Nathan Brouzet (photo de tête) a fêté ses 20 ans en début d’année. Ce samedi, sous le regard attentif d’Hugo (le frangin, pivot de Chambéry) et de ses parents Olivier et Valérie (tous deux anciens sportifs de haut niveau dans le rugby et le hand), le gamin a tiré vers le haut ses potes du Bruges 33 handball, leaders de leur poule et candidats bien placés à la montée en N1. Ils sont tombés sur la lanterne rouge, L’Union (banlieue toulousaine) qui s’est battue jusqu’à l’ultime seconde pour arracher le partage des points (24-24). Un léger accroc pour des Girondins qui en sept mois ont aligné 15 succès, 2 défaites et donc un 2ème nul. La veille, Nathan, le crâne rasé en signe d’adoubement, avait accompagné à Nancy, l’équipe pro du BBL. Alors ce samedi, il a essayé de montrer l’exemple mais à cause d’un ensemble un peu trop suffisant et peut-être émoussé, beaucoup de maladresses, des gardiens sur courant alternatif, les Brugeois ont perdu (sans trop de conséquences) un point sur leur rival immédiat pour la montée. « C’est sûr, on a une étiquette dans le dos conçoit le coach Alexandre Go, on est 1er et évidemment ça donne des sources de motivation supplémentaire à l’adversaire qui est plus mal classé. Ce que je retiens tout de même c’est le cœur qu’on met dans l’échange mais ce samedi, L’Union a largement mérité ce résultat. » Une simple piqûre de rappel pour éviter de s’installer dans un certain confort et que la fin de saison et surtout l’accession ne soient pas considérées comme acquises. « Nos contreperformances sont à la suite d’une bonne série, il y a encore quelques efforts à accomplir sur des confrontations à notre portée pour atteindre l’objectif, cela crée donc un certain relâchement. » Justement, il ne reste aux Brugeois qu'à bien gérer la période à venir. Il ne leur manque qu'un succès à valider sur les trois dernières rencontres du calendrier pour assurer l'accession à l'étage supérieur. Avec en ligne de mire une prochaine saison, où même si le niveau est plus élevé, le technicien (ancien joueur de St Gratien Val d’Oise et Pontault-Combault) compte exploiter sa pépinière de jeunes talents. « La formation fait partie de l’ADN du club et notre rôle 1er est d’amener chaque joueur à son plus haut niveau à la fin de la saison. On est aussi en étroite relation avec le pôle (une grande partie des moins de 18 de Bruges y est pensionnaire) sur le suivi du joueur. »
Issus en grande majorité du cru local, les joueurs de Bruges dont Nathan suivent avec intérêt ce qui se passe au-dessus de leur tête. Dès le départ, ils ont pleinement adhéré au projet de création d'un club professionnel vitrine d'un handball girondin voire même aquitain qui depuis 30 ans cherche sa voie et sa notoriété. Les dernières péripéties qui ont affecté le BBL n'étaient pas rassurantes mais l'espoir demeure. Car pour tous ces minots, l'existence même d'une unité d'élite pourrait enrayer la fuite hors des frontières de la région. Pour peu qu'ils soient pétris de talent, ceux formés sur place notamment au Pôle de Talence dirigé par Patrick Passemard n'ont aucun mal à s’exporter. Maxime Gilbert (Toulouse) Xavier Moreau (passé par Toulouse, Limoges et revenu depuis deux ans au BBL), O'Brian Nyateu (Nantes, Nîmes, Dunkerque), Johannes Marescot (Chambéry, St Raphaël), Julien Bos (Montpellier et bientôt Nantes) ou plus récemment la pépite de 20 ans Imanol Carrère (Ivry) ne sont que la personnification de ce phénomène migratoire. « C’est pour cette raison, enchérit Alexandre Go (photo ci-dessus), que je suis à fond dans l’idée du projet de grand club. C’est aussi important en termes de maillage social pour que les gamins du coin puissent rester sur place. Après, si on forme des talents et qu’ils soient recrutés par le PSG, Nantes ou Montpellier, on sera très content pour eux. Si on peut leur donner l’opportunité de vivre leur passion en tant que pro dans leur environnement, avec la famille à proximité, c’est une belle proposition. » Sauf que ce qui apparaissait comme une bouffée d’air frais dans une région qui jusqu’à l’an passé, n'abritait aucune structure professionnelle masculine, a donc des difficultés à exister et à recueillir l’assentiment de tous les élus qui pourraient être concernés. Récemment, le BBL s’est vu retirer 4 points par la LNH pour avoir présenté des "invraisemblances" dans son budget. Il manque du financement, c'’est sûr et la menace d’une liquidation judiciaire plane sur le BBL. Au grand désarroi de Nathan, de ses potes et de leur entraîneur. « Rien n’est perdu mais si cela devait mal se terminer, ça serait triste pour les gamins. Je coache aussi les moins de 11 de Bruges, il y en a une cinquantaine, ils sont à la limite plus accrochés que nous au projet. Tous les vendredis de match, ils participent vaillamment à l’ambiance à Jean Dauguet.» Dans une globalité de plus en plus difficile économiquement, le modèle ne doit-il pas être remis en cause ? Dépoussiéré ? Bousculé ? « Je vois qu’au niveau de l’UBB (le club pro de rugby de Bordeaux-Bègles) il y a un réel engouement avec une vraie force de proposition et je me dis que la survie passe peut-être par la mutualisation des moyens. Je pense que n’importe quelle région serait derrière le sport et notamment le handball si le hand au départ, était moins dans la demande mais plus dans l’innovation. Ce qu’a fait Limoges en fédérant un réseau de partenaires, est aujourd’hui une vraie force. Il faut fédérer pour construire plus que pour survivre. » Alors la belle idée du BBL… chimère ou réalité ? Nathan lui, avec l’insouciance de ses vingt ans compte bien porter le maillot grenat encore quelques saisons et qui sait, marcher dans les traces de son grand frère.
Le gardien Lucas Pégurier-Boiron, un des tout meilleurs sur son poste en N2 masculine, est souvent utilisé par Philippe Gardent en appoint dans le groupe du BBL en Proligue.