Le 22 septembre dernier au soir de la gifle infligée par Nantes (24-34), les joueurs du Fenix n’en menaient pas large. Ils avaient été battus par plus fort qu’eux, humiliés dans leur salle et ramenés à la réalité d’une certaine impuissance lorsque pendant 60 minutes, l’esprit de révolte est inexistant. « Cela nous a remis les idées en place, confesse Danijel Andjelkovic. Ce genre de défaite t’incite à faire profil bas, à ne pas te prendre pour un autre. Il fallait se montrer humbles et surtout continuer à travailler au quotidien. » Le coup avait été rude après deux succès à l’arraché face à Dunkerque puis en déplacement à Créteil, match au cours duquel Maxime Gilbert s'était blessé, victime d’une rupture des ligaments croisés du genou droit. Perte immense d’un joueur-cadre, au club depuis 2009, dépositaire du jeu, intraitable défenseur, capitaine assumé après l’arrêt de Pierrick Chelle et qui en ce début de saison, était investi d’une autre mission, celle de faciliter l’intégration de Casper Kall, le demi-centre suédois de 23 ans. « Il a fallu revoir pas mal de choses, confirme l’entraîneur toulousain. On savait qu’on allait solliciter Casper plus longtemps sur un match et que la durée d’adaptation devait être plus courte. On a aussi redistribué certaines tâches. Max (Gilbert) faisait la différence tout seul. Ce travail supplémentaire demandé à certains est productif. Après Nantes, on a gagné les matches qu’on devait gagner et on se retrouve à un niveau qui récompense les efforts de tout un groupe. » Sur le podium de la D.1 avec 9 succès en dix rencontres. C’est la meilleure entame de Toulouse depuis… 1997, la saison où l’équipe coachée par Claude Onesta avait terminé 3ème du championnat et s’était même offert le luxe de rafler la coupe de France.
Le train est sur de bons rails. Le calendrier a donné au Fenix des oppositions qui en grande majorité, étaient à sa portée. Encore fallait-il les remporter ! « La constante, c’est que le groupe est restreint et il faut savoir bien le gérer en tirant le maximum des gars. Après Nantes, il y avait des leçons à tirer et surtout il fallait se montrer solidaires. Cette année, il y a plus de régularité et mes joueurs progressent au fil des matches. Je note qu’il y a une plus grande résistance et un sursaut aux bons moments quand on semble perdre le fil. Les gars connaissent leurs qualités mais je le répète, il faut rester humble et ne pas se prendre pour quelqu’un d’autre. » De ce 1er tiers de compétition, le ‘’H’’ qui talonne les Toulousains à une longueur, était l’adversaire le mieux armé. Il reste cinq rendez-vous à honorer avant la trêve hivernale et à l’exception de Dijon, l’un des promus, le Fenix va devoir digérer quatre formations du top 5 de la dernière saison (à Chambéry, contre Paris, à Nîmes et face à Montpellier). « On veut bien-sûr poursuivre sur notre belle dynamique. On se sent bien à la place qu’on occupe et notre désir est de la conserver. Par rapport à ce qu’on propose sur le terrain, je pense qu’on mérite ce qui nous arrive. Mais on ne va pas s’enflammer. » Prudence (même serbe) est mère de sûreté.
Au Fenix, c'est... défense de passer !
Les occasions qui lui sont données d’inscrire son nom aux stats des buteurs ne sont pas nombreuses mais quand l’opportunité se présente, Bakary Diallo ne se fait pas prier. Comme vendredi, peu avant la pause, à la conclusion d’une contre-attaque, il a mystifié David Bernard, le jeune gardien d'Ivry, en déclenchant une superbe roucoulette (photo ci-dessus). Pourtant, la mission de ‘’Baky’’ passé par le Vardar avant d’atterrir la saison dernière à Toulouse, est de mettre en œuvre l’organisation défensive de l’équipe. Et cela fonctionne plutôt bien. Celle du Fenix est actuellement la 3ème de Starligue.
Plus que jamais, la force du Fenix passe par sa défense…
C’est à la fois un plaisir et un sentiment de fierté. Avec l’arrivée de Gaby (Nyembo), il y a plus de stabilité. On est tous les deux ‘’au milieu’’ mais ce qui fait la différence c’est qu’à côté, il y a du répondant et chacun apporte sa contribution. Cela nous permet de garder un peu plus de lucidité et de répondre présent sur les moments cruciaux. Je peux t’assurer qu’on ‘’se la met’’ à chaque entraînement et qu’aucun effort n’est épargné. En match, chacun est maître de ses gestes, on arrive à monter quand il le faut et à pousser dans le même tempo.
L’état d’esprit a-t-il changé d’une année sur l’autre ?
La saison dernière, on fait des grands matches contre les gros et on se retrouve 6ème à la fin. On a laissé pas mal de points en route, je pense au match à Chartres, à Aix, bref, il y avait une certaine frustration. C’était bien de battre les gros mais il fallait se montrer plus rigoureux et plus tueur contre ceux où on a perdu de peu. Là, pour l’instant, on s’invite dans la danse mais on se dit avant chaque match que tout ce qui est en dessous de nous, il faut gagner. On n'a perdu que contre Nantes qui fait partie des grosses cylindrées mais je signe tout de suite, si on s’incline contre ce type d’équipe et on s’impose contre les autres.
Justement, le calendrier jusqu’à la trêve est ardu
Il y aura des coups à réaliser, c’est certain. Tu n’as pas besoin de chercher la motivation pour jouer ce genre de matches. Il faut se mettre au niveau de l’adversaire et positionner le cran de l’envie encore plus haut en essayant de faire le moins d’erreurs possibles.
Toulouse est à sa place dans le top 3 ?
Avant tout, il faut rester humble et surtout ne pas oublier d’où on vient. Cela ne doit pas nous enlever le droit de rêver. C’est vraiment trop tôt pour dire si on a la capacité de tenir bon et de finir 3ème. On sait que quand on est très solidaire, on peut réaliser de belles choses. A Toulouse, il n’y a pas de stars mais plutôt un collectif très difficile à battre. Je dirai qu’on a gagné en expérience en apprenant beaucoup de nos erreurs de la saison dernière.