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Clément Alcacer, à fond la « form' »

LBE

vendredi 15 septembre 2023 - © Laurent Hoppe

 5 min 32 de lecture

A Aix et Metz hier, à Nice depuis la saison passée, l'un des plus jeunes entraîneurs de l'élite féminine guide des joueuses à haut potentiel vers l'excellence. Une philosophie raccord avec la politique sportive du club azuréen, résolument tournée vers la formation, autant par choix que par nécessité.

Quinze mois après avoir rendu les clés du centre de formation, Clément Alcacer est resté en bons termes avec Metz. Pour preuve, ces petites attentions vues et entendues sur son ancien lieu de travail, mercredi soir. Une tape amicale dans la main droite d'Hatadou Sako pendant l'échauffement, en plein conciliabule avec Emmanuel Mayonnade (photo ci-dessous). Un accueil au son du tambour par la frange instrumentale du public des Arènes. La présence d'une kiné mosellane, commise d'office pour les équipes de LBE qui viennent sans le leur, à ses côtés sur le banc visiteurs.

 

Beaucoup de marques d'estime, de reconnaissance pour celui qui a entraîné l'équipe réserve entre 2019 et 2022. Mais aucun traitement de faveur envers sa formation actuelle, en match avancé de la quatrième journée. Pas plus que pour le Paris 92 de son prédécesseur au conservatoire messin, Yacine Messaoudi, deux semaines avant (39-24). La vitesse d'exécution des championnes de France a désactivé la défense 1-5. Et l'OGCN a subi sa deuxième défaite consécutive (36-22), presque aussi sévère que le 38-23 encaissé il y a onze mois, lors des premières retrouvailles.

 

Le directeur sportif azuréen n'en tient pas rigueur au successeur de Marjan Kolev, engagé dès novembre 2021 pour une prise de poste l'été suivant. « Marjan était resté six ans au club. On était arrivés au bout du bout, retrace Claude Mirtillo. Il fallait changer d'entraîneur, prendre quelqu'un plus dans un rôle de manager, avec un regard sur la formation, les jeunes joueuses qui sont essentielles pour nous. Je connais Clément depuis longtemps. Il aime écouter et travailler. C'était la personne idéale pour le projet niçois. Je ne pense pas m'être trompé. »

 

« Trouver le juste milieu » avec les jeunes  

 

Le costume tout neuf d'entraîneur de LBE n'était pas trop grand pour le Provençal, benjamin de la caste jusqu'à la montée du Saint-Maur de Rémi Samson (plus jeune de quatre mois). Même avec la défense la plus poreuse du championnat, « parce qu'on joue beaucoup plus de ballons, avec plus de chances d'en prendre », Alcacer a stabilisé Nice (8ème) en milieu de tableau. L'assimilation des codes de la D1, toujours en cours, ne l'ont pas éloigné de ses mantras : promouvoir un jeu attractif et spectaculaire, en phase avec l'époque, et croire en l'avenir. « Je fais confiance aux jeunes, je leur ''donne à manger'' pour qu'elles progressent, sans n'être que dans l'utilisation. La problématique dans le haut niveau, c'est l'utilisation des joueurs pour ce qu'ils font de ''bien''. Quand on entraîne des jeunes, si on ne les utilise que pour ça, ils ne progressent plus vraiment. Il faut trouver le juste milieu. »

 

Le natif de Miramas a élaboré son art du compromis près de chez lui. Dans le fief de la famille Le Blévec, scindée avant-hier entre Julie la Messine et Margot la Niçoise. En 2016, l'Union Pays d'Aix-Bouc est montée en N1 avec un collectif tournant autour de la vingtaine. Elle a vu éclore à ce niveau quelques talents aujourd'hui familiers de l'élite : Juliette Faure (Besançon, puis Brest), Clarisse Wild (Plan-de-Cuques, Saint-Amand). Arrivé à Metz à l'été 2019 pour « voir qu'étaient les vraies conditions de travail du très haut niveau », sans s'imaginer que la crise sanitaire les perturberait, Alcacer a dirigé les jumelles Dembélé (Audrey l'internationale et néo-Brestoise, Laureen qui l'a suivi à l'OGCN), la gardienne Mélanie Halter. Et en mars dernier, lorsqu'elle était encore Niçoise, Djazz Chambertin lui doit un peu ses premières capes en équipe de France A. « Le type de jeu avait un peu changé, ça me correspondait plus. On courait plus, j'ai performé sur ce point-là. Avoir un peu plus de responsabilités m'a aussi servi », confie la nouvelle arrière gauche messine.

 

Eric Quintin, l'ami inspirant

 

Son ex-coach dans les Alpes-Maritimes, lui, se félicite d'avoir été pris sous l'aile protectrice d'Eric Quintin. Le champion du monde 1995, responsable du pôle espoirs masculin PACA, « a toujours eu un œil bienveillant sur moi. C'est le premier entraîneur de haut niveau que j'ai côtoyé. Il m'a formé, accompagné, conseillé. Il a toujours eu une place importante sans être intrusif, ni vouloir transformer la personne que je suis. C'est une inspiration, pour ses valeurs humanistes, son sens du travail et de la famille. Je me sens très chanceux de le côtoyer, de l'avoir comme ami. »

 

Agé de 34 ans, l'ancien défenseur de Quatrième division a passé plus de la moitié de sa vie à entraîner. « J'ai commencé à 16 ans. J'ai très vite capté que je n'aurais pas les capacités d'aller à très haut niveau en tant que joueur. Très vite, en tant qu'entraîneur, j'ai eu des résultats, fait la bascule dans ma tête. L'année où j'ai passé le dernier examen de mon diplôme d'entraîneur, le concours de professeur d'EPS est passé de la licence au master. En même temps, j'ai eu des propositions d'embauche intéressantes, suite à l'obtention du diplôme. Je n'ai pas trop eu le courage de repartir sur un master. »

 

Indirectement, une réforme contestée rue de Grenelle a lancé la carrière de Clément Alcacer. Qui est « allé chercher » Charles Lairy pour lui faire porter une double casquette coach adjoint/directeur du centre de formation (10 filles), et compte toujours sur Erwan Roudaut, « préparateur physique à temps plein » cette saison. Tous participent à la structuration d'un Gym présent depuis onze ans en LFH/LBE, mais aux ressources moindres que les concurrents de sa strate. « On a le douzième budget, devant les deux promus », souligne le technicien en chef. D'où « la volonté de mettre en avant la formation, pour continuer à renouveler l'équipe première » quand ses meilleurs éléments quittent le nid.

 

Hors terrain, « on construit une petite équipe de salariés et de bénévoles qui nous ressemble. C'est un challenge passionnant et excitant. On met des choses en place en termes de communication, d'hospitalité, etc. » Jusqu'à quand ? L'homme à la chemise frappée d'un aiglon restera-t-il six saisons comme Kolev ? Plus, moins ? « Ca reste du sport de haut niveau, tout va très vite. Il y a six ans (sept, en réalité), je montais en N1 avec le Pays d'Aix... »

Clément Alcacer, à fond la « form' » 

LBE

vendredi 15 septembre 2023 - © Laurent Hoppe

 5 min 32 de lecture

A Aix et Metz hier, à Nice depuis la saison passée, l'un des plus jeunes entraîneurs de l'élite féminine guide des joueuses à haut potentiel vers l'excellence. Une philosophie raccord avec la politique sportive du club azuréen, résolument tournée vers la formation, autant par choix que par nécessité.

Quinze mois après avoir rendu les clés du centre de formation, Clément Alcacer est resté en bons termes avec Metz. Pour preuve, ces petites attentions vues et entendues sur son ancien lieu de travail, mercredi soir. Une tape amicale dans la main droite d'Hatadou Sako pendant l'échauffement, en plein conciliabule avec Emmanuel Mayonnade (photo ci-dessous). Un accueil au son du tambour par la frange instrumentale du public des Arènes. La présence d'une kiné mosellane, commise d'office pour les équipes de LBE qui viennent sans le leur, à ses côtés sur le banc visiteurs.

 

Beaucoup de marques d'estime, de reconnaissance pour celui qui a entraîné l'équipe réserve entre 2019 et 2022. Mais aucun traitement de faveur envers sa formation actuelle, en match avancé de la quatrième journée. Pas plus que pour le Paris 92 de son prédécesseur au conservatoire messin, Yacine Messaoudi, deux semaines avant (39-24). La vitesse d'exécution des championnes de France a désactivé la défense 1-5. Et l'OGCN a subi sa deuxième défaite consécutive (36-22), presque aussi sévère que le 38-23 encaissé il y a onze mois, lors des premières retrouvailles.

 

Le directeur sportif azuréen n'en tient pas rigueur au successeur de Marjan Kolev, engagé dès novembre 2021 pour une prise de poste l'été suivant. « Marjan était resté six ans au club. On était arrivés au bout du bout, retrace Claude Mirtillo. Il fallait changer d'entraîneur, prendre quelqu'un plus dans un rôle de manager, avec un regard sur la formation, les jeunes joueuses qui sont essentielles pour nous. Je connais Clément depuis longtemps. Il aime écouter et travailler. C'était la personne idéale pour le projet niçois. Je ne pense pas m'être trompé. »

 

« Trouver le juste milieu » avec les jeunes  

 

Le costume tout neuf d'entraîneur de LBE n'était pas trop grand pour le Provençal, benjamin de la caste jusqu'à la montée du Saint-Maur de Rémi Samson (plus jeune de quatre mois). Même avec la défense la plus poreuse du championnat, « parce qu'on joue beaucoup plus de ballons, avec plus de chances d'en prendre », Alcacer a stabilisé Nice (8ème) en milieu de tableau. L'assimilation des codes de la D1, toujours en cours, ne l'ont pas éloigné de ses mantras : promouvoir un jeu attractif et spectaculaire, en phase avec l'époque, et croire en l'avenir. « Je fais confiance aux jeunes, je leur ''donne à manger'' pour qu'elles progressent, sans n'être que dans l'utilisation. La problématique dans le haut niveau, c'est l'utilisation des joueurs pour ce qu'ils font de ''bien''. Quand on entraîne des jeunes, si on ne les utilise que pour ça, ils ne progressent plus vraiment. Il faut trouver le juste milieu. »

 

Le natif de Miramas a élaboré son art du compromis près de chez lui. Dans le fief de la famille Le Blévec, scindée avant-hier entre Julie la Messine et Margot la Niçoise. En 2016, l'Union Pays d'Aix-Bouc est montée en N1 avec un collectif tournant autour de la vingtaine. Elle a vu éclore à ce niveau quelques talents aujourd'hui familiers de l'élite : Juliette Faure (Besançon, puis Brest), Clarisse Wild (Plan-de-Cuques, Saint-Amand). Arrivé à Metz à l'été 2019 pour « voir qu'étaient les vraies conditions de travail du très haut niveau », sans s'imaginer que la crise sanitaire les perturberait, Alcacer a dirigé les jumelles Dembélé (Audrey l'internationale et néo-Brestoise, Laureen qui l'a suivi à l'OGCN), la gardienne Mélanie Halter. Et en mars dernier, lorsqu'elle était encore Niçoise, Djazz Chambertin lui doit un peu ses premières capes en équipe de France A. « Le type de jeu avait un peu changé, ça me correspondait plus. On courait plus, j'ai performé sur ce point-là. Avoir un peu plus de responsabilités m'a aussi servi », confie la nouvelle arrière gauche messine.

 

Eric Quintin, l'ami inspirant

 

Son ex-coach dans les Alpes-Maritimes, lui, se félicite d'avoir été pris sous l'aile protectrice d'Eric Quintin. Le champion du monde 1995, responsable du pôle espoirs masculin PACA, « a toujours eu un œil bienveillant sur moi. C'est le premier entraîneur de haut niveau que j'ai côtoyé. Il m'a formé, accompagné, conseillé. Il a toujours eu une place importante sans être intrusif, ni vouloir transformer la personne que je suis. C'est une inspiration, pour ses valeurs humanistes, son sens du travail et de la famille. Je me sens très chanceux de le côtoyer, de l'avoir comme ami. »

 

Agé de 34 ans, l'ancien défenseur de Quatrième division a passé plus de la moitié de sa vie à entraîner. « J'ai commencé à 16 ans. J'ai très vite capté que je n'aurais pas les capacités d'aller à très haut niveau en tant que joueur. Très vite, en tant qu'entraîneur, j'ai eu des résultats, fait la bascule dans ma tête. L'année où j'ai passé le dernier examen de mon diplôme d'entraîneur, le concours de professeur d'EPS est passé de la licence au master. En même temps, j'ai eu des propositions d'embauche intéressantes, suite à l'obtention du diplôme. Je n'ai pas trop eu le courage de repartir sur un master. »

 

Indirectement, une réforme contestée rue de Grenelle a lancé la carrière de Clément Alcacer. Qui est « allé chercher » Charles Lairy pour lui faire porter une double casquette coach adjoint/directeur du centre de formation (10 filles), et compte toujours sur Erwan Roudaut, « préparateur physique à temps plein » cette saison. Tous participent à la structuration d'un Gym présent depuis onze ans en LFH/LBE, mais aux ressources moindres que les concurrents de sa strate. « On a le douzième budget, devant les deux promus », souligne le technicien en chef. D'où « la volonté de mettre en avant la formation, pour continuer à renouveler l'équipe première » quand ses meilleurs éléments quittent le nid.

 

Hors terrain, « on construit une petite équipe de salariés et de bénévoles qui nous ressemble. C'est un challenge passionnant et excitant. On met des choses en place en termes de communication, d'hospitalité, etc. » Jusqu'à quand ? L'homme à la chemise frappée d'un aiglon restera-t-il six saisons comme Kolev ? Plus, moins ? « Ca reste du sport de haut niveau, tout va très vite. Il y a six ans (sept, en réalité), je montais en N1 avec le Pays d'Aix... »

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