Françaises et Norvégiennes s’étaient croisées il y a une semaine en fin de 1ère phase et les Tricolores avaient réussi à s’imposer d’une courte tête (24-23). On a su très vite que si elles voulaient célébrer des retrouvailles, ce n’est qu’en finale qu’elles pourraient le faire. Ce dimanche, le décor était planté et comme il n’est jamais facile de rééditer en si peu de jours, pareil exploit face à une des formations les plus titrées au Monde, l’équipe de France devait se transformer. Rajouter un facteur X qui la ferait basculer du bon côté. Ce petit plus a été apporté en partie, par la benjamine du groupe, Léna Grandveau. « Je ne pleure pas d'habitude mais là, c'était magique. C'était mon premier Mondial. Je n’avais joué qu’un seul match auparavant. Gagner une finale du Championnat du monde contre la Norvège avec cette équipe, c'était tout simplement top ! » La Nantaise qui fêtera ses 21 ans, le 21 janvier prochain n’avait dans sa vitrine qu’une médaille de bronze acquise en 2021 à l’Euro U21. Dans les prochains jours, une breloque un peu plus étincelante, frappée d’or viendra illuminer toute la pièce. C’est un réel exploit qu’ont signé les Bleues dans cette immense salle danoise où les supporters nordiques étaient bien-sûr en supériorité numérique. « Je savais qu’on était capable de le faire mais de le vivre, c’est tellement grand, avoue Estelle Nze Minko (ci-dessous) au micro de la 10ème chaîne. On a eu une année dernière hyper difficile où à l’Euro, on avait calé en demi-finale alors qu’on avait fait un beau parcours, on a énormément travaillé et un an plus tard, on revient sur une compét internationale et on est championnes du Monde, 20 ans après l’ancienne génération… Je suis tellement fière de cette équipe, tellement sonnée, il y a beaucoup d’émotion et je suis contente car on avait besoin de gagner contre la Norvège car cela faisait quelques compétitions de suite qu’on perdait, on avait le sentiment qu’elle nous dominait et qu’on n’avait pas encore trouvé comment les battre. On l’a fait deux fois… ça rouvre le champ du possible et c’est de bon augure pour notre avenir. » La performance est d’autant plus grande que les Françaises n’ont jamais fléchi.
En début de partie, lorsque le trio Oftedal-Reistad-Mork a mis le désordre dans leur défense, il n’y a jamais eu de panique. Il fallait garder toute la sérénité nécessaire pour laisser passer l’orage. Henny Reistad qui deux jours plus tôt avait malmené à elle seule, le Danemark (15/17) et qui avait bien l’intention de récidiver face aux Bleues, est tombée sur des adversaires d’un tout autre calibre, animés par une toute autre volonté (on apprendra après la rencontre qu’elle avait un peu de fièvre lorsqu’elle était entrée sur le parquet). Dans ce 1er quart d’heure, les Norvégiennes avaient souvent mené mais elles n’étaient pas parvenues à prendre leurs aises Au fil des minutes, elles qui rendaient but pour but, se sont désunies. Elles avaient compris que la solution passait par les extérieurs, qu’elles allaient s'empaler sur l’axe central tricolore mais les joueuses d’Olivier Krumbholz se sont vite adaptées. La défense avait été prise en flagrant délit de reculer, elle va retrouver un peu plus d’assise et de répondant. Le moindre ballon perdu par les championnes du Monde et d’Europe en titre était exploité. Et quand Orlane Kanor et Estelle Nze Minko vont prendre l’initiative, rien ne pourra les contrarier. Peu avant la pause, le break était déjà réalisé (20-16 à la 28ème). Quelle allait être la réaction de la Norvège ?
Elle avait perdu plus de ballons que les Tricolores (8 contre 4), son rendement était bien en-dessous de son potentiel. Elle va persister à accumuler les erreurs techniques (dix pertes supplémentaires) et même si Lunde devant sa cage, va entretenir l’espoir, les Françaises elles, vont mettre encore un peu plus d’intensité. A la mi-temps, Laura Glauser avait laissé sa place à Hatadou Sako, la Messine va se signaler dans les meilleurs moments. Le chrono tournait et les championnes olympiques tenaient bon. Sans pour autant se mettre à l’abri. Léna Grandveau que le coach n’avait pas hésité à lancer dans le bain dans ce 2ème acte va être l’élément apaisant pour ceux qui dans les tribunes commençaient à suffoquer. La jeune Nantaise, sans état d’âme et totalement décomplexée, va finir le boulot. Quatre buts à la suite dans les dix dernières minutes. « Ce que fait Léna, c’est irréel, clairement, c’est elle qui fait basculer le match, s’exclame Olivier Krumbholz. Il fallait oser, des fois, il y a des choses qui se passent et on ne sait pas trop d’où ça vient, c’était un soir comme ça. Quand on voit des joueuses de son acabit, ou de celui de Sarah Bouktit, on se dit quand même que le futur a plutôt une bonne tête en équipe de France. » Tout un symbole pour la demi-centre à l’avenir si prometteur ! Ces fondations de trois unités acquises en fin de 1ère période, les Tricolores vont donc les consolider jusqu’au bout (31-28).
La France remporte le titre mondial, le 3ème de son histoire après celui de 2003 en Croatie (avec les Myaro, Pecqueux-Rolland, Cano, Tervel et autres Nicolas) et de 2017 en Allemagne (avec déjà, Flippes, Zaadi, Kanor, Nze Minko). Ce dimanche, elles sont nombreuses à ouvrir leur palmarès planétaire. A 30 ans, Laura Glauser avait décroché le précieux métal en 2018 à l’Euro. Celle qui a été désignée meilleure gardienne du tournoi (Chloé Valentini, meilleure ailière gauche et Estelle Nze Minko, meilleure arrière gauche) peut rajouter une breloque mondiale en or à sa carte de visite. « C’est vrai, pour moi c’est ma 1ère, je ressens beaucoup d’émotion, je suis trop fière de notre parcours avec un sans-faute (9/9) et quand on parle de sacrifice, quand on parle d’efforts, c’est pour arriver à ça qu’on le fait. La récompense, elle est là et c’est la meilleure qu’on aurait pu imaginer. Tout s’entremêle, il y a du soulagement, de la joie avec tout ce qui a pu se dérouler dans le passé… On mérite d’être là et d’avoir la plus belle des médailles. »
Ce lundi, les filles rentreront en France avec un programme médias fort chargé. Le repos sera bien mérité avec les fêtes puis le retour dans leur club respectif. Les retrouvailles en bleu ? Ce sera pour les qualifs à l’Euro 2024 et notamment un France-Slovénie à Orléans en mars. Le compte à rebours olympique sera déjà déclenché.
A Herning (Dan), Jyske Bank Boxen dimanche 17 décembre Finale FRANCE - NORVEGE 31 - 28 (MT: 20-17)Arbitres: Bojan Lah & David Sok (Slovénie)
Evolution du score: 3-3 (5) 6-7 (10) 10-10 (15) 14-13 (20) 17-15 (25) 20-17 (MT) 22-19 (35) 24-21 (40) 26-23 (45) 27-25 (50) 29-27 (55) 31-28 (FIN)
Décidément, ce n'était pas un week-end à mettre une Suédoise sur un podium ! En battant ses voisines (27-28), le Danemark remporte sa 4ème médaille de bronze sur un Mondial (après 1995, 2013 et 2021). Cette confrontation a connu trois gros temps forts. Un départ canon des Danoises qui ont dominé leur adversaire et fait la course en tête jusqu'à dix minutes de la fin (20-23). Puis un sursaut d'orgueil des Suédoises qui ont profité grâce notamment à deux buts de l'ailière Olivia Mellegard (7/7 sur le match) et au réalisme de leur gardienne Johanna Bundsen (un tir lointain dans la cage vide) d'un long moment d'absence de leur aversaire pour passer devant (24-23). Les deux équipes ne se sont plus lâchées mais le pressing exercé par le Danemark a été payant avec deux longueurs de mieux à 27" du terme. la pivot Linn Blohm va bien marquer son 7ème but perso (sur 7 tirs) mais cela ne renversera pas la situation. Le Danemark a surtout été porté par ses arrières gauches, les deux Messines Kristina Jorgensen (photo ci-dessus) et Anne Mette Hansen (5/7 chacune). Une breloque et surtout un billet assuré pour les Jeux de Paris puisque les joueuses de Jesper Jensen profitent de l'affiche de la finale entre la France (qualifiée d'office) et la Norvège (championne d'Europe en titre) et de leur 2ème place lors de cet Euro, l'an passé.
A Herning (Dan), Jyske Bank Boxen dimanche 17 décembre Match pour la médaille de bronzeSUEDE - DANEMARK 27 - 28 (MT: 15-18)Arbitres: Javier Alvarez & Yon Bustamante (Espagne)
Evolution du score: 1-3 (5) 3-6 (10) 7-9 (15) 10-12 (20) 12-16 (25) 15-18 (MT) 17-21 (35) 19-21 (40) 20-23 (45) 24-23 (50) 25-25 (55) 27-28 (FIN)