Tous ces efforts pour... du miel. Créditées respectivement de 15 et 16 arrêts dimanche après-midi, Mélanie Halter et Camille Depuiset, désignées sans grande surprise meilleures joueuses de leurs équipes respectives, ont été récompensées par un petit pot gourmand, au contenu collant comme de la résine, et estampillé circuit court.
Si elles étaient encore partenaires, elles auraient tartiné ensemble. Sauf qu'Halter, naguère numéro 3 dans la hiérarchie des gardiennes messines, a été prêtée pour l'année à Saint-Amand-les-Eaux. Les retrouvailles, précoces, se sont déroulées dans un contexte bouleversé. Son binôme dans les Hauts-de-France, Roxanne Frank, est arrêtée pour deux mois suite à la déchirure musculaire survenue mercredi, à Nice (défaite 36-27). Dans l'urgence, le SAH a débauché le surlendemain Laura Portes (Celles-sur-Belle), en somme repêchée en LBE. « Tout s'est fait dans la précipitation : la signature, mettre mes affaires dans les sacs... C'est un pincement au cœur de quitter mes amies, une ville que j'adore, mais je n'ai pas hésité. Je ne suis pas joker médical, j'ai signé pour la saison. »
En attendant la qualification de sa collègue connue au centre de formation messin, sans doute pour aller à Brest dans trois jours, Halter est revenue en première ligne. A l'image de sa seconde moitié de saison 2021-2022, quand elle avait pallié l'indisponibilité d'Ivana Kapitanovic pour prendre sa part dans le 24ème titre de D1 et la troisième place en Ligue des Champions. « C'est un mal pour un bien, même si je suis très déçue que Roxanne ne puisse pas continuer le début de saison avec moi. On s'entend super bien, on est un très bon binôme, assure l'Alsacienne de 21 ans. Passer numéro 1, ça m'a donné plus de temps de jeu sur ce match. J'ai pu aussi commencer à me faite ma place, montrer que je peux tenir le match entier. »
Savoir par cœur comment Chloé Valentini exécute ses montées de balle, comment Kristina Jörgensen dégaine à 9 mètres, a aidé les Nordistes à résister dans le premier quart d'heure (4-4 à la 10ème, 5-6 à la 15ème). A ce que leur ardoise explose le moins possible, plus tard (14-27 à la 43ème, 22-32 à la 55ème). Mais l'intendance amandinoise est loin d'avoir suivi en attaque. La faute aux réflexes de Depuiset, elle aussi utilisée à plein temps en raison de la blessure d'Hatadou Sako (*), bien sûr. Des fumigènes craqués par des supporters à sa descente du bus, à moins de deux heures du coup d'envoi, la Bleue a gardé l'incandescence. Mais Boisorieux, Pascoal et les autres ont gâché bien avant de la défier (22 pertes de balle). Et toutes les contre-attaques des ailières mosellanes venues de Besançon (Granier, Valentini) n'ont pas systématiquement été vouées à l'échec.
Deux victoires amples en cinq jours pour Metz, deux échecs en première semaine pour Saint-Amand. Aux reines le nectar du championnat, aux ouvrières le bourdon, d'office ? Aussi précautionneux que des apiculteurs, les coaches nuancent. « Il faut prendre les points quand il le faut, ne pas en laisser en route. Le titre de champion se joue tous les week-ends, deux fois par semaine, rappelle Emmanuel Mayonnade. Pour un début de saison, je suis assez content du niveau de jeu. » Qui pourra toujours être amélioré mercredi, contre Mérignac, afin d'attaquer en ordre utile la C1, le week-end prochain.
« Il y a des défaites qui font avancer, sont des opportunités de progresser », considère Edina Borsos. La nouvelle technicienne amandinoise dit apprécier le « caractère » de son essaim, vante l'état d'esprit positif observé à l'entraînement comme en match. Pour autant, « il faut qu'on apprenne vite, parce qu'on n'a pas de temps à perdre. Le haut niveau, ce n'est que du résultat. Et dans ce championnat, tout a une importance. » Dans les bois comme ailleurs.
(*) Fatima Camara, la gardienne internationale juniors de la réserve messine, est entrée pour les cinq dernières minutes. A Saint-Amand, Valentine Paulin n'est apparue que pour des 7 mètres (1/5).