Un collectif qui se fait appeler « les Etoiles » aurait vocation à jouer en Starligue. Or, l'ensemble en question a réintégré fin août l'élite féminine. La Stella Saint-Maur, puisqu'il s'agit d'elle, en découvre sa forme contemporaine, professionnelle et commerciale. L'immersion ne va pas sans complications : gagnant presque à tous les coups la saison dernière, le champion de D2 2022-2023 a déjà subi dix défaites en onze rencontres à l'étage supérieur. L'exception qui confirme la règle, c'était la réception de Besançon (26-25, 2ème journée).
Alors que le championnat s'est mis en pause le temps du Mondial, Pauline Plotton et ses coéquipières passeront la trêve à la quatorzième et dernière place. Elles comptent une victoire et deux points de retard sur les premiers non-relégables, Achenheim et Toulon, à peine plus (2 v., 4 pts), par rapport au Saint-Amand / Mérignac (les Girondines ont un match en retard). On avance encore groupé à l'arrière, sans cassure ni chute, et ça rassure la capitaine. Une demi-centre (24 ans, 1,76 m) venue au hand dans sa ville de Montbrison (Loire) en même temps que sa sœur jumelle Mathilde, « quand on avait 10 ans ». Présente en Seine-Saint-Denis depuis 2021, celle qui a connu le pôle espoirs de Toulouse et le centre de formation de Nice a pris le temps de décortiquer le bulletin du premier trimestre au lendemain du duel des extrêmes, perdu 43-19 à Metz.
Pauline, attendiez-vous autre chose qu'être lanterne rouge à la trêve, avec une seule victoire ?
« On espérait mieux, c'est sûr. Après, il faut être conscient qu'en montant de D2, ces places nous étaient plus ou moins réservées avec Achenheim, l'autre promu.
Entre la D2 et la LBE, la marche est-elle beaucoup plus haute qu'imaginé ?
Je ne pense pas. On a fait preuve de plein de bonnes choses sur cette première partie de saison, qui n'ont malheureusement pas été concrétisées par des points. Malgré la différence de niveau, on a quand même la capacité de faire quelque chose dans ce championnat.
A quelles « bonnes choses » pensez-vous ?
Par exemple, la défaite de quatre buts contre Paris (28-32), une équipe du Top 5 français. On a fait un match assez complet, où on les a embêtées grâce à notre défense. On a d'ailleurs montré sur cette première partie qu'on est une bonne défense du championnat, en termes de buts encaissés.
Saint-Maur possède bien la dixième défense, mais aussi la moins bonne attaque. D'où vient cette difficulté à marquer ?
C'est assez global. Il fallait clairement augmenter la vitesse de notre jeu, que ce soit en attaque placée ou dans le jeu rapide. On s'est améliorées, mais on a vu qu'il y a une vraie marche entre la D2 et la D1. Dans le duel tireuse-gardienne, on a beaucoup de déchet, même pas 50 % de réussite au tir. C'est un vrai problème, c'est ce qui nous a fait perdre des matches serrés. C'est un axe qu'il faudra vraiment améliorer sur la seconde phase.
En changeant de division, vous êtes passées de la lutte pour l'accession à celle pour le maintien, d'une dynamique de résultats positive à une négative... Comment le vivez-vous ?
Même si on dit qu'on s'y attendait, une équipe qui perd, c'est toujours difficile à gérer, d'autant plus que c'est en contraste avec ce qu'on a vécu l'année dernière. On a aussi appris de ces défaites-là. On essaie de les faire fructifier en motivation, de se dire qu'il faut travailler encore plus. On essaie d'en tirer le positif, pour continuer à rester motivées et investies. Ce n'est pas facile, mais on est une équipe qui a grandi, qui arrive maintenant mieux à digérer la défaite qu'en début de saison.
En tant que capitaine, tenez-vous ce même discours à vos partenaires ?
Oui, clairement. Je suis obligée de le tenir, je le pense aussi. On a joué onze matches, il en reste encore quinze. On a montré de belles choses, je trouve qu'on est en progression constante. Rien n'est joué, on a une victoire en moins par rapport à Achenheim (et Toulon). Il faut y croire. C'est cette énergie-ci qui nous permettra de capitaliser en points. Je suis convaincue que le reste de l'équipe pense la même chose, reste investie et déterminée. J'espère que cela présage de belles choses.
Votre maintien passera nécessairement par des succès contre des rivaux directs, ce qui n'est pas encore arrivé jusqu'à présent...
Notre objectif, c'est de gagner le maximum de matches, et l'objectif comptable du club, c'est de ne pas descendre. Il suffit simplement de ne pas être derniers. L'espoir, c'est regarder aussi les autres équipes, qui sont tout autant en difficulté, même si elles ont au moins une victoire de plus que nous. On n'est pas décrochées, il reste encore plein d'occasions de les rattraper. Contre Toulon, qu'on n'a pas encore rencontré, on a l'opportunité de gagner à domicile (dernière journée) et à l'extérieur (le 17 janvier). Ca nous permettrait de prendre un petit matelas confortable.
Sans Coupe de France à jouer ce week-end (Saint-Maur est exempt dans sa poule de trois), quel programme vous attend d'ici à la reprise, le 10 janvier face à Dijon ?
Le mois de janvier sera ultra-décisif, avec des rencontres contre des concurrents directs, des équipes qu'on a plus ou moins ciblées. Pour ça, fin novembre et décembre seront plutôt chargés, avec des matches amicaux contre Chambray, Noisy-le-Grand, Sambre Avesnois (D2). On participera début décembre à la Fémina Cup (de Plan-de-Cuques), avec des équipes de D1 et l'équipe de France juniors. Ce sera une belle adversité, pour travailler dans un registre de type match. On est en vacances une semaine, et puis une deuxième prépa intensive débutera, avec des objectifs élevés.
Enfin, pour les avoir affrontés successivement ces dix derniers jours, qui est votre favori pour le titre : Brest ou Metz ?
Metz Handball, à 100 % (rires) ! Même si Brest est une très bonne équipe, Metz a une force de frappe constante, malgré les rotations. C'est une équipe qui joue mieux collectivement, sûrement dû à une certaine stabilité de l'effectif. »