1989, 1990, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2000, 2002, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2011, 2013, 2014, 2016, 2017, 2018, 2019, 2022, 2023. C'était le rappel des titres du Metz Handball.
Mathématiquement acquise depuis la 22ème journée, il y a cinq semaines, la 25ème pièce d'une collection unique dans le sport collectif français a été remise en mains propres ce samedi, à 22 heures précises. Elle porte l'estampe d'un championnat cannibalisé, au sens propre, par l'ensemble d'Emmanuel Mayonnade. 100 % de victoires (24/24, plus une non comptabilisée contre Bourg-de-Péage) dans un exercice sans play-offs, ce n'était arrivé qu'une fois au XXIème siècle. En 2003-2004, au temps d'Isabelle Wendling, Nathalie Selambarom et Lenka Cerna.
De nos jours, Sarah Bouktit, Chloé Valentini, Hatadou Sako (liste non exhaustive) personnifient la dynastie lorraine, dont il se murmure que même le Bayern l'envie... Et qui sait toujours comment rendre chaque couronnement inoubliable. De celui-ci, il restera pêle-mêle l'entrée des joueuses main dans la main avec les bénévoles du club, l'irruption dans leur sarabande de Chambraysiennes toutes à leur joie de finir quatrièmes au goal-average particulier, ou la gorge nouée de Noémie Barthélémy (l'une des neuf partantes) sur l'estrade, au moment de remercier public et président.
Passeuse décisive pour... Hatadou Sako, demi-centre sur un coup de folie (29-26), Bruna de Paula a tenu son rôle d'ambianceuse pendant et après son ultime rencontre à domicile. Elle a donné le prix de meilleur entraîneur de France à Emmanuel Mayonnade, deux heures après avoir reçu sa deuxième statuette de meilleure joueuse de LFH, comme en 2019-20 avec Fleury-les-Aubrais. « Appuis de feu, puissance, précision » : pour une fois, les éléments de langage énoncés au micro ne sont pas surfaits. Le fond musical « Simply the best » était autant un hommage à Tina Turner qu'aux états de service de la fille du Minais Gerais (son Etat brésilien d'origine) : 204 buts en deux saisons en jaune et bleu, d'après la compta de Thierry Weizman, des passes décisives et des un contre un incalculables, une joie irradiante de vivre et de jouer...
Après avoir chicoté comme des Lensois dans le vestiaire, avant de passer au vert – celui de Györ – à la rentrée, l'arrière gauche de 26 ans a pris cinq minutes pour faire un premier bilan de son septennat français finissant (*). Voix cassée à force de hurler de bonheur, drapeau brésilien et médaille d'or autour du cou et gobelet à moitié rempli dans la main gauche.
Championne de France, est-ce encore mieux la deuxième fois, Bruna ? Surtout quand on est la première à brandir le trophée ?
« Quand on est capitaine, ça fait plaisir, oui. Je suis très heureuse de faire partie de ce club, d'en partir avec un trophée de plus. »
Gagner tous les matches de LBE, était-ce précisément la trace que vous vouliez laisser dans son histoire ?
« Bien sûr ! Dès que je suis venue ici, je voulais marquer l'histoire du club, peu importe comment. Même si on n'a pas fini comme on voulait en Ligue des Champions, c'est fait. Etre invaincues en championnat, c'est quelque chose d'énorme. On était vraiment incroyables... C'est ça que je garde. »
Avoir le collectif, les compétences pour signer le Grand Chelem est une chose ; y parvenir, une autre. Le cours de la saison, les blessures (dont la vôtre à la cheville droite, en avril), jusqu'à la résistance de Chambray dans ce dernier match (écart maximal : +5 à la 51ème), montrent que ça n'a pas été donné...
« Ce n'est pas facile du tout. Tout au long de la saison, on doit rester concentrées à tous les matches. Des fois, on galère, mais c'est comme ça. On n'est pas des machines, on fait ce qu'on peut sur le terrain. »
A l'heure du bilan 2022-2023, impossible de dissocier le sans-faute en LBE de la cruelle élimination en Ligue des Champions (32-26, 26-33 contre Ferencvaros). Ce quart de finale reste-t-il un traumatisme ?
« On n'est pas contentes de ce résultat, c'est sûr. Mais dans la vie, des fois, il faut accepter ces choses-là. Et dans ce club, je ne garde que le positif. Aujourd'hui, on a ça (le titre national), et on doit être contentes de ce que l'on a. »
Personnellement, au bout de sept ans et quatre trophées engrangés dans l'Hexagone (**), vous sentez-vous aussi Française que Brésilienne ?
« Non, je suis toujours Brésilienne, avec une petite touche ''de France'' (Chloé Valentini, qui passait par là, lui souffle la fin de la réponse). Mais la France, c'est mon deuxième chez moi ! Je suis très contente de mon parcours. Le bilan est excellent, même si on peut toujours l'améliorer. »
Faire marquer une gardienne, en l'espèce Hatadou Sako, sur l'ultime possession samedi, était-ce la seule chose que vous n'aviez pas encore faite à Metz ? Ce coup était-il prémédité ?
« Tout de suite après le temps mort, je l'ai regardée, elle m'a regardé dans les yeux. On s'est tout de suite compris, et voilà ! On marque l'histoire de toutes les façons. Hatadou a marqué, et ça restera dans l'histoire du club. »
Comme gagner une onzième Coupe de France, un trophée que vous défendrez le 10 juin à et contre Paris...
« Ce serait la meilleure façon de finir la saison. On va tout faire pour prendre ce dernier trophée. »
(*) arrivée à Fleury-les-Aubrais en 2016, Bruna de Paula a rejoint Nantes en 2020, puis Metz il y a deux ans.
(**) championnats 2022 et 2023, Coupe de France 2022 (Metz), Ligue européenne 2021 (Nantes).