Personne, à Nice, n'osera affirmer avoir affronté un Toulon Métropole Var HB décimé. Malgré une demi-douzaine d'éléments sur le flanc (Pugliese, Julien, Tonds, Demunck, etc.), trois rotations en moins et une seule gardienne opérationnelle, le collectif varois est allé s'imposer dans les Alpes-Maritimes. Et pas qu'un peu : de neuf longueurs, 34 à 25. Le triple de l'avance prise en fin de première mi-temps (11-14). « On a le sentiment d'avoir fait un gros coup, confirme Manon Loquay, qui y a contribué à hauteur de cinq buts. Etant donné qu'on était onze, il fallait essayer de gérer le rythme. Chacune a pris ses responsabilités, a bien joué à son poste. On a mis énormément d'enthousiasme en défense, on avait une bonne gardienne (Florence Bonnet, 12 parades), qu'il fallait aider au mieux. Toutes les étoiles s'étaient alignées pour qu'on gagne ce match. »
Par-delà l'écart, les incidences au classement, la performance signée ce mercredi marque les esprits plutôt trois fois qu'une. Désormais dixièmes du général, les joueuses de Joël Da Silva avaient terminé 2023 sur quatre défaites de rang en Ligue féminine. La victoire en déplacement les y fuyait depuis mai 2022 (22-23, à Fleury-les-Aubrais). Et le précédent succès à Charles-Ehrmann, la salle de l'OGCN, datait de février 2017 (25-26). En ce temps-là, la pivot évoluait avec les U18 nantaises, filait vers son deuxième titre consécutif de championne de France de la catégorie. Un fameux doublé, certes, mais dépassé émotionnellement par le sacre des Neptunes en Coupe EHF, en mai 2021. « Je suis revenue de blessure pour le Final Four. J'avais joué la demi-finale et la finale. »
« Il fallait que je connaisse autre chose »
Celle qui a touché sa première balle collante à 11 ans à Sainte-Pazanne, trente kilomètres au sud-ouest de Nantes, serait volontiers restée une dixième saison en Loire-Atlantique. Seulement, demeurer la doublure d'Anna Lagerquist à 6 mètres obérait les perspectives d'avancement. Alors l'ancienne élève du pôle espoirs de Segré s'est résolue à « quitter (sa) zone de confort ». A s'éloigner des bords de l'Atlantique pour accoster l'été dernier en rade de Toulon, en pleine réfection à l'issue d'un exercice 2022-2023 éreintant, avec le maintien seulement assuré à l'avant-dernière journée. « Il fallait que je connaisse autre chose, un autre club. Je suis arrivée dans une équipe jeune, qui change totalement de Nantes, où il y avait énormément de joueuses internationales expérimentées. Ca me donne des responsabilités, encore plus avec le brassard. »
Car à une large majorité, nouvelles camarades et coach ont attribué le capitanat varois à l'une des neuf recrues. « Ce changement de rôle est très plaisant, avec beaucoup de temps de jeu en défense et en attaque. » Dès le premier match officiel, fin août à Brest (défaite 31-23), la numéro 25 s'était vue accorder 36 minutes. A Nice, sans Oriane Salmon (blessée) pour la seconder, elle a joué le derby en intégralité, moins deux minutes d'exclusion. « Je me suis très vite adaptée au projet, à la ville. Dans le jeu, il m'a fallu trouver des affinités, surtout en attaque. (Les coéquipières) me trouvent de plus en plus. Au poste de pivot, on dépend beaucoup des autres, on travaille tous les jours pour ça. Il y a toujours une marge de progression, mais pour l'instant, je suis satisfaite de mon début de saison. »
Elle réfléchit à une saison 2
Si le bilan collectif du cycle aller est conditionné au déplacement de mercredi prochain à Saint-Maur, Manon Loquay en propose tout de même une ébauche. « On s'améliore, on commence à trouver de bonnes affinités entre joueuses. Etant donné qu'on est une équipe très jeune, on a encore des hauts, des bas. On est trop irrégulières pour le moment. On doit travailler là-dessus. » De façon à passer à l'étape suivante : signer une quatrième victoire (après Achenheim et Saint-Amand à domicile, et donc Nice), en aligner enfin deux de suite, « creuser l'écart » avec la lanterne rouge francilienne pour le porter à six points, et même avec cette grappe d'équipes dixièmes ex aequo avec 18 unités : le promu alsacien, les Nordistes et Mérignac (un match de moins).
Tout en faisant ces projections à court terme, la kiné diplômée qui envisage d'exercer plus tard en région nantaise ne néglige pas l'avenir handballistique proche. Son contrat avec Toulon ne vaut en effet que pour la saison en cours. « J'essaie de regarder les possibilités qui s'offrent à moi. » Pour décider ou non d'une prolongation, il n'existe pas de meilleur endroit que l'Anse de Méjean. « Une petite plage que j'adore. »