Brest avait engagé Audrey Dembélé en premier, de très bonne heure. Dès décembre 2022, au sortir d'un Euro dans lequel l'arrière gauche de 22 ans avait connu deux de ses cinq sélections A à ce jour. Seulement, un impondérable a voulu que la recrue fasse ses vrais débuts chez le vice-champion de France en différé. Le mardi 31 octobre, neuf mois et vingt-sept jours après la rupture des croisés du genou droit survenue lors d'un Besançon – Celles-sur-Belle. Présente sur les deux dernières feuilles de match en Ligue des Champions, mais restée sur le banc tant au Rapid Bucarest qu'à Debrecen, l'ancienne Messine prêtée à l'ESBF en 2022-23 a disputé 17 minutes du match gagné 33-27 par sa nouvelle formation. Un score fixé par ses soins, en inscrivant l'ultime but à 30 secondes du terme.
« Contente de ne pas avoir eu d'appréhension »
« C'était un soulagement, un aboutissement. Je me suis dit que tous ces mois de travail étaient enfin terminés. » Au bout du long tunnel reliant le Doubs au Finistère, et passant notamment par Clairefontaine (Seine-et-Marne ?), où l'internationale a « commencé à faire des petits appuis, sans ballon » sous le regard des équipes de France de foot hommes et femmes au début de l'été, une « erreur d'inattention » lui a valu d'emblée deux minutes d'exclusion (16ème). En seconde mi-temps, « j'ai réussi à apporter, j'ai obtenu un penalty. On peut toujours faire mieux, mais je suis contente de ne pas avoir eu d'appréhension. J'ai réussi à ne pas penser à mon genou, à me retrouver dans mon jeu. »
Le contexte émotionnel de cet Halloween singulier était propice aux frissons. Concrétiser son come-back à domicile, dans une Arena « à guichets fermés », face à l'équipe azuréenne de sa sœur jumelle Laureen, « c'était un peu stressant », avoue la numéro 75. Mais autour d'elle, tout n'était que bienveillance. « Les filles m'ont mis à l'aise, m'ont encouragé quand je suis rentrée. » Un échange de bons procédés, la Parisienne n'hésitant jamais à « apporter des petites solutions, essayer d'aider » depuis le banc.
Adoptée par ses coéquipières, avec qui les entraînements avec contact ont démarré courant août, Audrey Dembélé a été accueillie à bras ouverts par l'encadrement du BBH. Dont l'entraîneur, tel un juré d'un célèbre télé-crochet retournant son fauteuil rouge, la voulait ardemment dans son équipe. « Je la suis depuis la sélection départementale de Paris, rembobine Pablo Morel, jadis coach d'Issy/Paris (2014-16). Je l'ai évidemment suivie aux Interpôles, au Pôle d'Orléans, au centre de formation de Metz et pendant son prêt à Besançon. C'est une joueuse au fort potentiel athlétique, tireuse de très loin, capable de déborder, et aussi de défendre, ce qui m'importe énormément. »
En missions spéciales, pour commencer
« Avec Pablo, on a beaucoup communiqué, même quand je n'étais pas sur Brest. Il m'a tout de suite dit qu'il comptait sur moi. » Entre autres raisons, pour élargir le champ des possibles dans une base arrière suréquipée. « Avec la direction technique, développe Morel, on essaie d'avoir une certaine complémentarité sur les différents profils recrutés, avec la dominante d'amener divers dangers en attaque. On a une shooteuse de très, très loin en la personne de Valeriia Maslova (arrière droit), d'autres tireuses de loin à gauche (Djurdjina Jaukovic, blessée, et donc Dembélé), des joueuses qui utilisent les espaces, le jeu au près, comme Alexandrina Barbosa, Jenny Carlsson et Juliette Faure. Eva Jarrige est capable d'être dans ces deux secteurs. »
D'ici au Mondial, le BBH jouera à deux reprises en championnat (samedi à Saint-Maur, le 15 novembre à Dijon) et deux fois en C1, contre Podgorica (match aller à domicile, le 11 novembre, retour au Monténégro le 18). Audrey Dembélé devrait logiquement voir croître son temps de présence, dans le respect du protocole défini par son supérieur. « Le haut niveau, c'est quelque chose qui se cultive. Cela passe par de la confiance à l'entraînement. En compétition, on missionne Audrey sur des situations précises en attaque et en défense. Quand elle aura été en confiance là-dessus, on élargira au fur et à mesure pour retrouver l'ensemble de son panel. » La politique des petits pas au service d'une férue des grands jumps, qui y va aussi par paliers dans l'énoncé de ses ambitions : « Retrouver mon niveau, être bien physiquement, gagner de la densité physique, être de plus en plus à l'aise, et surtout remporter des matches. »