Edina Borsos et quelques autres en avaient rêvé avant la compétition. C'est maintenant fait. L'affiche qui clôturera le 26ème Mondial féminin sera la même que celle qui avait refermé l'acte 25, il y a deux ans à Granollers. France – Norvège, championnes olympiques contre championnes de tout le reste. Si les Scandinaves ont dû en passer par la prolongation (28-29) pour se défaire du Danemark, les Bleues en tenue blanche ont eu infiniment moins de mal à les rejoindre.
Sans aller jusqu'à n'encaisser aucun but pendant un quart d'heure, même si Laura Glauser (12 arrêts en 50 minutes) était partie pour, le collectif d'Olivier Krumbholz a fait vivre à la Suède ce que cette dernière avait infligé aux Allemandes mercredi, en quart de finale (27-20). Partir fort, très fort. Creuser l'écart derechef, profondément (1-5 à la 7ème, 3-13 à la 18ème). Personnifiée par Laura Flippes et Tamara Horacek, la robustesse de la défense a pris en grippe la base arrière jaune (1/6 en première période pour Roberts, qui finira à 3/8).
A l'inverse, celle des Françaises brillait de mille feux. La mécanique des enclenchements était parfaitement huilée. Vingt minutes durant, chacune était dans le bon tempo, trouvait la coéquipière au moment opportun. Nze Minko fixait, hypnotisait ses vis-à-vis. Foppa impactait comme de coutume, obtenait deux penaltys. Le croisé Nocandy / O. Kanor (17ème) démontrait que le banc n'était pas en reste. Les contre-attaquantes en chef, Valentini et Toublanc, pouvaient rester en seconde ligne et apprécier le festival. Au repos, la Suède avait déjà pris 19 buts. Elle qui limitait en moyenne ses adversaires à 20 sur toute une rencontre, jusqu'à ce vendredi. Sa double parade devant Toublanc (un penalty et sa suite, 10ème minute) exceptée, Bundsen (10 arrêts à 29 %) était redevenue humaine. Son binôme Eriksson, entré au débotté deux minutes plus tard, n'a effectué qu'une seule parade.
Horacek commence en défense... et finit avec 9 buts
S'il y a bien eu un temps faible par mi-temps, plus prononcé dans celui observé à la reprise, quand la Brestoise Jenny Carlsson tentait de se persuader qu'un miracle suédois était possible, la qualification de l'équipe de France n'a jamais été mise en doute. Son avance n'a jamais décru en dessous de cinq unités (15-20, 35ème). Jalousement protégée, entre autres, par une Tamara Horacek (photo de tête) respirant la confiance à pleins poumons. Joueuse la plus utilisée par Olivier Krumbholz de Stavanger à Herning, l'ambidextre nantaise avait le compas dans l'oeil dans ses tirs en appui (ah, ce bras passé par-dessus Blohm, pour faire 1-5 à la 7ème minute) et au jet de 7 mètres. 9/10 au tir pour quelqu'un qui démarre en qualité de défenseure exclusive, c'est mieux que du dépassement de fonction... Même constat pour Pauletta Foppa (photo ci-dessous - 5/7), dont les montées de balle étaient aussi efficaces que son jeu de corps à 6 mètres.
Il ne reste donc plus qu'une sélection invaincue dans ce Mondial. Un ensemble vainqueur de ses huit rencontres, qui hausse son niveau match après match. Les Françaises arrivent lancées là où elles voulaient en venir. A rejouer la Norvège, une semaine pile après le coup d'éclat du tour principal (24-23). A disputer une septième finale planétaire, après 1999, 2003, 09, 11, 17 et 21. Et tout faire pour en gagner une troisième, vingt ans après les pionnières Nicolas, Pecqueux-Rolland & co à Zagreb, et six après le chef d'oeuvre d'Hambourg. Déjà contre la Norvège (23-21), déjà avec Nze Minko, Flippes et Zaadi dans le groupe...
SUEDE – FRANCE : 28-37 (11-19)
Vendredi 15 décembre 2023, à Herning (DAN). 8154 spectateurs. Arbitres : Mmes Kuttler et Merz (ALL).
Evolution du score : 0-3 (5') ; 2-7 (10') ; 3-10 (15') ; 6-13 (20') ; 8-15 (25') ; 11-19 (MT) 16-20 (35') ; 18-20 (40') ; 21-27 (45') ; 22-31 (50') ; 24-34 (55') 28-37 (FIN)
La réaction d'Olivier Krumbholz: "On a tout lieu d’être satisfait, on a fait un match maitrisé, une vraie belle performance. On a réussi à les prendre à la gorge dès le début et on ne les a jamais lâchées. C’est bien, on a déjà une médaille mais on ne veut pas s’arrêter là. On va rejouer la Norvège qu’on a déjà battu et qui a sorti le Danemark aujourd’hui dans des conditions difficiles. C’est sûr qu’on préfère avoir notre demi-finale que la leur, c’est moins usant. Le fait qu’on soit en finale montre que l’équipe de France est en reconquête, mais l’appétit vient en mangeant. Cette finale, c’est la concrétisation du travail réalisé depuis le début de la préparation, pendant laquelle on a eu pas mal de soucis. Quand on est arrivé le 20 novembre, il y avait peu de filles qui étaient en forme. Je parlais de monter en charge petit à petit, on y est. On est à soixante minutes d’un titre."