14-18 (MT) 15-23 (35) 18-27 (40) 22-30 (45) 24-34 (50) 26-36 (55) 29-39 (FIN)
Espagne: les buteurs... Gomez (8/8) dt 4/4 à 7m) Casado (4/7) Garciandia (3/6) Serdio (3/4) Canellas (3/3) Maqueda (2/3) Fernandez (2/2) Tarrafeta (2/3) Figueras (1/4) Odriozola (1/2) gardiens: Perez de Vargas (1 ar./26) Hernandez (0 ar./10)
Croatie: les buteurs... Sostaric (8/8 dt 3/3 à 7m) Martinovic (8/10) Lucin (5/6) Nacinovic (4/4) Srna (3/3) Klarica (3/3) Karacic (2/2) Cindric (2/2) Glavas (2/2 dt 1/1 à 7m) Jelinic (2/2) gardiens: Ivic (3 ar./18) Mandic 5 ar./18)