L’anglicisme crush vient d’entrer dans le dictionnaire. Définitions : coup de foudre, sentiment d’Hanna Ahlén à son arrivée à Celles-sur-Belle, département des Deux-Sèvres, en 2021. « Depuis le premier jour, je me sens comme chez moi », dit la native de Stockholm dans un excellent français. « C’est une petite ville (d'environ 4000 habitants). On connaît beaucoup de gens, c’est plus simple de trouver sa place. »
Question cadre et qualité de vie, les atomes crochus ont été instantanés. Mais l’arrière gauche de 29 ans, domiciliée dans le chef-lieu Niort (à une vingtaine de kilomètres) comme la majorité de ses équipières, concède avoir « eu besoin de cinq, six mois » pour apprivoiser notre championnat, ses spécificités. « Ici, le jeu est différent de la Scandinavie. Il m’a fallu m’adapter aux enclenchements, trouver ma place dans cette équipe. »
Grâce - notamment - à ses facultés d’adaptation, Hanna Ahlén s’est imposée comme la locomotive du HBCB. Sa leader technique, considère son entraîneur. « C’est une joueuse complète. Elle est bonne dans le jeu sur grand espace, dans la relation avec son ailière ou sa pivot. Elle peut défendre en poste 2 ou 3. Elle a énormément de qualités, un bon état d’esprit, qui correspondent aux besoins du club et de l’équipe », décrit Thierry Vincent, qui avait usé de ses réseaux scandinaves pour la recruter.
La LBE et son ambiance, elle adore
« Je ne suis pas la meilleure shooteuse de loin, pas la meilleure dans les duels, mais je peux faire un peu de tout », précise sa numéro 22. Un mix qui devrait lui faire passer la barre des 100 buts en LBE ce vendredi, chez le Brest de sa compatriote Jenny Carlsson. A trois journées de la fin, le total de la première saison française (96) est déjà dépassé.
Fille de handballeuse, tombée dans la marmite de résine quand elle avait 9 ans, au détriment du foot, Ahlén « est vraiment impliquée dans le projet du club, complimente Vincent. A tel point qu’elle a demandé au responsable des partenaires si elle pouvait l’aider... » Aller au contact du public de la Boissière (ou de l’Acclameur, à Niort, pour les grandes affiches), des bénévoles, c’est tout autant sa tasse de thé. « Quand on joue à domicile, des gens vraiment passionnés viennent nous voir. L’ambiance, c’est ce qu’il y a de meilleur en France. J’aime votre mentalité, votre passion pour le sport. On n’est pas comme ça en Scandinavie (rires) ! »
A croire que les tribunes étaient plus feutrées à Skuru, quadruple finaliste de la ligue suédoise pendant son septennat (2012-19). Ou dans les institutions des pays voisins (Aalborg au Danemark, Larvik en Norvège) visitées par la suite. En LBE, il n’y a pas que la ferveur dont cette admiratrice de Bojana Popovic et Allison Pineau fait l’éloge. « Avec la Hongrie, la Roumanie, le Danemark, c’est un des meilleurs championnats au monde. Toutes les équipes peuvent battre tout le monde. C’est ce que j’aime dans le sport de haut niveau. »
« Ici, c’est comme une famille »
Les résultats cellois cette saison nourrissent son propos. Parti sur d’excellentes bases, avec trois victoires d’affilée, le dixième du général a été capable de prendre des points contre des formations qui jouent l’Europe (nuls à Paris 92 et face à Nantes, victoire contre Chambray) comme de se rater contre des candidats au maintien (Saint-Amand, Mérignac). « C’est aussi pour ça que je veux rester un an de plus. On peut toujours faire mieux, et l’année prochaine, il faudra gagner ces matches-là. »
Ce sera l’un des fils, forcément rouges, de la saison 3 d’Hanna Ahlén à Celles-sur-Belle. Fin 2022, la néo-internationale suédoise (deux amicaux joués contre les Pays-Bas le mois dernier, dans un collectif A’) a prolongé bien avant l’expiration du contrat initial. « Je veux continuer à travailler pour être une meilleure handballeuse, mais aussi pour cette équipe, ce club, les bénévoles qui travaillent autour. Ici, c’est comme une famille. »
Brest – Celles-sur-Belle (24ème journée de LBE), vendredi 19 mai à 20h30