Au début du siècle, la place que s’était construit le St Raphaël Var Handball n’était pas négligeable et pouvait susciter des convoitises. Et puis faute d’un budget conséquent ou perdu dans des choix de recrutement plutôt hasardeux, le club a rétrogradé. Le vernis s’est écaillé et la façade en a pris un coup. L’équipe managée par Christian Gaudin puis Joël Da Silva qui avait joué les 1ers rôles jusqu’en 2018, est rentrée dans le rang, sombrant même dans le quelconque. Un parfait modèle de régularité mais à l’envers, en stagnant dans la 2ème moitié du championnat. Cette année, avec notamment l’arrivée de Vincent Gérard, devait être celle de la résurrection. Ou du moins celle où les Varois devaient faire parler d’eux. Dans le bon sens. Si le championnat devait s’arrêter cette semaine, il s’agirait de la plus mauvaise place obtenue par le club balnéaire, après... sa descente en D2 en 2005. Les Azuréens peuvent chacun dormir sur leurs deux oreilles. En gagnant suffisamment de matches, ils sont à l’abri d’une mauvaise surprise. Car cette saison, il y a plus pitoyable qu’eux ! Sélestat, Istres, Chartres, Ivry et Créteil ferment la marche. Les Varois eux, sont 11èmes mais ce vendredi soir, à Toulouse, pendant plus d’une mi-temps, la hiérarchie a été piétinée. Le Fénix, 6ème et pourtant quasiment au complet (seul Baptiste Bonnefond manquait à l’appel), a passé une 1ère période cauchemardesque. Pris à la gorge, les hommes de Danijel Andjelkovic se sont vite retrouvés aphones. Asphyxiés par un adversaire qui sans avoir plus de génie, a évolué avec plus d’envie et surtout plus de justesse. Toulouse n’avait rien à voir avec cette équipe qui depuis le début du championnat, s’était offert à domicile le scalp des Montpelliérains, des Parisiens et des Nantais. Les Varois vont montrer une pleine maîtrise et beaucoup de volonté pour établir un écart (+ 9 à la 18ème) qui même si la 1ère période était loin d’être terminée, pouvait déjà s’avérer rédhibitoire. Le remplacement de Jef Lettens par Téodor Paul (photo de tête) sera le 1er choix judicieux du coaching toulousain.
Au moment de renvoyer les deux équipes vers les vestiaires, même si la tendance ne s’était pas inversée (+ 4 en faveur des Varois), le vent ne poussait plus dans la même direction. « Jusqu’à ce 1er sursaut, conçoit le technicien toulousain, on avait été inexistant dans tous les compartiments du jeu. Je dois dire que cette situation était inconfortable et je ne pouvais pas la supporter. » Alors, à la pause, dans le huis clos de quatre murs du Palais des Sports, le meilleur technicien de la saison passée, pourtant d’un naturel en apparence si caIme, a poussé une gueulante. Le ton est resté monocorde mais les mots ont porté. « Je ne pouvais pas me satisfaire de ce que les gars avaient montré. Dès que la porte (du vestiaire) s’est refermée, j’ai exprimé tout ce que j’avais sur le cœur. Je dois dire que cela ne m’arrive pas souvent mais j’ai haussé la voix. Cela n’a duré que quelques minutes mais sincèrement, elles étaient nécessaires. Je me suis vite projeté sur la suite pour organiser ce qui pouvait ressembler à une riposte. » Il faudra pourtant huit minutes aux Toulousains pour enfin rejoindre leur adversaire au tableau d’affichage. Et 11 de plus (49ème), pour enfin le dépasser. « Un écart de 9 buts en notre défaveur, cela demande beaucoup d’investissement physique et mental. C’est normal, qu’à un moment, il y ait une baisse de régime. En 1ère période, on a quand même pris huit buts sur le jeu de transition et nous n’en avons inscrit que cinq. Derrière, il a fallu montrer beaucoup de solidarité et de caractère. » Les dix dernières minutes seront toutefois, invivables. Les Varois qui auraient pu s’écrouler, vont maintenir la pression et ne céder que dans les toutes dernières secondes. « Je pense qu’il n’y a pas si longtemps, nous n’aurions pas remonté un tel handicap, insiste le coach serbe. Nous approchons de la fin du championnat. On peut encore gagner une ou deux places. On va à Chambéry (prochaine journée) et Nîmes va devoir aller à Nantes (la semaine suivante). Tout ne dépend pas que de nous. Mais justement, on ne va se focaliser que sur nous afin de n’avoir aucun regret. Avec ce qu’il reste à jouer, on peut réaliser la meilleure saison de l’histoire du club. » Pour St Raph’, la pilule est dure à avaler. D’autant que le dernier succès (face à Chambéry) remonte au 25 mars dernier. A la décharge d’Adrien Di Panda et ses partenaires, sur cinq journées, ils ont cédé face à cinq adversaires du top 8.
Saint Raphaël... l'apéro a du mal à passer !
Si Benjamin Braux a hérité depuis juillet dernier d'une succession qui n'est pas facile à (di)gérer, le technicien qui a signé un contrat avec le club azuréen jusqu'en 2025, est déterminé à relever un challenge bien identifié: redonner au SRVHB, ses lettres de noblesse et surtout plus de constance dans ses résultats. Cela passe par de "bons coups" en matière de recrutement et une confiance non démentie et de plus en plus avérée aux éléments qui font partie du centre de formation raphaélois. Comme ce vendredi, présents à Toulouse, Antoine-Xavier Armani, Noah Kouadio (le capitaine par intérim des U19 France) et Martial Caïs.
Y'a-t-il de quoi avoir des regrets sur le déroulement de ce match ?
C'est sûr que quand tu mènes de 9 buts en moins de 20 minutes, tu es sur un petit nuage mais on savait bien surtout face à Toulouse, qu'on ne pourrait pas tenir ce niveau-là tout le temps. A mon sens, ils reviennent un peu trop vite. Et petit à petit, ils ont su renverser psychologiquement la tendance.
Le jeu des rotations a-t'il été moins bien utilisé de votre côté ?
C'est délicat. C'est justement quand on fait tourner, qu'ils reviennent un petit peu. En 2ème période, il faut reconnaître qu'ils ont bien usé leur jeu à 7, on rate trois buts "faciles" et Teodor Paul fait une entrée qui à mon sens, fait basculer le match, surtout quand on aurait pu reprendre le fil. On a eu des occasions, on n'a pas su être tueur à ce moment-là. On a un peu trop regardé derrière nous, quand Toulouse, était lui, projeté vers l'avant. +9 face à Toulouse à moment donné, peu d'équipes sont capables de les mettre à mal de cette façon.
Le club est à la recherche d'un second souffle. Que faudrait-il pour retrouver le St Raph' qu'on a connu ?
Les temps changent et de nouvelles équipes ne nous ont pas attendus pour avancer. Il y a eu une certaine homogénéisation du championnat. St Raph' est en reconstruction, il faut aussi regarder d'où on part et surtout, où on veut aller.
Est-ce que cela passe aussi par la formation ?
Je ferai remarquer que nous ne jouons qu'avec trois étrangers. La formation, cela reste une constante à intégrer progressivement dans l'équipe. Paschal (ci-dessus) en est l'exemple parfait. Ce soir, il nous manquait Mapu, j'ai aussi utilisé Caïs et Armani. On essaie de donner un peu de temps de jeu à tout le monde.
Sait-on se donner du temps à St Raphaël ?
Si on veut... reconstruire, il va falloir aussi, savoir se donner du temps.
Sincèrement, cette actuelle 11ème place, ce n'était pas l'objectif de cette saison ?
C'est sûr. Il faut aussi analyser tous les paramètres. Situer notre budget dans la hiérarchie actuelle (9ème budget de Starligue). On va dire qu'aujourd'hui, on est dans le wagon 7-11, on n'est pas en tête de ce wagon et l'année prochaine, il faudra tenter de l'être.
Vous avez réussi de bons coups avec l'arrivée de Gérard, de Robin, la stratégie va-t-elle changer ?
L'effectif de l'an passé a quand même subi pas mal de changements (7 départs et l'arrêt de Xavier Barachet compensés par 7 arrivées). On a procédé aussi à un rajeunissement de l'équipe avec un nouveau demi-centre (Sergio Perez - photo ci-dessous) qui a 22 ans, il faut lui laisser le temps de s'aguerrir pour qu'il prenne la mesure de notre championnat.
Le diaporama de Toulouse - Saint Raphaël par Yves Michel