C’est l’histoire d’un p’tit Rochelais qui par atavisme maternel aurait pu tomber dans la marmite dès son plus jeune âge mais qui en suivant les traces de son père a commencé par le karaté et ensuite, gouté au rugby. Le déclic pour le hand intervient sur le tard, à 14 ans. Et tout s’enchaîne. Les clubs de Surgères et de Niort pour l’apprentissage, le pôle Espoirs de Poitiers, le centre de formation de Cesson où il signera pro en 2017, la filière fédérale et des résultats en équipe de France jeunes avec la génération 96-97 où il côtoie les Fabregas, Minne, Richardson, Mem et autre Yanis Lenne. Hugo Kamtchop-Baril a véritablement le pied à l’étrier. «J’avais de bonnes prédispositions physiques et j’ai été assez vite repéré. Ça fonctionnait plutôt pas mal jusqu’à ce que je ressente une inflammation au niveau des tendons rotuliens. Une vraie galère car cela me perturbait dans ma vie sportive et mon quotidien.» Il songe même à renoncer à cette voie royale qui semblait tracée tant la douleur est intense. «Je me suis fait opérer mais ça ne s’est pas arrangé. J’ai pourtant tenu bon et Cesson m’a même prolongé. Ça m’a aidé vraiment à passer un cap.» Avec du repos et un certain détachement par rapport à la blessure, la gêne devient moins perturbante. Les deux dernières années passées à Cesson seront les plus intenses, les plus qualitatives aussi. Le pivot figure parmi les meilleurs du championnat. Après huit saisons en Bretagne, il change d’air et répond aux sollicitations de Nîmes. «J’avais envie de découvrir autre chose, sortir d’un certain confort et voir ce que j’étais capable de produire à un niveau plus élevé.» Ses débuts dans la formation gardoise sont prometteurs. Jusqu’à la 6ème journée, ce 21 octobre 2022 et une poignée de secondes sur le parquet du Parnasse face à Istres.
Sur un appui, son genou droit lâche. Le diagnostic médical est implacable, rupture des ligaments croisés. « Sur le coup, je ne l’ai pas trop mal vécu en me disant que je n’étais le seul à qui ça arrivait. Les questions, je me les suis posées un peu plus tard. » L’intervention chirurgicale n’intervient qu’en novembre. Peu importe, le protocole de soins commence dès le lendemain de la blessure. Même s’il ne veut brûler aucune étape, le joueur a déjà basculé sur l’après. «On a profité de cette période pour bosser sur le haut du corps mais aussi avec les kinés, sur les quadriceps, explique Marc Teissonnière, le préparateur physique de l’USAM. En prévention de l’opération pour gagner un peu de temps. Nous nous sommes retrouvés en janvier après les fêtes.» Dès lors, Hugo ne compte plus les tractions, les squats, les sauts, bref, enchaîne tous les exercices et le travail de réathlétisation auquel il doit consentir pour revenir à son meilleur niveau. C’est à ce prix qu’il aura le feu vert des médecins pour réintégrer le groupe. «Il nous a bluffés. C’est un garçon très fort physiquement mais aussi psychologiquement. Un gros bosseur. Il sait où il veut aller et comment s’y prendre. Par moments, on était même obligé de le freiner. Quand on voit ce qu’il fait depuis la reprise, on peut être satisfait. Et il va encore progresser car il a de la marge.»
Pour preuve, son rendement par rapport à la saison passée à la même époque est équivalent. Il est même en avance. « Honnêtement, je ne m’attendais pas à réaliser un aussi bon début de saison, valide le principal concerné. Les gars arrivent à me trouver et je parviens à bien me projeter. Je suis vraiment content même si je ne suis pas encore au top de mes sensations dans le jeu.» Ce dimanche, c’est un 1er gros test auquel Nîmes sera confronté avec le déplacement à Montpellier (qui avec l’USAM et le PSG, compte 5 succès en autant de rencontres). Hugo aura un regard neuf sur ce derby qui passionne toute une région. «C’est évidemment plus fort que les précédents adversaires et on va pouvoir s’étalonner. En fonction de la performance, on se dira soit qu’il existe encore une classe d’écart, soit qu’on est parti pour accomplir quelque chose de grand. On sait que ça va être chaud, il y a une certaine excitation et pour certains supporters, c’est le match de l’année.» Les Gardois ne sont jamais allés s’imposer chez le voisin héraultais et même si l’issue de cette rencontre ne conditionnera en rien l'épilogue du championnat, le vainqueur aura au moins pris un ascendant psychologique. «Notre objectif est de viser le top 4 et de décrocher un billet européen.» Hugo Kamtchop-Baril reste parfaitement lucide. Un bon parcours avec Nîmes peut lui ouvrir d’autres horizons. Comme il y a deux ans, lorsque son nom était évoqué dans l’entourage de Guillaume Gille. «C’est sûr que c’est dans un coin de ma tête mais j’ai d’abord envie de m’imposer comme un gros pivot des meilleures équipes du championnat. Ensuite, ce poste est sans doute celui qui est le plus difficilement accessible en équipe de France parce que ceux qui l’occupent, sont parmi les meilleurs mondiaux. Si ça doit se faire, je saisirai ma chance. Mais je ne me focalise pas dessus.»