Thibaut Pinot ayant rangé son vélo dans la grange de Melisey, qui est le plus grand sportif de Haute-Saône en activité ? De Trondheim, la réponse paraît évidente: Laura Glauser. Pour sa 114ème sélection A, l'enfant de Soing a été l'ambassadrice ad hoc de son département, et plus encore de son pays. Si Hatadou Sako (5 arrêts à 24 %) lui a été préférée pour débuter le quart de finale, et traverser toute la première mi-temps, la gardienne du CSM Bucarest a été exacte au rendez-vous de la seconde. Douze arrêts, six buts concédés, aucun sur un tir à 6 mètres ou venant des ailes : la Bleue du match portait un maillot rouge...
Du spleen à l'extase, ce Mondial scandinave agit comme la meilleure des thérapies pour la numéro 12. Libérée de ses tracas, en paix avec elle-même et avec son corps, épanouie comme à Rio 2016 et à l'Euro post-maternité 2018, elle s'est montrée aussi décisive sur la durée que l'avant-veille, dans le France – Norvège haut de gamme du tour principal (24-23). C'est qu'en prenant possession de sa cage, les vice-championnes du monde n'arrivaient pas encore à semer la République Tchèque. Elles avaient seulement deux longueurs d'avance (18-16) sur l'ensemble de Bent Dahl. Le plus inattendu des huit derniers qualifiés, passé à la faveur d'une égalité à trois avec l'Espagne (battue) et le Brésil, mais pas le moins légitime. L'ailière gauche Veronika Mala et l'arrière Marketa Hurychova-Sustackova, deux anciennes du championnat de France, ont mis à l'épreuve une défense moins à l'aise que dimanche, de prime abord. « On n'était pas là défensivement. Du coup, on ne montait pas trop les ballons, on n'était pas trop dans notre jeu », analyse Chloé Valentini sur beIN Sports.
« On s'est fait remonter les bretelles »
Malgré un dix sur dix au tir pour commencer (10-6, 12ème), un plan anti-Jerabkova fonctionnel pendant les vingt premières minutes, le risque de tomber dans le chausse-trape demeurait. Il était le plus élevé quand l'arrière gauche d'Ikast (6/10) refaisait des siennes (18-17, 32ème). Le dernier tiers de la rencontre a écarté l'hypothèse, et pas uniquement grâce à une gardienne brillante. « On s'est un peu fait remonter les bretelles » par le sélectionneur dans le vestiaire, avoue Valentini. Résultat, en accélérant au moment opportun, en usant à bon escient de ses appuis, Estelle Nze Minko s'est rouvert des espaces côté gauche. Moins en vue, moins efficace (2/5) que précédemment, Orlane Kanor a su comment entamer les quinze dernières minutes avec un +6 alors inédit (25-19). Emoussées, éreintées par un bloc défensif retrouvé et son dernier rempart, les Tchèques ont fini par abdiquer et se résoudre aux matches de classement 5-8 (27-21 à la 50ème, 32-21 à la 58ème, 33-22 score final). « Je suis contente qu'on ait réagi comme ça », apprécie Laura Glauser.
Arrivées à Trondheim au terme d'un premier tour cahin-caha, les Bleues quittent la Norvège avec quatre nouveaux succès dans la musette, plus de sérénité même dans la difficulté et, surtout, un aller simple pour le grand frisson du Boxen d'Herning, la plus grande arène du Danemark. Pour la septième fois en 24 ans, Olivier Krumbholz emmène son équipe dans le carré final d'un Mondial. « C'est ça qu'on doit retenir », telle était la première déclaration de la gardienne-héroïne du jour. L'autre info essentielle n'arrivera que mercredi soir, à l'issue de Suède – Allemagne. Car le vainqueur de ce quart sera le prochain adversaire de l'équipe de France. Une chose est sûre, annonce Laura Glauser : « On prendra cette demie à fond. »
Mardi 12 décembre 2023, Spektrum à Trondheim (NOR). 4455 spectateurs
FRANCE - REP. TCHEQUE 33-22 (MT 18-16)
Arbitres : MM. Alvarez et Bustamante (ESP)
Evolution du score : 5-3 (5) ; 8-6 (10') ; 11-8 (15') ; 15-11 (20') ; 15-13 (25') ; 18-16 (MT) 21-18 (35') ; 23-19 (40') ; 25-19 (45') ; 27-21 (50') ; 30-21 (55') 33-22 (FIN)
La réaction d'Olivier Krumbholz : "On est très heureux de se qualifier. L’équipe fait une première période en demi-teinte, comme si on n’était pas descendu de notre nuage d’il y a deux jours. Ce n’était plus la défense de l’équipe de France et on a raté beaucoup de choses en attaque, alors qu’on aurait pu se rendre le match plus facile. La deuxième est bien meilleure, Laura Glauser a été extraordinaire. En attaque, on a réussi des débordements tranchants. Au final, c’est une belle victoire, il fallait passer le quart, c’est fait et bien fait. Depuis que je suis revenu, on n’a raté qu’une demi-finale en dix compétitions, c’est quelque chose qui nous rend très fier mais qui est aussi très important car l’équipe de France, c’est un peu la vitrine du handball français. Mais il faut garder à l’esprit que c’est dur, très dur. Maintenant, je vais un peu provoquer les filles pour qu’on aille encore un peu plus loin."